Développée au départ par le groupe aéronautique suédois Saab, la technique exploitée par la société Minesto pour capturer l’énergie des courants marins diffère radicalement de celle des hydroliennes classiques arrimées au fond de l’eau. Baptisée Deep Green Turbine, cette sorte de cerf-volant sous-marin retenu par un câble, effectue dans la mer des loopings en forme de huit. Le nouveau design « Dragon Class » de la machine suédoise sera testé sur le site d’essai hydrolien de Paimpol-Bréhat dès le printemps prochain.
Inventé en 2006 par Magnus Landberg, un ingénieur de Saab, le « kite » de Minesto a été développé à l’origine en tant qu’éolienne volante. Mais les ingénieurs du groupe aéronautique ont vite estimé qu’il serait beaucoup plus efficace sous l’eau qui est 832 fois plus dense que l’air.
Cette sorte de cerf-volant sous-marin est retenu au fond par un câble le long duquel transite l’électricité produite. Equipée d’un gouvernail et entraînée par les courants de marée, l’aile se déplace dans la mer en formant des huit. Ces « loopings » permettent à l’appareil de se déplacer plus vite que le courant et d’accélérer le mouvement de l’eau sur la turbine. Grâce à la vitesse acquise, il produit, à dimensions égales, nettement plus d’électricité qu’une hydrolienne stationnaire. Minesto espère ainsi pouvoir générer de l’électricité même dans des zones à faibles courants de marée.
Le concept a déjà été testé au large de Holyhead, au Pays de Galles, où le fabricant suédois a déployé un « kite » hydrolien de 500 kW. Il prévoit l’installation d’une ferme commerciale de 80 MW sur ce site. Au printemps de cette année, Minesto a installé 2 machines Deep Green de 100 kW (DG 100) dans les eaux des Iles Féroé, un archipel situé entre l’Islande et la Norvège. L’énergéticien local SEV, s’est engagé à acheter l’électricité produite.
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La prochaine étape du développement de la technologie Deep Green se déroulera au large des côtes bretonnes. Après l’hydrolienne d’HydroQuest, le site d’essai de Paimpol-Bréhat géré par EDF testera dès le printemps prochain un nouveau design de l’aile, baptisé « Dragon Class ». Minesto est accueilli dans le cadre du programme européen TIGER (Tidal Stream Industry Energiser) lancé sur cinq sites en Manche et doté d’un subside de 46.8 millions d’euros. Ce programme a pour ambition de stimuler le développement des hydroliennes marines.
Le site de Paimpol-Bréhat, au large des Côtes-d’Armor, est la seule plateforme d’essai à l’échelle industrielle dédiée aux tests d’hydroliennes en mer. Ses caractéristiques océaniques, ses courants, ou son exposition à la houle, en font un site unique pour les porteurs de projets qui peuvent y raccorder leurs machines au réseau électrique continental.
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Outre les développements en cours au Pays de Galles et aux Iles Féroé, Minesto annonce des projets en Suède, en Irlande du Nord et à Taïwan. L’entreprise est cotée à la bourse de Stockholm où elle s’est introduite en novembre 2015. Elle a récemment suscité l’intérêt de l’industriel français Schneider Electric avec qui elle a signé en mars dernier un protocole d’accord pour développer et construire des fermes hydroliennes. Le « memorandum of understanding » ne porte pas seulement sur une coopération technique mais aussi sur le développement de projets – par exemple autour de micro-réseaux insulaires – et sur leur financement. Dans son rapport annuel Minesto qualifie cette association de « partenariat stratégique ».
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Hydrolienne particulierement astucieuse. La mise en mouvement pour accélérer la vitesse relative du courant est une version dans l’espace des conduites forcées dans lesquelles le rétrécissement accélère le flux.