Des éoliennes au Portugal / Image : Getty, montage : RE.
Profitant de conditions météorologiques favorables, le Portugal a explosé sa production d’électricité renouvelable lors du dernier week-end d’octobre. Au total, le pays a produit 172,5 GWh d’électricité « verte » pour n’en consommer que 131,1 GWh. Ce chiffre vient récompenser les nombreux efforts du pays pour atteindre la neutralité carbone.
Entre le vendredi 27 octobre au soir et le lundi 30 octobre au matin, le Portugal a réussi à produire plus de 170 GWh d’électricité renouvelable, s’offrant un luxueux excédent de 40 GWh par rapport à sa consommation réelle. Pour obtenir une telle production, le pays a surtout pu compter sur ses 5 500 MW d’éoliennes installées, qui ont produit 97,5 GWh d’électricité, et ses 7 500 MW d’infrastructures hydroélectriques qui ont produit 68,3 GWh d’électricité. Le photovoltaïque, en retrait, n’a produit que 6,6 GWh d’électricité. Le pays a pu exporter ses 40 GWh d’électricité excédentaire à son voisin espagnol. Les deux pays de la péninsule ibérique sont très solidaires électriquement, et s’équilibrent mutuellement lors d’excédents ou de déficits de production éolienne et solaire.
Le Portugal, champion des énergies renouvelables en Europe
Selon Eurostat, le ratio de production d’électricité provenant de ressources renouvelables du Portugal s’élevait à 54,1% (en 2016), le plaçant en cinquième position derrière des pays comme l’Islande, la Norvège, l’Autriche et la Suède. Pour parvenir à un tel ratio, le pays a multiplié les projets innovants. On peut citer le premier parc éolien offshore flottant semi-submersible à avoir été implanté dans le monde en juillet 2020. Nommé Windfloat Atlantic, ce parc d’une puissance installée de 25,2 MW avait permis de produire près de 75 GWh lors de sa première année d’exploitation.
Le pays travaille également à compenser le caractère non pilotable de la production d’électricité renouvelable en associant le solaire et l’éolien à l’hydroélectricité. Le barrage d’Alqueva et ses 240 MW de puissance en est l’exemple parfait. Une centrale solaire de 6 MWc a récemment été installée sur son lac de retenue. La puissance de cette centrale devrait, à terme, atteindre 84 MW. L’énergéticien portugais EDP prévoit également d’installer un parc éolien de 70 MW ainsi que des batteries stationnaires afin de pouvoir complètement compenser la variabilité du solaire et de l’éolien.
Le mix énergétique portugais reste dépendant des énergies fossiles
Malgré cette belle performance, la production électrique ne fait pas tout, et le Portugal est encore très loin de la neutralité carbone. Selon l’Insee, la part du renouvelable dans la consommation finale brute d’énergie du Portugal en 2021 n’était que de 34 %. Ce chiffre est bien supérieur à la moyenne européenne (21,8 %) mais témoigne du chemin qu’il reste à faire avant d’atteindre l’objectif zéro carbone. Par ailleurs, la production électrique portugaise restait relativement carbonée sur l’ensemble de l’année 2022, avec une intensité de 221 gCO2eq/kWh (contre 90 g en France, mais 819 g en Pologne et 473 g en Allemagne). En cause, les centrales au gaz et fioul, qui couvrent tout de même 40 % de la production annuelle.
Commentaires
Bravo au Portugal (Pays peu industrialisé et sous le 45ème parallèle Nord, il faut le rappeler).
Il faut également rappeler que le Portugal a lancé un programme massif d'ouvrages hydrauliques ces 30 dernières années !!! Cela doit bien les aider aussi... (ainsi bien évidemment que les interconnexions pour les excédents d'ENRi..., les ENRi sont, in fine, une affaire de grosses interconnexions pour être réellement efficientes... et leurs implantations et développements devraient être une affaire Européenne et non pas quasi uniquement national pour optimiser les foisonnements et éviter les excès locaux... avec trop d'éoliennes en certains lieux et trop peu à d'autres faute de financements et de réseaux...).
Il faut aussi rappeler que le week-end, il y a aussi très peu de consommation électrique.
Les week-ends d'été, les allemands paient pour se débarrasser de leurs électricité photovoltaique qu'ils ne peuvent pas stocker.
Voilà où les ont conduit, leurs "GÉNIES" des ENRs....
@Samy Batino,
De toutes les façons il faudra beaucoup d'ENR en Europe dans les années à venir (Hydraulique-STEP compris mais ce sujet est souvent omis... pas assez de retombées financières...).
La péninsule ibérique avec plusieurs régimes de vent et beaucoup de soleil et graos besoins électriques en été (Clim et touristes notamment) se prête bien aux ENRi surtout avec le parc hydraulique qui s'y trouve et qu'ils vont "augmenter".
Au Nord du 45ème parallèle, il y a très gros soucis d'adéquation entre production PV et période de fortes consommations électriques... Mais quasi plus personne ne veut parler de "terroir" ni de choses qui ne pourraient pas être universelles... (Perso le Nucléaire partout et pour tous sur cette planète, je ne suis pas trop pour non plus... mais au Nord du 45ème parallèle il faut choisir entre Gaz, Charbon et Nucléaire pour la Base électrique et/ou s'accaparer des volumes d'ENRi totalement disproportionné...).
@Samy Batino,
Sur les excès des ENRi et leur non-pilotabilité, c'est le problème... Sauf si la production des ENRi est étalée sur une très très grande zone géographique (comprenant beaucoup d'hydraulique) et couvrant divers besoins (avec donc un foisonnement des consommations et des productions) ET que les Réseaux pour la distribution soient à l'échelle... (c'était le concept "Desertec" qui ne comprenait pas que la production en Afrique du Nord mais une production étalée ET des réseaux de Transport très importants... - Les Médias ne mirent en avant que la production dans le désert du Sahara... Dommage ! Certains des documents étaient pourtant explicites sur la nécessité d'une répartition très large et d'interconnexions fortes...).
Les Allemands ont d'abord installé les outils de production avant les réseaux de distribution à large échelle... Et une large partie du PV Allemand aurait été bien plus utile dans le Sud de l'Europe et le pourtour méditerranéen (mais l'EGOlité Allemande est passée par là... Toutefois ils comptent bien et de plus sur la "Fraternité" Européenne pour équilibrer leur Mix électrique...)... Le Portugal a un développement bien plus intéressant des ENRi que l'Allemagne et cela a réellement du sens dans ce pays au Sud duème parallèle...
C'est tout le problème des éoliennes. La plupart du temps ça produit zéro, et certains jours ça produit tellement qu'il y a surproduction, délestages et prix négatifs... Le tout subventionné par le contribuable qui voit sa facture exploser tous les ans, et pour des émissions de CO2 qui baissent à peine.
Si c'est vraiment « tout le problème », alors il n'y a pas à hésiter : il faut en faire un maximum :-)
Genre sans les ENR les factures auraient baissée, ah ah ah ah.
Oui, parce qu'il y n'aurait pas eu à payer la CSPE et toutes les autres taxes qui servent à subventionner les ENRs.
On évite de se moquer quand ont rien compris.
Ah donc vous aussi vous faites de l'humour, cool!
Le marché spot sûrement une bonne blague de financier pour les énergies dans la taxonomie verte.
Le prix de l'électricité TTC pour les particuliers et les professionnels est plus cher au Portugal qu'en France. Les prix négatifs souvent répétés en sont en partie la cause : Comparaison du Prix de l'électricité en France et en Europe (selectra.info)
Belle performance effectivement. Cependant cela laisse entrevoir la prochaine crise du marché de l'électricité si cela ce généralisait: des prix nuls pendant tout le week-end...
Le modèle économique est donc entièrement à revoir... Car soit il n'y aura plus d'investissement, soit le déficit de l'état/compagnie nationale d'électricité du au prix garanti va devenir abyssal.
Il va falloir urgemment développer le "concept" de pilotage des consommations pour le Grand Public... Avec toutes les possibilités de stockage (en se méfiant des batteries car les flux de matières de premières ne pourront pas subvenir aux VE et aux batteries stationnaires à large échelle et pour le monde entier...), les STEP sont à développer urgemment (grandes et petites avec des multi-usages pour les petites... la France est très en retard en pisciculture sur la partie production, mais pas sur la partie R&D) ainsi que la notion d'inertie thermique et de stockage de chaleur dans les murs ou dans des réservoirs d'eau chaude ad 'hoc pour du chauffage ultérieur, dans les batiments là où c'est possible (les Vieux en parlaient souvent dans mon entourage : "Chauffer les murs!" cela leur semblait être du bon sens...). Le chauffage à 19° pour des logements bien isolés, à forte inertie thermique et équipés de pompes à chaleur n'aura bientôt plus de sens... Autant les chauffer à 21° (voir 22°) lors du passage des dépressions et jouer sur l'inertie sur les jours suivants en redescendant à 19° pour optimiser les consommations (et donc la(/les) production(s) nationale(s) voir celles des voisins du fait des interconnexions...).
Bien d'accord avec vous que les Marchés financiers vont "ratatiner" les prix lors des phases de surproduction (ce qui est déjà le cas mais risque de ne faire que s'accentuer avec l'augmentation des surproductions...).
Il n'est pas indiqué à quel coût financier ces résultats ont été obtenus. En tout cas, les paysages ont été complètement défigurés par la multitude d'éoliennes disséminées à travers le pays.
Je vais régulièrement au Portugal, je n'ai pas réellement vu de paysage défiguré. En fait voir quelques éoliennes ne me dérange pas.
Je ne sais pas où vous êtes allés au Portugal mais je vous garantis que dans la moitié nord (jusqu'à Lisbonne) les paysagers ressemblent à cela : https://fr.123rf.com/photo_128120078_paysage-vallonn%C3%A9-couvert-de-rochers-et-de-plusieurs-%C3%A9oliennes-d-%C3%A9nergie-%C3%A9lectrique-le-jour-nuageux.html?is_plus=1
Je vais proche de Porto et passe par Chavès, donc oui je vois pas mal d'éolienne, mais cela ne me choque pas. De toute façon s'il on veut de l'énergie et pouvoir de passer de pétrole/gaz, il faudra se faire à l'idée qu'il y aura des éoliennes un peu partout. Le mieux serait de poser des panneaux sur tous les bâtiments (pitié ne pas créer de champs photovoltaïque, c'est 10 fois plus moches que les éoliennes). Mais le photovoltaïque doit aussi être combiné à l'éolien pour l'intermittence.
Les paysages défigurés sont une question de goût. Or avec la crise climatique qui arrive, on ne peut pas se permettre de faire la fine bouche.
Quant au coût, on en parle des EPR ou bien du coût climatique des centrales aux fossiles?