Les turbines à combustion EDF de Brenillis (Finistère) / Image : Mairie de Brenillis.
Et si les puissantes turbines à combustion d’EDF fonctionnaient bientôt à l’huile végétale, ou plus exactement au biocarburant, plutôt qu’au fioul ? C’est en tout cas ce que vise l’énergéticien pour décarboner une partie de ces centrales, dont la seule mission est de réagir immédiatement pour équilibrer le réseau électrique. Un premier essai mené sur la turbine à combustion (TAC) de Brennilis, au début du mois, se montre prometteur.
Depuis 2021, EDF cherche à déterminer comment décarboner ses centrales thermiques pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Face à cette tâche qui s’annonce complexe, l’énergéticien français a déjà commencé les expérimentations en substituant partiellement le charbon de la centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique) par de la biomasse. Le 5 juillet dernier, les équipes d’EDF ont franchi une nouvelle étape en faisant fonctionner la turbine à combustion de 125 MW de Brennilis (Finistère) à partir d’un biocarburant, à savoir le HVO, à la place du fioul domestique.
Le HVO, ou Hydrotreated Vegetable Oil, est un bioliquide obtenu à partir d’huile végétale présentée comme durable ou du retraitement de déchets comme les graisses, huiles de cuisson et autres huiles résiduelles. Ce biocarburant repose sur le même fonctionnement que la biomasse : lors de sa combustion, il rejette dans l’atmosphère le CO2 emmagasiné par les végétaux et les animaux, dont il est issu, au cours de leur vie. On parle ainsi d’un cycle de carbone « court ».
À lire aussi Et si la France lançait 22 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2050 ?Fort de ce premier succès qui a permis de vérifier la faisabilité technique et environnementale de cette opération, les équipes vont désormais pouvoir se concentrer sur un nouvel essai de plus longue durée. Il faut savoir qu’une centrale TAC consiste en une turbine très semblable à un réacteur d’avion, qui entraîne un générateur électrique. Un changement de combustible ne peut donc pas se faire sans réaliser de minutieuses études au préalable. Par ailleurs, ces turbines à combustion ne fonctionnent qu’une centaine d’heures par an, essentiellement en hiver, afin de répondre rapidement aux pics de consommation.
Les centrales thermiques, incontournables pour assurer le suivi de charge ?
Si le nucléaire et les énergies renouvelables sont aujourd’hui les meilleures solutions pour obtenir une électricité bas-carbone, leurs spécificités techniques les rendent peu adaptées à un suivi de charge extrêmement réactif, c’est-à-dire à l’ajustement de la production électrique en fonction des besoins en quelques minutes.
Ce suivi de charge est aujourd’hui principalement effectué par les installations hydroélectriques (en particulier les STEP) et les centrales thermiques, TAC et CCG en premier lieu, qui sont très rapides à démarrer. L’enjeu de la décarbonation des centrales thermiques est donc essentiel pour EDF afin de garantir le bon fonctionnement du réseau électrique français tout en réduisant les émissions. Néanmoins, selon le gouvernement, la biomasse devra conserver un rôle d’appoint pour ne pas bousculer l’équilibre fragile sur lequel elle repose.
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Commentaires
Ne faut-il pas se poser la question de programmer le ferraillage complet de ces centrales, somme toute polluante localement...
En remplacement des dizaines (voir centaines ou milliers suivant la taille) de Groupes électrogènes (alimentés avec des Agrocarburants pour une bonne part) dont la répartition et la localisation peut varier dans l'année sur le territoire français voir Européen en fonction des besoins et des urgences (impact de tempêtes notamment ! - Cf 1999 et les zones ayant mis plusieurs semaines à être reconnectées !).
De plus, ces générateurs pouvant notamment être répartis le long des autoroutes pour les chassés-croisés des vacances. Ces périodes risquent de mettre à risque localement les réseaux électriques (qui ne seront pas forcément dimensionné pour des Appels de puissance prolongés) ainsi que les temps de recharge des VE (en comptant attente + recharge) ce qui peut entraver leur développement...
Pour les lieux de connexion de ces groupes, les points d'injection de certains parcs éoliens semblent idéals (pas besoin d'injection lors de la production massive des éoliennes et à l'inverse un renforcement d'injection lorsque les éoliennes produisent peu est souhaitable, cela mutualiserait certaines équipements pour RTE et la maintenance à distance est faisable. Tous les producteurs d'électricité pourraient se voir ainsi "contraint" de collaborer au bon fonctionnement du réseau, EDF comme les propriétaires d'éoliennes durant certaines périodes. De plus cela génèrerait des "business model" potentiellement différent, notamment sur la "transhumance" des Groupes électrogènes en été !
On n'est pas prêt de faire disparaitre les groupes de secours non plus en bien des places, mais on peut en optimiser l'utilisation annuelle d'une grosse "flotte" de Groupes électrogènes pour plus de sécurité "Réseaux" pour tous...
Ce serait une bonne nouvelle si l'électricité était facturée au prix de l'huile de friture et pas à celui du gaz.