Ce parc éolien définitivement abandonné à cause de chauves-souris


Ce parc éolien définitivement abandonné à cause de chauves-souris

Un parc éolien et une chauve-souris frugivore / Illustration : Getty, montage RE.

Nyctalus lasiopterus, ou Grande Noctule. C’est le nom de la chauve-souris qui a fait reculer EDF et son projet de parc éolien au cœur de la Creuse. Une nouvelle qui divise les habitants, mais qui rassure les défenseurs de la biodiversité.

EDF Renouvelables vient de renoncer à un projet d’installation de 25 à 30 éoliennes dans le sud-est creusois. Réparti sur 6 communes, ce parc éolien était un véritable sujet de discorde chez les habitants comme chez les élus locaux. Pourtant, ce ne sont pas ces tensions qui ont provoqué l’arrêt du projet, mais plutôt une découverte. En 2021, des Grandes Noctules ont en effet été repérées à proximité du futur site d’implantation des éoliennes. Cette espèce est, avec ses 45 centimètres d’envergure, la plus grande chauve-souris d’Europe.

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Face à cette situation, la filiale d’EDF a donc préféré se rétracter. Une décision dont se félicitent les opposants au projet réunis sous l’association VITHEC (Vitre tranquille et heureux en Creuse). Pour ces derniers, la bataille n’est cependant pas finie, car d’autres projets étrangers sont en cours de développement dans la même région. Ainsi, Jean-Claude Chapeymond, membre de l’association, indiquait à nos confrères du Parisien : « La population ne comprend pas que le fleuron français en matière d’énergie se retire, mais que parallèlement, dans le même secteur, des entrepreneurs allemands et espagnols ont toujours l’intention d’implanter des éoliennes ».

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La chauve-souris, première victime des parcs éoliens

Pour les défenseurs de la biodiversité, cette nouvelle est une victoire importante, car les chauves-souris sont les premières victimes des parcs éoliens devant les oiseaux et les insectes. Particulièrement vulnérables, elles sont victimes de collision avec les pales, mais aussi de la surpression de l’air générée par le mouvement de ces dernières (le bout des pales peut parfois atteindre près de 300 km/h). Ce phénomène entraîne chez les chauves-souris des barotraumatismes, c’est-à-dire des lésions internes provoquées par des modifications brusques de pression. À ce sujet, toutes les éoliennes ne sont pas égales. Ce sont les modèles à grands rotors et à faible « garde au sol » qui entraîneraient le taux de mortalité le plus élevé.

De manière plus générale, des études ont montré que l’installation d’éoliennes avait tendance à dégrader l’habitat naturel des chauves-souris, entraînant une disparition progressive de celles-ci jusqu’à un kilomètre autour des éoliennes.

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Du fait d’un cycle de reproduction particulièrement lent, la survie des espèces de chauves-souris repose sur un équilibre fragile. En conséquence, la modification brutale de leur environnement peut avoir des conséquences dramatiques à court et moyen terme, et entraîner l’extinction de certaines espèces. C’est pour cette raison qu’elles sont toutes protégées.

Depuis une dizaine d’années, plusieurs mesures ont été prises pour mieux protéger les chauves-souris. D’abord, avant la création d’un nouveau parc éolien, une étude d’impact doit obligatoirement être réalisée par l’opérateur en amont de la construction. Nécessaire à l’obtention du permis de construire, cette étude consiste à vérifier que les impacts des éoliennes sur les chauves-souris seront négligeables. Les éoliennes les plus récentes sont également équipées d’un système de bridage qui permet d’arrêter l’éolienne pendant les périodes de forte activité des chauves-souris et quand il y a peu de vent. Ce système permet de diminuer le taux de mortalité.

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Considérer la biodiversité à la genèse des projets

Lors des études d’implantation d’un nouveau projet éolien, les opérateurs composent aujourd’hui principalement avec le potentiel de production énergétique des sites et les contraintes liées à l’activité humaine comme la présence d’habitations, d’aéroports, etc.

Malgré l’évolution progressive de la réglementation, la biodiversité reste un critère largement secondaire. Face à cela, des organisations comme le Muséum national d’Histoire naturelle militent pour que la biodiversité soit amenée au premier plan, et que les choix d’implantations soient faits en cohérence avec les écosystèmes locaux. L’objectif est notamment de considérer l’évolution de l’activité des espèces animales et végétales sur le long terme pour assurer une meilleure cohabitation.

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