Vingt ans après une première tentative, Orano repart à la conquête des États-Unis avec un objectif en tête : doper ses capacités d’enrichissement d’uranium grâce à la construction d’une usine flambant neuve dans le Tennessee. Entre cette annonce, et les 1,7 milliard d’euros investis à l’usine Georges Besse 2 du Tricastin, Orano affiche clairement ses ambitions internationales, et compte bien devenir un poids lourd mondial de l’enrichissement d’uranium.

En signant, il y a quelques mois, une loi destinée à mettre fin à la dépendance des États-Unis envers la Russie concernant l’uranium enrichi, Joe Biden a déclenché une course qu’Orano compte bien terminer en tête. Le groupe français Orano, ex-Areva, vient en effet d’annoncer son intention de construire une usine d’enrichissement à Oak Ridge, dans le Tennessee. Si le site d’implantation a été choisi, Orano travaille désormais avec ses clients afin de mettre en place des partenariats de longue durée. Selon Orano, la viabilité de ce projet ne pourra être assurée qu’à travers des engagements à long terme de la part des électriciens.

Outre la fin des importations d’uranium russe d’ici 2028, la loi signée par Joe Biden prévoit des subventions à hauteur de 2,7 milliards de dollars pour toute implantation d’usines d’enrichissement sur son sol. Si tout se passe comme prévu, Orano espère pouvoir débuter la production d’uranium enrichi au début des années 2030.

La longue histoire entre le site d'Oak Ridge et le nucléaire

Parfois surnommée Atomic City, l’histoire d’Oak Ridge est étroitement liée au développement du nucléaire. En 1942, c’est dans cette petite ville de 30 000 habitants, située au cœur du Tennessee, qu’ont été implantés les quartiers généraux du projet Manhattan, qui a donné naissance à la première bombe atomique. La ville compte toujours le laboratoire national d’Oak Ridge, qui est spécialisé dans les recherches nucléaires.

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Du combustible pour les prochaines générations de réacteur

Ce n’est pas la première fois qu’Orano envisage de construire une usine sur le sol américain. En 2007 déjà, l’entreprise française s’était associée au japonais Mitsubishi pour construire une usine d’enrichissement de 2 milliards de dollars dans l’Idaho. Néanmoins, l’accident de Fukushima aura raison du projet qui sera finalement abandonné.

La nouvelle usine prévue par Orano devrait être tournée vers le futur. Outre une capacité à adapter son combustible aux taux d’enrichissement requis par ses clients, le groupe français devrait également y produire du combustible de type HALEU (High-Awway Low-Enriched). Celui-ci devrait permettre aux futurs réacteurs d’atteindre un meilleur rendement. C’est ce type de carburant qui sera utilisé dans les SMR.

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