Au nord de Marseille, la centrale de Provence mène une difficile transition du charbon vers la biomasse. L’usine prévoit d’engloutir une quantité astronomique de bois, dont la moitié proviendrait de coupes forestières françaises. Soutenu par le Ministère de la Transition écologique et les autorités locales, le projet est engagé dans un bras de fer judiciaire face aux associations environnementales.
Avec sa cheminée haute de 297 m et ses deux tours aéroréfrigérantes, la centrale de Provence est un monument de l’ère du charbon. Alimentée par du minerai local puis importé, elle fournit jusqu’à 595 MW au réseau électrique depuis 1953. Aujourd’hui, le site peine à réaliser sa transition vers un combustible plus respectueux de l’environnement. Son unité biomasse de 150 MW à lit fluidisé circulant, mise en service en 2018, soulève en effet quelques questions environnementales. Pour fonctionner, elle doit engloutir 850.000 tonnes de bois chaque année selon un plan d’approvisionnement controversé.
Importer du bois ou défricher les forêts locales
Si la centrale importe aujourd’hui 50 % de son combustible de l’étranger (des plaquettes forestières principalement du Brésil), elle prévoit de consommer 100 % local d’ici 10 ans. Le reste du mix est composé de résidus de bois, déchets verts et de 10 % de matière fossile (charbon ou fioul) nécessaire au démarrage de l’unité et au maintien de la combustion. Cet objectif s’oppose aux associations environnementales, qui redoutent une déforestation sous la pression exercée par la gloutonnerie du site.
Elles estiment que l’étude d’impact, portant sur un périmètre de 3 km autour de la centrale, ne permet pas de considérer ses effets indirects tels que le déboisement. Ainsi, en 2017, un jugement avait annulé l’autorisation préfectorale de l’unité biomasse en attendant une étude d’impact élargie. Une décision immédiatement contrecarrée par une nouvelle autorisation provisoire d’exploiter, puis un « sursis à l’exécution » prononcé en 2018 suit à l’appel de son propriétaire (à l’époque Uniper, aujourd’hui Gazel Energy, filiale de l’énergéticien tchèque EPH) et du Ministère de la Transition écologique.
À lire aussi Biomasse : près de Marseille, une centrale au bois fait polémiqueLes poursuites mal engagées
L’affaire semble peu favorable aux six associations et syndicats écologistes encore engagées. Les parcs naturels du Luberon et du Verdon ainsi que l’antenne locale de France Nature Environnement se sont désolidarisées du recours, sous les menaces d’arrêt des subventions du président de la région PACA Renaud Muselier. La dernière audience du 13 décembre 2020, relatée par le média local Marsactu, ne va pas dans leur sens. Le rapporteur public considère en effet que seuls les impacts directs de la centrale, comme la pollution locale et les nuisances sonores, doivent être pris en compte. Il demande ainsi une annulation du premier jugement.
En attendant la décision qui sera rendue en janvier 2021, les opposants préparent la suite de leur procédure. Ils redoutent une nouvelle autorisation préfectorale si le prononcé du tribunal leur est favorable. À travers leurs avocats, ils ont notamment proposé à la cour de saisir la justice européenne. Selon l’issue, les associations ne s’interdisent pas de poursuivre leur action auprès du Conseil d’État.
Au-delà de l’approvisionnement en bois, l’unité biomasse de la centrale de Provence doit aussi convaincre sur d’autres problématiques. Depuis son lancement il y a 4 ans, elle n’a jamais fonctionné à son régime nominal en raison de soucis techniques récurrents et des mouvements de grève de son personnel inquiet. Des nuisances sonores complexes ont également été relevées par les riverains. Par ailleurs, l’usine n’est aujourd’hui plus considérée comme indispensable selon le gestionnaire du réseau électrique national RTE.
À lire aussi La micro-centrale hydroélectrique de Velaux, berceau d’une électricité propre, citoyenne et ultra-locale
les données du Citepa donne une diminution de 30% des capacité de captage du CO2 de nos forêts de 2008 à 2019 . Dans la même période la consommation de granulé à été multiplié par 10 …. ne pas reproduire nos erreurs d’ hier : nous vivons dans un monde fini, toute ressource à ses limites
L’option d’importer du bois d’ Amazonie est à proscrire
D’après l’ADEME la production de bois soutenable en France est de 20 millions de m3 par an. Les 850000 m3 du projet Gardanne représentent moins de 5% de ce volume. Ce type de projet ne peut fonctionner qu’en collectant son combustible – principalement des déchets de scierie ou d’autres sous-produits de l’exploitation du bois – dans un rayon de 100 km environ. La crainte du déboisement est une jolie galéjade propagée par des associations qui savent bien toutes les contraintes administratives qui s’imposent aux exploitants forestiers. On est bien plus dans l’habituelle logique de décroissance qui pousse à s’opposer aux… Lire plus »
Une gestion catastrophe de pastèques en mal de reconnaissance écologique.
Comme cela nous allons droit dans le mur.
Y a t’il encore des gens normaux qui savent réfléchir et calculer sans utiliser les maths modernes.
Ce qui se passe actuellement sur le compte de l’écologie dépasse l’entendement, c’est tout et n’importe quoi, sauf réfléchi.
JF
Dit comme ça, évidemment. Il y a une belle unanimité chez les lecteurs. Mais je me souviens lors d’une visite d’arboretum des Eaux et Forêts, que le technicien nous avait dit surtout de ne pas craindre l’utilisation du bois : depuis le XIIIe s. les cultures régressent et la forêt progresse en France. Elle est très bien gérée…et même avec une surproduction par rapport à la demande. Ca ne me choque pas d’utiliser les déchets de bois, plaquettes si les 150 MW représentent une bonne part de la consommation d’Aix en Provence. Surtout si notre production de bois « de culture »… Lire plus »
Cher JP64 Gigantisme et biomasse n’ont jamais fait bon ménage et ce sera toujours le cas et ce pour des raisons multiples: Produire 150 MWe d’électricité ça passe obligatoirement par de la vapeur et la turbine qui va bien derrière, le tout produisant sous, en étant optimiste, 25% de rendement (hors consommation des auxiliaires pour préparer le bois). Ridicule ! Sans parler des quantités d’eau fraiche nécessaires pour alimenter le condenseur !! Voir les problèmes du nucléaire dés que la température grimpe. Produire 150 MWe avec de la biomasse, ça nécessite un cercle de récolte du combustible proche de 250… Lire plus »
Le seul vrai puits de carbone, c’est un trou géant (qui reste à creuser!) dans lequel on va jeter des millions de tonnes de bois provenant de forêts bien gérées avec coupes non « rases », trou qui sera ensuite bouché et abandonné définitivement aux forces telluriques. Si tout va bien, dans 500 millions d’années il y aura un peu de charbon à la place du bois, pour les générations très très futures!
Halte aux cheminées industrielles qui fument, surtout si des alternatives existent.
« Les parcs naturels du Luberon et du Verdon ainsi que l’antenne locale de France Nature Environnement se sont désolidarisées du recours, sous les menaces d’arrêt des subventions du président de la région PACA Renaud Muselier » : si cette information est exacte, elle relève des tribunaux (abus de pouvoir, chantage, pression, discrimination à caractère politique). C’est étonnant que la presse ne soit pas plus virulente sur cette affaire, et que les avocats de ces associations ne soient pas montés au créneau. Les centrales au bois semblent être une bonne solution à des échelles cohérentes (chauffage collectif, réseau de chaleur de petites… Lire plus »
A mon avis, cette idée d’utiliser le bois pour produire de l’électricité ou pour chauffer des immeubles est un désastre écologique sans précédent. En ville, alors qu’on va enfin commencer à se débarrasser des moteurs diesels, voici que fleurissent des cheminée fumantes gavées de particules et des gaz mortifères. C’est Londres 1860. Maintenant, d’aucuns brulent du bois pour produire de l’électricité… Pour réduire les émissions globales de CO2 tout en utilisant de l’énergie carbone, les arbres doivent être sur pied et en pleine croissance! Il faut bruler le carbone sous-terrain, planter des milliards d’arbres et ne jamais jamais jamais les… Lire plus »
Brûler le carbone sous-terrain ? C’est exactement l’inverse de ce qu’il faut faire pour réduire le CO² !
Et un arbre qui n’est JAMAIS coupé va atteindre sa taille finale et ne séquestrera plus de carbone, il faut au contre les couper et les utiliser pour faire des meubles et des maisons, et replanter les arbres coupés.
Je change la phrase : Pour réduire les émissions globales de CO2 si et seulement si il est impératif d’utiliser de l’énergie carbone, les arbres doivent être sur pied et en pleine croissance!
Evidement, je préfère l’énergie hydraulique, solaire et éolienne.
D’autre part, l’arbre mort enfouit le carbone. Pour faire un raccourcit, le pétrole est un arbre mort il y a bien longtemps.
Oui c’est un non sens total, utilisons le solaire sur les toits et l’éolien
https://www.librinova.com/librairie/jean-charles-piketty/stopper-le-rechauffement-climatique-propositions-concretes-1