De l’automobile à l’énergie : la nécessaire ouverture des constructeurs


De l’automobile à l’énergie : la nécessaire ouverture des constructeurs

Tesla, Nissan, Renault : de plus en plus de constructeurs automobiles proposent désormais des solutions de production et de stockage d’énergie. Une diversification de leurs activités devenue aubaine avec l’arrivée des véhicules électriques. Batteries recyclées, powerwalls, toits solaires, stockages géants : tour d’horizon des produits développés par les constructeurs.

Lorsqu’on visite le site de Tesla, le constructeur dresse tout de suite le tableau : « Voiture électriques, panneaux solaires et stockage d’énergie propre ». L’intitulé du domaine ne laisse aucun doute sur ses intentions. La firme de Palo Alto veut autant s’imposer sur la scène automobile que sur celles de l’énergie. Outre ses voitures électriques surpuissantes, Tesla commercialise en effet des batteries domestiques et industrielles, des super-accumulateurs destinés aux réseaux publics d’électricité et des « toits » solaires.

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Tesla sur tous les fronts

Baptisés « powerwall », les batteries domestiques Tesla permettent aux foyers de stocker leur production d’énergie renouvelable et d’être ainsi moins dépendants du réseau public, voir complètement autonomes selon la configuration. Un seul boîtier au look très épuré peut stocker 13,5 kWh d’électricité. D’un poids de 125 kg et d’une puissance maximale de 7 kW, les modules peuvent être associés jusqu’au nombre de 10 en fonction des besoins du logement. Compacts, ils peuvent être fixés sur un mur ou posés au sol en intérieur ou en extérieur. Chaque powerwall coûte 5.500 dollars (4.467 euros au cours actuel), et bénéficie d’une garantie de 10 ans.

Des tuiles solaires parfaitement intégrées aux toitures

Une solution qui trouve tout son intérêt lorsqu’elle est reliée à une source d’énergie renouvelable. Pour cela, Tesla a développé avec le spécialiste américain SolarCity des tuiles solaires. Des cellules solaires intégrées à des tuiles de toiture de styles différents pour aller au-delà des traditionnels panneaux, parfois jugés inesthétiques et incompatibles avec les règles locales d’urbanisme. Garanties à vie sur leur résistance et 30 ans sur leur puissance, ces tuiles commencent tout juste à être déployées en France. Si les tarifs ne sont pas affichés publiquement dans l’hexagone, Tesla propose de réserver une installation pour 930 euros.

Pour avoir une idée des prix, il faut aller sur la version américaine du site de Tesla. Un simulateur permet d’estimer le coût d’un toit solaire. Ainsi, aux États-Unis, un toit d’une surface de 100 m² est facturé 28.500 dollars (23.138 euros), hors remises d’impôts et incitatifs.

Des méga-batteries pour l’industrie et les réseaux publics

Un cran au-dessus, Tesla propose également des batteries de grande capacité pour les sites industriels et les réseaux publics d’électricité. En France, deux entreprises se sont déjà équipées. Une d’entre elle, située à Brioude près de Clermont-Ferrand, a opté pour des « powerpack » de 100 kWh pour stocker sa production d’électricité solaire. Selon le directeur du site, cette solution lui permettrait de fonctionner en autonomie complète pendant 8 mois et à 80% sur le reste de l’année.

Les powerpacks sont également associés en plus grand nombre pour assurer l’indépendance énergétique d’îlots et la stabilité de certains réseaux. En Australie, Tesla a ainsi installé 788 modules pour un total de 129 MWh. Une gigantesque batterie associée à un parc éolien et qui peut délivrer une puissance de 100 MW et permet de sécuriser le réseau électrique d’Australie-Méridionale. Le constructeur californien à par ailleurs installé l’ensemble en seulement 100 jours à partir de la signature du contrat. Autre exemple : Tesla a couplé une vaste ferme solaire à une soixantaine de powerpacks sur l’île de Ta’u, sur la côte ouest des États-Unis. Une installation qui a permis à ses 600 habitants de se débarrasser de la centrale au diesel qui les alimentait jusque-là et d’être totalement autonomes en énergie.

Nissan emboîte le pas avec un xStorage et des panneaux solaires

Tesla n’est pas l’unique constructeur à proposer des solutions de stockage et de production solaire. Nissan exploite également la manne et propose un dispositif similaire au powerwall appelé «xStorage ». Le boitier destiné à des installations domestiques abrite une batterie de différentes capacités : 4,2 ou 6 kWh. Un module plus modeste que son concurrent Tesla, garanti 5 à 10 ans selon le modèle. Le xStorage peut délivrer des puissances de 3,6, 4,6 et 6 kW en fonction des besoins et pèse 135 kilos. Le dispositif est proposé en France à un prix de 3.500 euros hors taxes et coûts d’installation pour la version 3,6 kW et 3.900 euros pour la version 6 kW. Un tarif qui peut s’élever à 5.580 euros si le xStorage est équipé de batteries neuves, le module pouvant en effet bénéficier de batteries recyclées de la Nissan Leaf.

En complément du xStorage, Nissan a lancé début 2018 une offre solaire baptisée « Nissan Energy Solar ». Destinée aux particuliers, elle propose l’installation de panneaux solaires en toiture. Le constructeur facture ainsi 3.881 £ (environ 4.400 euros) les six panneaux et son système de gestion. Ouverte dans un premier temps au Royaume-Uni, l’offre pourrait bientôt s’étendre au reste de l’Europe.

Un stade de 55 000 places sécurisé par des vieilles batteries de voiture électrique

En 2016, Nissan, avec son partenaire Eaton, a également lancé la réalisation d’une batterie géante destinée à assurer l’alimentation de secours de l’Amsterdam Arena. Réalisée à partir de 280 packs usagés de Nissan Leaf, la batterie permettra de sécuriser l’approvisionnement électrique du stade et de ses 55 000 spectateurs lors de grands événements. Le projet doit voir le jour dès cette année.

Au sein de la même alliance automobile, Renault développe lui aussi ses solutions de stockage à partir de batteries recyclées. A l’été 2017, le constructeur au losange s’est associé à l’entreprise anglaise Powervault pour développer une batterie domestique. Assemblé avec des modules usés de véhicules électriques Renault, le dispositif est actuellement en test au sein de 50 foyers au Royaume-Uni. Selon le constructeur, les batteries pourraient ainsi bénéficier d’une « seconde vie » de 5 à 10 ans après une dizaine d’années d’utilisation au sein d’une voiture électrique.

Des batteries Renault recyclées pour alimenter des chargeurs rapides de voitures électriques

Fin 2017, Renault a également dévoilé un système de batteries-tampons destinées à la recharge rapide des véhicules électriques en zone isolée. Baptisé « E-Stor », le dispositif consiste en un ensemble de batteries recyclées isolées dans un petit container et reliées à une borne de recharge rapide. Le pack permet d’assurer l’alimentation de ces équipements extrêmement gloutons en électricité et très coûteux à relier au réseau public. Développé avec le spécialiste Britannique Connected Energy, l’E-Stor lisse les forts appels de puissance générés par les stations de recharge rapide. Deux exemplaires ont déjà été déployés sur des autoroutes allemandes.

Le pays pourrait également bénéficier d’une batterie géante, d’une puissance comparable à celle installée par Tesla en Australie. Le constructeur au losange étudie avec The Mobility House, un de ses partenaires dans la valorisation des batteries usagées, l’installation d’une centrale de 100 mégawatts capable d’alimenter 120 000 foyers. L’installation permettrait à l’Allemagne d’atténuer les pics de consommation en heures de pointes, souvent compensés par la mise en route de centrales thermiques ultra-polluantes.

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