Le nucléaire n’est pas la seule énergie à pâtir des fortes chaleurs. La centrale à cycle combiné gaz de Martigues (Bouches-du-Rhône) est elle aussi contrainte de brider plus de la moitié de sa puissance. En cause : la température trop élevée de la mer Méditerranée.
Qu’elles soient nucléaires, à charbon, au gaz, bois, fioul ou géothermiques, les centrales thermiques partagent le même principe de fonctionnement. Une source de chaleur génère de la vapeur qui entraine une turbine, puis un générateur électrique. Une fois exploitée, la vapeur d’eau doit être condensée pour regagner sa forme liquide. Il est donc nécessaire de la refroidir.
Pour cela, les centrales peuvent utiliser l’air ambiant, à travers des tours aéroréfrigérantes et/ou une source d’eau comme une rivière, un lac, un fleuve, la mer ou l’océan. Naturellement, ce processus génère des rejets d’eau chaude dans l’environnement. Afin de limiter les impacts sur la faune et la flore, chaque centrale doit respecter des seuils de température fixés par les autorités.
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La centrale nucléaire du Bugey (Ain) est par exemple autorisée à rejeter de l’eau ne dépassant pas de 7°C celle du Rhône, avec une température aval maximale de 26 °C de mai à septembre et de 5°C (température aval maximale de 24 °C) le reste de l’année, selon un document EDF.
Ces limites ne sont hélas plus adaptées aux épisodes répétés de fortes chaleurs. Ainsi, plusieurs centrales nucléaires ont récemment bénéficié de dérogations afin de poursuivre leur production, les cours d’eau étant trop chauds et l’énergie manquant.
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Les règles s’appliquent également aux centrales « à flamme », qui fonctionnent au gaz, charbon ou fioul. Depuis le 19 juillet, la centrale à cycle combiné gaz (CCG) de Martigues dans les Bouches-du-Rhône doit abaisser d’environ 50 % la puissance de ses deux tranches (2 x 465 MW). EDF, l’opérateur du site, avance des « causes externes liées à l’environnement ».
Selon Thibault Laconde, un ingénieur spécialiste de l’énergie et du climat, il s’agirait d’une conséquence de la canicule. « L’eau de la Méditerranée est trop chaude », explique-t-il sur son compte Twitter. Située en bord de mer, la centrale CCG de Martigues serait autorisée à rejeter de l’eau à une température maximale de 30 °C. Pour respecter cette limite lorsque les turbines fonctionnent à plein régime, l’eau puisée dans la mer ne devrait pas dépasser 25,5 °C, explique l’ingénieur.
Depuis hier midi, la centrale au #gaz de Martigues-Ponteau (930MW) réduit sa production de moitié pour "cause externe liée à l'environnement".
C'est en fait une conséquence de la #canicule : l'eau de la Méditerranée est trop chaude.https://t.co/gORWeyzpDH pic.twitter.com/melUM01ezq— Thibault Laconde (@EnergieDevlpmt) July 20, 2022
Or, la Méditerranée oscille entre 24 et 27 °C actuellement sur le littoral français. « On en parle peu mais en ce moment la mer Méditerranée est en surchauffe sur tout son bassin » assure également, carte à l’appui, le météorologue Paul Marquis.
La centrale CCG de Martigues n’a donc pas d’autre choix que de réduire sa puissance pour limiter la température de ses rejets. Nous ignorons les conséquences de ce bridage sur l’approvisionnement électrique de la région Sud, à une période où les climatiseurs sont massivement utilisés. Avec 930 MW, le site EDF de Martigues représente le moyen de production d’électricité le plus puissant de la région.
24°C, c’est la température de la Méditerranée en surface. Pourquoi n’ont-ils pas eu l’idée de prélever de l’eau en profondeur? A simplement 20 ou 30m de profondeur on doit être aux alentours de 10°C ou guère plus.
Je pense exactement la même chose ! Une simple question de coûts (investissement + entretien) comme d’habitude, tant pis si la Nature en trinque (et nous avec !)