Le siège de Photowatt à Bourgoin-Jallieu / Image : Google Street View.
La filiale d’EDF Renouvelables, Photowatt, l’un des derniers fabricants français de composants photovoltaïques, cessera définitivement son activité. Cette annonce marque la fin d’une histoire débutée en 1979 à Bourgoin-Jallieu (Isère) et illustre les difficultés persistantes de l’industrie solaire en France, laminée par la concurrence chinoise.
Et la lumière s’éteint chez Photowatt. L’entreprise productrice de panneaux solaires a fermé ses portes. Elle enregistrait un déficit structurel de 20 à 30 millions d’euros par an, malgré les investissements réalisés par EDF depuis son rachat en 2012 pour un euro symbolique. À l’époque, l’entreprise avait été sauvée sous la pression du gouvernement de Nicolas Sarkozy.
Mais ces efforts n’ont pas suffi à rendre Photowatt viable. « La société n’a pas su trouver son équilibre financier sur le long terme, notamment dans un contexte de marché mondial extrêmement compétitif », a déclaré un porte-parole d’EDF Renouvelables à PV Magazine. L’usine, qui produisait des wafers (plaquettes de silicium) destinés à la fabrication de cellules photovoltaïques, ne pouvait pas rivaliser avec la production de masse chinoise. La suppression des droits de douane sur les panneaux chinois en 2018 a encore accentué le déclin de la filière européenne.
À lire aussi Bientôt un label pour les panneaux solaires made in France ?Un espoir déçu avec le projet de méga usine Carbon
Depuis plusieurs années, EDF Renouvelables cherchait un repreneur. Le dernier en date, la start-up Carbon ambitionnait de transformer l’usine pour en faire un site d’assemblage de panneaux solaires, avec un investissement annoncé de 40 millions d’euros.
Mais ce projet n’a pas convaincu les salariés. Le Comité social et économique (CSE) a émis un avis défavorable, estimant que le financement du projet n’était pas garanti. Dans un communiqué, le syndicat Force Ouvrière a dénoncé un plan reposant « uniquement sur des financements externes non conclus et donc non garantis ». Carbon a finalement renoncé en novembre 2024, invoquant des obstacles techniques et un désaccord avec EDF sur le report de l’acquisition.
Échange tendu à l’Assemblée nationale
Mardi 28 janvier, Alexis Jolly, député de la 6ᵉ circonscription de l’Isère, a interpellé le ministre de l’Industrie et de l’énergie Marc Ferracci à l’Assemblée nationale. Il a dénoncé « les gouvernements successifs dont vous êtes les continuateurs », les accusant d’avoir « totalement abandonné Photowatt à la merci de ses concurrents asiatiques ».
Le ministre a répondu qu’il était attristé par la fermeture de Photowatt, mais a rejeté la responsabilité sur les salariés : « Je suis attristé parce que j’ai suivi de près les discussions qui ont eu lieu avec l’entreprise Carbon. Ces discussions ont échoué, mais ce n’est pas la faute de l’État. C’est l’opposition des salariés qui a fait échouer le projet lui-même ».
Ces déclarations ont suscité une vive réaction. Le lendemain, la section locale du Parti socialiste de Bourgoin-Jallieu a dénoncé « des propos purement scandaleux et inadmissibles de la part d’un ministre », rejetant toute responsabilité sur les salariés. Le PS a estimé que « les seuls responsables sont les gouvernements qui se sont succédé depuis 2017 », affirmant que si EDF avait réellement investi dans le développement de sa filière photovoltaïque, « le résultat ne serait pas celui-ci ». Le parti a exigé des excuses publiques de la part du ministre.
162 employés licenciés de cette usine comptent désormais sur le plan de sauvegarde de l’emploi et être reclassés au sein d’EDF ou percevoir des indemnités de départ.