Une torchère / Image : Leonid Ikan - Getty/Canva.
En ce début d’année, les compagnies pétrolières publient leurs résultats et annoncent leurs stratégies. BP et Shell ont fait des annonces similaires, entre records et rétropédalage.
Après une année marquée par la guerre en Ukraine et la hausse des prix du pétrole, les entreprises spécialisées semblent en avoir grandement profité. En effet, BP et Shell ont annoncé des profits records pour l’année 2022. Les deux entreprises ont respectivement enregistré 25,8 et 47,5 milliards de dollars de bénéfices. Mais ces gains ne vont pas aider à financer des investissements dans les énergies vertes, au contraire. Ainsi, Shell a indiqué via son PDG, Wael Sawan, qu’il investirait davantage dans les énergies fossiles. Le groupe va stabiliser ses dépenses pour les énergies renouvelables, et les augmenter pour le gaz et le pétrole.
« Notre philosophie a été un véritable pivot vers les investissements de transition énergétique », a déclaré Sawan. « Mais nous veillerons à ce que ces investissements aillent dans les domaines où nous pouvons voir la ligne de mire vers des retours attractifs pour pouvoir récompenser nos actionnaires. »
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En 2022, Shell a dépensé environ 3,5 milliards d’euros pour les énergies renouvelables. Cela représentait environ 14 % des dépenses de la firme. En 2023, l’investissement restera semblable, mais il s’agira donc d’un pourcentage moindre de ses financements. C’est donc la fin d’une progression pour Shell, qui investissait de manière croissante sur les énergies renouvelables. Mais ces dépenses restent inférieures à la moitié de celles concernant uniquement l’extraction des énergies fossiles. Le pétrole, ainsi que le gaz, sont actuellement les priorités de Shell.
Pour justifier cette décision, Sawan assure que le problème est le manque de soutien des gouvernements. Et malgré le ralentissement sur les énergies renouvelables, il encourage les autres entreprises à investir massivement dans ce domaine. « Le rythme des investissements dans les énergies renouvelables est-il assez rapide ? Je ne pense pas que nous évoluions assez vite en tant que monde. Mais cela nécessite un changement significatif des politiques gouvernementales. Il faut que les clients adoptent les bonnes solutions et, bien sûr, que des entreprises comme la nôtre continuent à investir. »
BP suit la même trajectoire pour 2023
Du côté de BP, la situation est semblable à celle de Shell, et la stratégie va également se calquer dessus. Ainsi, l’entreprise a décidé de ralentir son passage aux énergies renouvelables, pour privilégier les énergies fossiles. En effet, British Petroleum avait promis de réduire de 40 % la production de pétrole et de gaz à l’horizon 2030. Finalement, il révèle qu’il ne l’abaissera que de 25 % d’ici à la fin de la décennie. Là encore, les profits de l’année 2022 encouragent BP à continuer sur cette lancée. C’est même une aubaine pour le nouveau PDG, Bernard Looney, qui dirige l’entreprise depuis février 2020. Il peine en effet à redresser l’entreprise, qui est toujours loin derrière ses concurrentes, et pourrait bénéficier grandement de cette stratégie pour améliorer son bilan et conserver sa place.
Tristement, c’est pourtant lui qui avait prévu de réduire les investissements dans les énergies fossiles. Mais cette stratégie n’étant pas payante, il va faire machine arrière et explique que les énergies d’avenir ne sont pas assez rentables à court terme. « Les gouvernements et sociétés autour du monde demandent aux entreprises comme les nôtres d’investir sur le système d’énergie d’aujourd’hui », a-t-il déclaré au Financial Times. Il assure aussi que BP n’oublie pas l’importance des investissements liés aux énergies renouvelables.
« La stratégie est d’investir dans le système d’énergie d’aujourd’hui, et d’investir pour accélérer la transition. Nous penchons vers cela ». Dans les faits, BP va augmenter de 7,4 milliards ses investissements sur les énergies renouvelables jusqu’en 2030. Mais l’entreprise va également rehausser de 7,4 milliards ses dépenses sur les énergies fossiles pour la même période.
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Commentaires
C'est gerbant
« La stratégie est d’investir dans le système d’énergie d’aujourd’hui, et d’investir pour accélérer la transition. Nous penchons vers cela ».
Investir dans le fossile pour accélérer la transition énergétique ???
Moi, j'appelle ça un bel exemple de langue de bois.
Leur but est de vendre du fossile tant que l'augmentaton de la température moyenne de la Terre n'aura pas atteint 3°.
Je pense maintenant que le seul moyen de les faire disparaitre est de tarir la demande. Le problème est que notre société est tellement shootée au fossile que ça va être très dur et douloureux de s'en séparer mais c'est absolument nécessaire.
OUI .La « CSC » permet une transition, mise en œuvre rapidement, en attendant la prévalence des énergies renouvelables.