Au pire moment, la Belgique débranche son premier réacteur nucléaire


Au pire moment, la Belgique débranche son premier réacteur nucléaire

La centrale nucléaire de Doel en Belgique / Image : Fred Bchx - Flickr.

Elle avait inscrit la sortie du nucléaire dans la loi en 2003. Vendredi 23 septembre à 21 h, la Belgique éteindra définitivement son premier réacteur, mais sans fanfare ni feu d’artifice. En pleine crise énergétique et climatique, le pays se sépare en effet d’un puissant mode de production d’électricité bas-carbone et pilotable.

Le nucléaire a représenté 52,4 % de la production électrique belge en 2021, loin devant le gaz (24,8 %), l’éolien (11,6 %), le solaire (5,1 %) et les autres filières telles que la biomasse, le biogaz et l’hydraulique (6 %).

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Grâce à une disponibilité exceptionnelle l’année dernière, les centrales nucléaires ont même permis au pays de renouer avec les exportations nettes d’électricité. Avec 12 grammes d’équivalent CO2 émis par kilowattheure, l’atome est également un acteur majeur de la décarbonation de l’électricité belge, aux côtés de l’éolien et du solaire.

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L’étonnante stratégie énergétique belge

Quoi qu’il en soit, la Belgique a décidé de sortir du nucléaire depuis 2003. Un choix qui n’a jamais été remis en question au fil du temps, malgré la crise climatique, le risque de dépendance aux énergies fossiles importées et la lenteur de déploiement de l’éolien, du solaire et des systèmes de stockage.

Seules les conséquences de l’invasion russe en Ukraine semblent avoir éveillé les décideurs. Trop tard. Le pays se retrouve ainsi à fermer définitivement son premier réacteur nucléaire, à l’aube d’un hiver très incertain sur l’énergie en Europe.

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130 millions de tonnes de CO2 évités sur 40 ans

Mis en service le 23 juin 1982, le réacteur n° 3 de la centrale nucléaire de Doel s’éteindra à 21 h le vendredi 23 septembre, marquant le début d’une très longue phase de démantèlement. 1 006 MW de capacité installée bas-carbone disparaîtront brutalement du réseau électrique belge et donc européen.

Ce réacteur aura fourni 270,9 TWh d’électricité et obtenu facteur de charge de 77 % sur ses 40 années d’activité. Il a évité le rejet d’environ 130 millions de tonnes d’eq.CO2, comparé à une production équivalente à partir de centrales au gaz (490 g eq.CO2/kWh).

S’il a été conçu pour fonctionner durant 4 décennies, Doel 3 aurait pu être prolongé d’au-moins 10 ans, comme le sont certains réacteurs nucléaires belges et français. Le cas inverse, son retrait du réseau aurait pu être anticipé par un déploiement bien plus rapide et massif des énergies renouvelables, ainsi que des moyens de stockage les rendant pilotables.

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Du gaz pour compenser

Ce n’est pas la voie choisie par la Belgique, qui a préféré opter pour des centrales à gaz fossile. Alors qu’il passera de 6 à 5 GW de puissance nucléaire installée, le royaume ne possède actuellement que 5 GW d’éolien, 6,2 GW de solaire et 1,3 GW de stockage. Insuffisant pour compenser, sans faire appel à des moyens de production nettement plus carbonés ou aux imports.

En parallèle, la Belgique revendique 7,3 GW de centrales à gaz. Une capacité qui augmentera dans les prochaines années avec l’entrée en service de 2 nouvelles centrales à cycle combiné gaz à Vilvorde (875 MW) et Flémalle (centrale des Awirs, 805 MW projetés).

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