La centrale au charbon Datteln 4 (Allemagne) en construction fin 2008 / Image : Tbachner - Wikimedia.
Les parcs éoliens et centrales solaires se multiplient, mais les centrales à charbon aussi. Du moins, en Chine et en Inde, respectivement premier et troisième plus gros consommateur d’électricité au monde. Ces centrales extrêmement polluantes permettent à ces pays de répondre rapidement à leurs besoins croissants en électricité, mais également à écouler le charbon que la Chine produit.
On vous en parle ici au quotidien : les énergies renouvelables se développent à grande vitesse. Pas une semaine ne passe sans qu’un nouveau parc éolien, une nouvelle centrale solaire, ou une innovation dans le domaine des renouvelables ne voit le jour. Des records de production à partir d’énergies renouvelables sont régulièrement battus, en particulier en Europe, et le recours aux énergies fossiles pour la production d’électricité est de moins en moins fréquent.
Et pourtant, un rapport publié par le Global Energy Monitor vient remettre en question l’un des narratifs de la transition énergétique planétaire. En 2023, si l’équivalent de 21,1 GW de centrales à charbon ont été mises hors service, on dénombre pas moins de 69,5 GW de nouvelles centrales branchées sur le réseau ! Et ce chiffre ne fait pas valeur d’exception, puisque, depuis 2000, la puissance totale des centrales à charbon dans le monde est passée de 1 068 GW à 2 079 GW. Un chiffre alarmant qui pose question sur les véritables efforts faits à travers le monde sur le sujet.
La Chine et l’Inde ruinent les efforts du reste du monde
En y regardant de plus près, on constate rapidement que la répartition de ces nouvelles centrales à charbon dans le monde est très inégale. Dans les pays historiquement développés, comme l’Europe et les États-Unis, la tendance est même clairement à la baisse. Si, en 2000, l’Europe comptait 164,1 GW de centrales à charbon, ce chiffre est passé à 107,1 GW en 2022. Du côté des États-Unis, le constat est encore plus flagrant avec une baisse de 155 GW de capacité de production à partir de charbon. Pour ces pays, on constate une prise de conscience et une direction franche prise à partir de 2015, à la suite des Accords de Paris.
En réalité, la Chine, qui mène pourtant la danse dans la production d’énergies renouvelables et du nucléaire, n’en reste pas moins une très grande consommatrice de charbon. Preuve en est, sur les 20 dernières années, sa capacité de production d’électricité à base de charbon est passée de 189,7 GW à 1 137 GW ! Elle dispose, à elle toute seule, plus de trois fois la puissance de centrales à charbon que l’Europe et les États-Unis réunis. Cependant, cette situation ne semble pas prête de s’arrêter, puisque 578 GW de centrales à charbon sont en projet dans le monde, dont 70 % en Chine.
L’Empire du Milieu n’est pas le seul à adopter cette trajectoire, puisque l’Inde affiche, dans une moindre mesure, la même tendance. Depuis 2015, le pays a ajouté à son mix énergétique près de 47 GW de centrale à charbon pour un total de 237 GW en 2022.
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La Chine nous étonnera toujours par sa démesure. Capable de réaliser les plus grandes installations de production d’énergies renouvelables, elle reste aussi la championne des centrales à charbon pour une raison simple : elle a des besoins colossaux. Parfois qualifiée d’usine du monde, elle assure l’équivalent de 35 % de la production industrielle mondiale. Selon l’économiste américain Richard Baldwin, la Chine produirait davantage que les neuf pays suivants réunis. Elle s’est rendue indispensable dans le domaine de la transition énergétique en devenant, par exemple, le leader mondial de la production de panneaux photovoltaïques.
Outre sa capacité de production industrielle, la Chine s’est également imposée dans l’extraction de minerais, dont certains ont une importance stratégique pour la transition énergétique. Selon une étude du CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales), la Chine produit plus de 70 % des matériaux contenus dans les batteries des véhicules électriques.
Ce n’est pas tout. Malgré une volonté affichée de l’Empire du Milieu de décarboner son économie, le pays reste le premier fournisseur de charbon au monde, assurant à lui tout seul la moitié de la production mondiale. Dans la même logique, l’Inde est le second plus grand producteur de charbon au monde. Ainsi, on imagine mal ces pays faire une croix sur une telle source d’énergie, et de profit, du jour au lendemain.
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Commentaires
Le problème est simple: les enr sont intermittentes, et l'électricité ne se stocke pas. Seule solution: les bonne vieilles centrales pilotables, à charbon, à gaz, ou à uranium. Le charbon est le moins cher, le nucléaire est le plus propre.
Vous ne voulez vraiment pas vous documenter un tout petit peu au lieu de répéter ces âneries jour après jour ?
je trouve ces commentaires bien complaisants avec le Chine (et l'Inde). Il est vrai que les chinois utilisent du charbon pour fabriquer les produits industriels qu'ils nous vendent (les 35% de la production industrielle du monde). C'est très regrettable et il nous faut absolument nous sevrer de ces produits (quitte à interdire d'importer ce qui sera fabriqué à base de charbon). On n'y vient pas assez vite. Il reste que la Chine utilise aussi ce charbon pour elle-même et surtout pour l'exporter (les 50% de la production mondiale de l'article qui dépassent de loin ses besoins). La Chine a clairement choisi son camp: celui de l'opportunisme. Profiter de ce que les pays occidentaux sont les seuls à accorder quelque importance au dérèglement climatique, et se sacrifient pour une cause sans doute perdue, pour les inonder de matériaux de base des ENR et, en même temps, faire prospérer sa propre situation de producteur d'énergie (comme les pires des pétroliers). Certes l'Occident a pris de l'avance dans les responsabilités quant au réchauffement climatique, mais dès le début de la prochaine décennie les pendules auront été remises à l'heure. On ne nous racontera pas le même roman tout au long du siècle. Accessoirement, je n'ai jamais entendu dire qu'on construisait des centrales à charbon pour ne pas les faire tourner (avec 1100 GW et 5400 TWh, le taux de charge des centrales à charbon en Chine est proche de 60%). Il n'y a qu'en France que les centrales à charbon sont là au cas où. L'intertitre est donc bien choisi : "La Chine et l’Inde ruinent les efforts du reste du monde".
"il nous faut absolument nous sevrer de ces produits (quitte à interdire d’importer ce qui sera fabriqué à base de charbon)." Entièrement d'accord ! Si seulement les Européens pouvaient vous écouter !
Dans la foulée de @Juju @Romain @Michelg34, j'aurais également tendance à penser que si on se place dans une perspective de long terme , on peut considérer que les centrales à charbon d'il y a 20 ans tournaient à 100% du temps et que grâce aux ENRi elles tournent à 50% du temps. Et si elle étaient converties du charbon au CH4, à puissance égale, elles relâcheraient encore moins de CO2 par MWh produit. Ce raisonnement est valable aussi pour l'Allemagne. Après, un opérateur-producteur d'électricité fera le comparatif économique : si le charbon coûte 5 fois moins cher, il préférera le charbon au CH4.
Ensuite, lorsque je regarde la photo d'illustration de cet article : une tour de refroidissement. Certes cette photo a été prise en Allemagne. Mais si cette photo avait été prise en Chine ou en Inde, il me viendrait alors à l'idée que cette tour pourrait continuer à servir après arrêt de la centrale à charbon (dans 20-30 ans) si on la branche sur une centrale nucléaire construite ultérieurement à côté. Peut-être les Chinois et les Indiens ont-il ce scénario en tête. Ce serait une optimisation de la dépense : des bâtiments en moins à construire (et donc du CO2 d'origine béton en moins) , et des lignes électriques THT déjà installées.
Pour l'instant le calcul de rentabilité, il ne faut pas prendre en compte uniquement le coût du combustible. Les certificats jouent un rôle de plus en plus important dans ce calcul et il faut aussi prendre en compte la différence de capex/opex entre les différentes technologies. Les centrales au charbon (et les centrales nucléaires aussi d'ailleurs) ont des dépenses d'investissement importantes et des dépenses d'exploitation faibles, mais c'est l'inverse pour les centrales à gaz. Aujourd'hui certaines centrales à gaz à cycle combiné à haut rendement sont moins cher que certains centrales à charbon. Et avec l'augmentation des certificats carbone et la baisse de charge suite à l'augmentation de le production des renouvelables, à partir de 2030, les centrales à charbon deviendront plus cher que les centrales à gaz. C'est la raison pour lequel certains producteurs déclarent même qu'il n'ont pas besoin d'une obligation de la sortie du charbon planifié, vu que le marché réglera le problème de lui même.
Une des grosses raisons à la préférence du charbon au gaz en Chine étant qu'ils ont du Charbon mais très peu de gaz. Augmenter la dépendance au gaz c'est avoir des prix volatiles et une dépendance accrue à d'autres pays. Le charbon étant pour eux source d'emploi local, de souveraineté et de stabilité des prix (prix bas qui aident donc à garder les usines à faibles couts pour de l'emploi). La Chine traversant une crise de l'emploi avec un chômage en hausse chez les jeunes, ce n'est pas négligeable.
Aussi, la Chine est sensible à ses dépendances, en cas de blocus maritime en moins de deux semaines ils n'auraient plus de pétrole/gaz. C'est une des raisons pour laquelle un conflit Chine-Taipei n'arrivera pas de sitôt.
Oui.
Sauf pour la dernière phrase, car la passion l'emporte souvent sur la raison. Quelle trace Xi Jing-Ping laissera-t-il dans l'histoire si il ne reconquiert pas Taïwan ? Il laissera juste la trace d'un dictateur qui a augmenté la répression sur son propre peuple. Dans les étages intermédiaires du pouvoir, on ferme sa gueule et on attend patiemment qu'il meure de vieillesse.
Les ENR construites sont autant de centrales polluantes évitées, la demande d'énergie aurait été comblée de toute façon.
Après 40 ans de délocalisation la chine est le fabricant du monde et nous sommes aussi de grand client.
Pour la drogue on parle de dealer et de malade.
Nous avons un grand besoin d'une cure de désintoxication aux produits chinois et a la surconsommation en général.
A défaut de mieux la chine produit une partie de la solution transition énergétique, a qui la faute, nous avons encore a l'oreille les discours du grand patronna.