Les miroirs de la centrale solaire à concentration de Llo en France / Image : Révolution Énergétique.
Dans le cadre de son plan « Brassons un monde meilleur » lancé en 2008, Heineken annonce avoir réduit de plus de 50 % les émissions de CO₂ de ses brasseries. Mais le géant de la bière ne compte pas s’arrêter là. En Espagne, il déploie maintenant des centrales solaires à concentration pour faire mieux.
Avec l’explosion du nombre des panneaux installés en toiture ou ailleurs, on a de plus en plus tendance à confondre les différentes façons d’exploiter l’énergie solaire. Pourtant, il faut bien distinguer, par exemple, les panneaux photovoltaïques (qui produisent de l’électricité) des capteurs thermiques plans, à tubes ou à concentration (qui produisent de la chaleur). Pour ce dernier système, le principe repose sur des miroirs concentrant les rayons du soleil sur un fluide caloporteur, qui monte alors à très haute température. Et c’est la technologie qu’a choisie le géant de la bière Heineken pour décarboner son process en Espagne.
Du solaire à concentration pour réduire les émissions
Le numéro 2 mondial de la bière a, en effet, confié l’année dernière à Engie la construction et la mise en service d’une centrale solaire thermique à concentration (voir notre reportage dans l’unique centrale solaire de ce genre en France) dans son usine de Séville. Une enveloppe de 20 millions d’euros pour la plus grande installation de ce type sur un site industriel en Europe. Objectif : réduire la consommation de gaz fossile de 60 % et ses émissions CO₂ de 7 000 tonnes par an.
La technologie développée par Azteq, un spécialiste belge du domaine, repose sur une ferme solaire de près de 20 hectares et une cuve parabolique de quelque 40 000 m2. Comme fluide caloporteur, une eau à haute pression qui arrive sur le site à environ 160 °C. La température requise pour la fabrication de la bière.
Une centrale solaire thermique à concentration devrait aussi être installée sur le site du Quart de Poblet, dans la province de Valence cette année. Financée en partie par l’Union européenne et réalisée en collaboration avec des industriels locaux. L’idée, ici, étant de concevoir une centrale modulaire d’un total de 6 000 m2 adossée à un dispositif de stockage qui permettra de fournir de l’énergie jour et nuit.
D’autres solutions bas-carbone
Pour Heineken Espagne, l’objectif est d’atteindre le zéro émission nette dès 2025. Soit 5 ans plus tôt que l’engagement pris au niveau mondial. Pour cela, le géant de la bière n’hésite d’ailleurs pas à diversifier les solutions. Sur un autre site espagnol, en Andalousie, il tire déjà son énergie de la biomasse. Comme il le fait dans deux brasseries d’Indonésie. En Finlande, le groupe s’alimente en électricité éolienne. Au Nigeria, il a fait le choix du solaire photovoltaïque.
Un changement semble donc bien en marche du côté d’Heineken. D’autant que pour réellement « Brasser un monde meilleur », le géant de la bière s’attaque en parallèle à un autre sujet épineux dans le secteur : sa consommation d’eau. En Espagne, le groupe promet restituer déjà toute l’eau contenue dans ses bières à leurs bassins d’origine. Près d’une décennie avant l’objectif qu’il s’est fixé au niveau mondial, grâce à des programmes de traitement et de régénération de l’eau notamment.