Alors que la production de biogaz dans l’Union européenne a été multipliée par quatre au cours des 10 dernières années, la croissance se ralentit depuis 2011.
En 2016 elle n’a plus progressé que de 3 % par rapport à l’année précédente. Cela s’explique par l’adoption de réglementations moins favorables à l’utilisation dans les digesteurs d’intrants provenant de cultures énergétiques et à une rémunération moins favorable de l’électricité produite.
Trois pays concentrent 77 % de la production européenne de biogaz. Avec environ 8 millions de tep[1] l’Allemagne, à elle seule, en produit près de la moitié. Suivent le Royaume-Uni avec 2,4 millions tep et l’Italie (2 millions). La France occupe la 5e place avec une production de 580.000 tep et la Belgique est en 9eposition (237.000 tep).
Intéressant à savoir : depuis l’année dernière, le Royaume-Uni exporte une partie de sa production de biométhane vers les Pays-Bas via un pipeline connectant les îles britanniques au continent.
Injection dans les réseaux de distribution
En 2016, la filière européenne comptait 480 installations injectant du biométhane dans les réseaux de gaz naturel. Dans ce domaine aussi, l’Allemagne est leader du marché avec 201 unités et près de 50 % de la production totale.
Loin derrière les leaders européens, la France se singularise toutefois par une forte hausse de ses unités même si les volumes sont encore faibles. Entre 2015 et 2016, la quantité de biométhane injectée dans les réseaux français est passée de 82 à 215 GWh. Fin juin 2017, le pays comptait 35 installations. Leur capacité s’élève au total à 533 GWh/an, en progression de 30 % par rapport à la fin de l’année 2016. Une capacité supplémentaire de 123 GWh/an a été installée au cours du premier semestre 2017, soit deux fois plus qu’au cours du premier semestre 2016. 297 projets sont actuellement en file d’attente.
L’Allemagne, le pays aux 10.000 méthaniseurs
L’Allemagne est, de loin, le premier producteur mondial de biogaz. Le chiffre symbolique des 10.000 installations a été dépassé en 2015. Les méthaniseurs à la ferme y ont été fortement développés jusqu’en 2011. Mais depuis lors le nombre de nouvelles unités est en net recul. Cela s’explique par une modification, en 2012, d’une loi qui a plafonné à 60 % l’utilisation du maïs comme intrant. En 2014, des mesures encore plus restrictives sur l’utilisation des cultures énergétiques pour les nouvelles installations et la suppression des primes pour la production d’électricité à partir de biométhane ont encore accentué le ralentissement de la filière. Alors que pendant l’âge d’or du biogaz allemand, plus de 1000 unités étaient construites chaque année, il n’y en a plus eu que 137 en 2017.
En France les voyants sont au vert
Après avoir longtemps tergiversé, la France a, depuis 2014, adopté une politique volontariste pour favoriser la production de biogaz. Le pays dispose aujourd’hui d’une des législations les plus complètes en la matière. Pour accompagner son développement, le code de l’environnement prévoit que des cultures énergétiques dans une proportion maximale de 15 % peuvent être ajoutées dans les installations de méthanisation de déchets ou de matières végétales.
Doublement possible de la production d’ici 2030
La décision de plusieurs pays de l’UE de réduire l’introduction de cultures énergétiques dans les biométhaniseurs a fortement impacté les scénarios de croissance du parc européen. L’accent sera mis dorénavant sur une utilisation optimale des déchets. En 2017, la Commission européenne a publié une évaluation du potentiel de production de biogaz basée sur l’hypothèse d’une utilisation de déchets locaux uniquement (boues d’épuration, déchets provenant de l’agriculture, de l’industrie alimentaire et des ménages). L’étude démontre qu’un tel scénario pourrait permettre un doublement de la production européenne de biogaz d’ici 2030. Dans ce cas, la production de biogaz et de biométhane couvrirait alors entre 2,7 et 3,7 % de la consommation énergétique de l’Europe.
[1] tep (tonne équivalent pétrole) : quantité d’énergie équivalant à celle d’une tonne de pétrole. Elle équivaut à 11.630 kWh (kilowattheure) ou 41,0 GJ (gigajoules).
La réactivité de la France en milieu rural question méthanisation, quand on en discute avec les éleveurs pollueurs dans le Massif Central, ils nous répondent qu’il n’y a aucune incitation intéressante…! ____ Et les stations de GNV, où sont-elles installées rapidement ? _____ La France est devenu un pays d’un attentisme et d’une frilosité d’investissements industriels surprenants.____ Même quand il s’agit de lutter contre l’effet de serre , dont l’urgence n’est plus à prouver…, vu le nombre de forêts EN PENTE pas assez humides ! _____ PAS à eaux retenues en agroforesterie accessible en terrasses, donc vite EN FEU…!§!___ Alors… Lire plus »
Bonne nouvelle : le gaz torché des puits de pétrole aurait diminué en 2017 (cette déperdition représenterait les consommations de gaz de l’Allemagne et la France réunie au niveau mondial). Arrêt prévu des torchères 2030 ! – https://www.connaissancedesenergies.org/le-monde-moins-torche-de-gaz-en-2017-180719
Une nouvelle installation à échelle industrielle réduite pour valoriser la méthanisation française :
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/biogaz-une-plateforme-d-innovation-bientot-ouverte-aux-entreprises-780134.html?utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1527742812
La limitation des cultures énergétique dans cette production est un prérequis afin d’éviter une dérive des cultures opportunistes et non alimentaire.
60% de maïs en Allemagne, c’est beaucoup. 15% en france, c’est mieux. L’idéal serait un taux à 0.
effectivement, cultiver des végétaux pour alimenter des centrales de biogaz est une aberration écologique. Surtout que comme ce n’est pas voué à l’alimentation, on ne doit pas se priver de les arroser d’intrants chimiques…
Question : ce biogaz, bien que renouvelable, ne serait-il pas aussi émetteur en CO2 que le gaz classique ?
Quand il est brûlé le biogaz émet du CO2, mais c’est une opération neutre car il réémet le CO2 qui a été absorbé par les matières qui ont servi à sa fabrication. De toutes façons s’il n’était pas brûlé, la même quantité de CO2 serait émises par la digestion où la décomposition de ces matières.
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