Un data center flottant / Image : Nautilus.
L’entreprise californienne Nautilus Data Technology installera des data centers flottants à Marseille et à Los Angeles d’ici quelques mois. Un emplacement qui permettra de déployer une technique de refroidissement plus respectueuse de l’environnement.
Dans nos sociétés où tout devient « connecté », les centres de données sont désormais incontournables et plus que jamais sollicités. Pourtant, ces infrastructures sont vivement critiquées en raison de leur forte consommation énergétique. Elles consomment beaucoup d’électricité, notamment pour le refroidissement des serveurs.
Alors, certains centres de données tentent de se verdir en adoptant des stratégies moins énergivores : ils exploitent les eaux de ruissellement des puits de mine, s’installent dans des régions polaires, produisent et/ou achètent directement de l’électricité bas-carbone… Pour sa part, la startup Nautilus Data Technology utilise de l’eau de mer, en installant des data centers flottants. Les prochains seront bâtis dans les ports de Marseille et de Los Angeles.
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Ces data centers flottants sont des locaux montés sur des barges conçues sur mesure. Ils développeront chacun une puissance de 7,5 MW. Selon Nautilus, les installations ne consommeront pratiquement pas d’eau. Le système de refroidissement est composé de deux circuits, un ouvert et un fermé. La boucle fermée sert à récupérer la chaleur générée par les serveurs. Elle fait circuler le fluide (de l’eau) et le fait passer par un échangeur de chaleur dans laquelle les calories sont transférées au circuit ouvert.
Dans ce dernier, l’eau est puisée dans le milieu naturel, capte la chaleur dans l’échangeur puis est rejetée au même endroit. Selon l’opérateur du projet, ce système ne présente pas de risque pour la faune aquatique. Et pour cause, la température de l’eau rejetée n’est que légèrement augmentée, et aucun additif chimique n’est utilisé. Selon Hervé Martel, directeur général de l’autorité portuaire de Marseille, ce genre d’installation évite de gaspiller les ressources, et c’est l’un des aspects qui l’ont séduit dans le projet.
Le fonctionnement du circuit
Le but de ces technologies flottantes est de réduire la consommation énergétique liée au refroidissement des serveurs. Il faut savoir que jusqu’à 50 % de l’électricité consommée par un data center sert à refroidir les équipements informatiques. L’opérateur Nautilus s’attend ainsi à ce que ses installations pied dans l’eau lui permettent de réaliser autour de 30 % d’économie d’énergie.
D’un point de vue écologique, un tel exploit représenterait un effort significatif. En effet, c’est un fait indiscutable, le numérique pollue. En France, la filière serait responsable de presque 3 % des rejets de gaz à effet de serre. Une quantité assez importante dans laquelle les centres de données contribuent énormément. Ces infrastructures seraient responsables d’un quart des émissions de CO₂ mondiales liées au numérique.
Des emplacements stratégiques
Le choix des sites d’installation dépend de la stratégie de l’entreprise. Nautilus voulait éviter d’investir dans des espaces immobiliers coûteux en ayant privilégié des terres à prix raisonnables qui offrent une bonne connectivité. Le site marseillais se trouve à proximité d’une station d’atterrage de câbles de données sous-marins, et il est proche d’autres portes d’accès majeurs. De plus, la ville est le point de liaison entre les continents européen, asiatique, africain, et le Moyen-Orient.
Le site de Los Angeles offre, quant à lui, un accès aux points de terminaison des câbles transpacifiques. Dans le port de la ville, l’installation fera, en outre, l’objet d’une démonstration et de commercialisation de la technologie marine durable menée par AltaSea. De ces décisions géographiques découlera probablement une meilleure rentabilité du projet.
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Commentaires
Oui bof, ça reste une belle perte de chaleur fatale qui aurait pu servir ailleurs pour chauffer une piscine, des chauffages etc. Bref bonne idée en apparence mais je ne suis pas convaincu.
De très nombreux projets existent et sont en développement pour injecter cette chaleur résiduelle dans les réseaux.
Mais bien souvent, il n'existe pas ce réseau de récupération.
Pour utiliser cette chaleur pour "autre chose" il faut inclure le datacenter dans un projet global de rénovation urbaine.
Donc en gros, construire, le datacenter, en même temps que la piscine et/ou les habitations (pour faire au plus simple, sans devoir casser et reconstruire la ville)
Mais rien ne nous assure que cette source d'énergie sera perenne.
En fait, si.
On est au contraire assuré que les serveurs vont de moins en moins chauffer avec le temps, donc d'ici à quelques années, ces gros projets qui comptaient sur la chaleur perdue des serveurs vont se retrouver avec un besoin de chaleurs qui ne sera plus assuré par le datacenter.
"Il faut savoir que jusqu’à 50 % de l’électricité consommée par un data center sert à refroidir les équipements informatiques."
De moins en moins il me semble.
Il y a un indice pour mesurer ça : le PUE "Power Usage Effectiveness".
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