Image de synthèse du Polar Pod.
Il ne ressemble en rien à un bateau, pourtant s’en est un. Le Polar Pod est un navire scientifique destiné à analyser l’océan Austral en toute autonomie et sans émissions polluantes. Battant pavillon français, le vaisseau doit être assemblé en 2022 pour une mise à l’eau l’année suivante.
Des milliers de satellites scrutent notre planète, l’humanité en a foulé le moindre kilomètre carré, pourtant la Terre conserve toujours une grande quantité de mystères. À l’extrême sud, la dynamique de l’océan Austral et de son puissant courant circumpolaire reste à élucider. Les échanges de CO2 entre l’eau et l’air n’y sont pas parfaitement connus et sa biodiversité recèle quelques secrets. Voici les missions du Polar Pod, un navire scientifique hors du commun conçu par le célèbre explorateur Jean-Louis Étienne.
Un bateau immergé à plus de 80%
Contrairement à ce que les visuels laissent imaginer, il ne s’agit pas d’une plateforme mais d’un bateau vertical. Sur ses 90 m de longueur, 75 sont immergées. Il sera maintenu en position par 150 tonnes de ballast, de l’eau de mer simplement pompée vers son extrémité inférieure. Le vaisseau doit être construit durant l’année 2022 et son lancement, depuis Port Elizabeth en Afrique du Sud, prévu pour 2023.
Il accueillera toute une panoplie de capteurs, principalement destinés à récupérer un maximum de données sur les profondeurs. Au-dessus de la surface, la nacelle offrira un espace de vie et de travail à 7 personnes, relayées tous les 2 à 3 mois. Malgré ses 1000 tonnes, l’engin sera uniquement alimenté par des énergies propres et gratuites. Il se laissera porter par le courant circumpolaire et puisera son électricité grâce à trois éoliennes de 3 kW.
À lire aussi Le projet OceanCleanup se jette à l’eauPlus lent qu’un piéton
Deux batteries de 50 kWh stockeront l’énergie destinée aux occupants. Pour éviter tout risque de collision avec un iceberg ou dérive incontrôlée, le Polar Pod se dote également d’une double voilure de 260 m². Il pourra également compter, en dernier recours, sur deux groupes électrogènes de 20 et 200 kW. Ces derniers doivent fournir la puissance nécessaire à un propulseur de secours, au système de déballastage et à la grue de ravitaillement.
À une vitesse deux fois plus lente qu’un piéton (1 nœud soit 1,8 km/h), le Polar Pod bouclera son tour de la Terre en environ 2 ans. Au terme d’une année d’essais en mer, l’étonnant navire scientifique entamera ses recherches entre 2024 et 2026.
Commentaires
C'est un iceberg artificiel. La partie émergée est peu de choses par rapport à ce qui est caché!
Projet vraiment original, à l'opposé des navires océanographiques, lesquels ont aussi des atouts indéniables, au premier rang la possibilité de ravitailler le polarpod!
JL Etienne est vraiment un homme extraordinaire. envoyer au-delà des 50èmes hurlants un "bateau" sans moteur (quasiment) c'est incroyablement osé. et sans doute bien calculé par rapport à la dynamique des vents et courants. L'immobilisme de l'engin par rapport à l'eau et son silence lui permettront d'entrer en contact rapproché avec la faune qui ne percevra même pas sa présence.
On a du mal à imaginer ce qu'est la partie immergée