Brutal retour en force du nucléaire dans la transition énergétique au Royaume-Uni


Brutal retour en force du nucléaire dans la transition énergétique au Royaume-Uni

Le chantier de l'EPR d'Hinkley Point au Royaume-Uni / Image : EDF.

Le Royaume-Uni a fait son choix. Sa transition énergétique se fera avec du nucléaire ou ne se fera pas. Le plan publié par le gouvernement est ambitieux. Et il ne vise pas seulement à assurer l’approvisionnement électrique du pays.

« Il n’existe pas de voie crédible ni vers le net zéro ni vers la sécurité énergétique sans énergie nucléaire et il est maintenant temps d’agir. » C’est le message sans équivoque qui accompagne la nouvelle feuille de route du nucléaire civil publiée il y a quelques jours par le gouvernement britannique. La feuille de route la plus ambitieuse en la matière de ces 70 dernières années. Alors qu’aujourd’hui le nucléaire compte pour tout juste 15 % du mix électrique britannique, le gouvernement prévoit de porter cette part à 25 % d’ici 2050. En quadruplant la puissance installée dans le pays pour la mener à 24 GW.

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Le nucléaire britannique au plus bas

Rappelons qu’avec la fermeture récente de 3 de ses réacteurs — et la mise en maintenance de 4 autres —, la production d’électricité nucléaire du Royaume-Uni vient de tomber à son plus bas niveau depuis 40 ans. Et d’ici 2030, pas moins de 8 des 9 réacteurs encore en service dans le pays doivent être mis à l’arrêt. Même si EDF a annoncé la possibilité de retarder d’au moins 2 ans la fermeture de 4 d’entre eux. Pour limiter le déficit de production.

Pour redonner un peu de vigueur au nucléaire britannique, déjà, deux EPR de 3,2 GW chacun sont en construction du côté d’Hinkley Point — même si le projet prend du retard et voit sa facture grimper en flèche — et un projet de troisième réacteur avance sur le site de la centrale de Sizewell — il peinait jusqu’ici notamment à trouver des investissements. Les plans du gouvernement prévoient quant à eux justement la construction d’une nouvelle centrale de taille équivalente à celles-ci. Ils tablent aussi que le développement de plusieurs petits réacteurs nucléaires modulaires, les fameux SMR. Au total, le gouvernement britannique a l’ambition d’investir pour 3 à 7 GW de nouveau nucléaire tous les 5 ans de 2030 à 2044.

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La filière nucléaire britannique relèvera-t-elle la tête ?

Et pour soutenir la filière, les emplois et l’indépendance énergétique du Royaume-Uni, la décision est également prise d’investir près de 350 millions d’euros dans la production de combustibles. Des combustibles dits HALEU dont la teneur en uranium 235 est comprise entre 5 et 20 %. Ils seront utiles pour alimenter les SMR de 4ᵉ génération. Fin 2022, déjà, le pays avait investi quelque 30 millions d’euros dans des installations de conversion de l’uranium qui doivent entrer en service dès 2028. Les réacteurs de 4e génération, eux, sont attendus pour le début des années 2030.

Reste désormais à voir si les investissements nécessaires pourront être débloqués suffisamment vite pour mettre en œuvre ce plan ambitieux. Certains observateurs espèrent que l’engagement public encouragera l’indispensable investissement privé. D’autres sont plus pessimistes. Selon eux, les nombreux revers déjà essuyés par les différents projets nucléaires et l’augmentation des budgets associés auront raison des ambitions britanniques en la matière.

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