On arrête, on continue, on arrête et finalement, on continue à nouveau. C’est un habituel redémarrage qu’a vécu le 12 novembre la centrale à charbon de Saint-Avold (en Moselle), avec l’arrivée du froid.
En 2023, l’hiver tendu forçait Réseau de transport d’électricité (RTE) à rappeller la centrale thermique de Saint-Avold (Moselle). Durant l’été et en novembre-décembre 2023, rien à signaler, la tranche 6 de la centrale Émile-Huchet de Saint-Avold restait à l’arrêt. Mais en janvier 2024, elle est à nouveau sur le qui-vive. Puis, elle n’a plus donné de signe de vie depuis, et voilà que RTE la rappelle au charbon : alors que « le risque [de tension sur le réseau] est le plus faible depuis 15 ans » avançait Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE, le transporteur national préfère la redémarrer par sécurité.
À 10 heures, ce mardi 12 novembre, les premiers mégawatts (MW) ont été injectés sur le réseau. Elle a mis six heures et trente minutes pour atteindre sa pleine puissance et la stabiliser, aux alentours de 570 MW.
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Son impact carbone n’est pourtant plus à démontrer. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le charbon conservait sa première place d’émetteur de dioxyde de carbone lié à l’énergie : plus de 1 000 g d’équivalent CO2 par kilowattheure, contre moins de 6 g pour le nucléaire, et une trentaine de grammes pour le solaire, par exemple. C’est pour cela qu’elle devait fermer fin mars 2022, après un passage de l’hiver sauvé grâce à la baisse de la consommation. Pour que la centrale rouvre, le gouvernement doit relever le plafond d’émission de gaz à effet de serre pour les installations de production d’électricité à partir de combustibles fossiles. La centrale doit aussi restituer des quotas d’émission (dispositif de l’UE pour contraindre les industries européennes à s’inscrire sur une trajectoire de réduction de leurs émissions, à travers l’échange de quotas).
La France reste engagée, par la voix d’Emmanuel Macron, à sortir du charbon en 2027. Et Olga Givernet, ministre déléguée à l’énergie, d’enterrer définitivement l’avenir de la centrale, sans transition : « pour donner des perspectives, nous devons aller vers des énergies décarbonées. Le gaz ne l’est pas. La biomasse est également une possibilité, mais il faut d’abord que la copie soit solide, ce qui n’est pas le cas. »
Il reste encore trois principales tranches à Saint-Avold. Une au charbon donc, la tranche 6, et les tranches 7 et 8 sont un cycle combiné gaz (CCG) d’une puissance chacune de 430 MW.
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Si on arrête ou reconvertit cette centrale à charbon par exemple par une unité capable de fonctionner dans les memes conditions en particulier en période anticyclonique d’hiver donc froid, sans soleil ni vent au nord de la France ça coûte combien ? On passe alors de 800 g de CO2 par kWh au charbon à la moitié au gaz. Comme cette centrale fonctionne quelques jours par an, ça met la tonne de CO2 économisée à quelle valeur ? Bilan économique global ??? Bref tant qu’on n’a pas la réponse à ces questions, qu’on lui foute la paix à cette centrale… Lire plus »
Je n’ai jamais compris pourquoi on parle autant des centrales au charbon et au fuel en France. Ces centrales sont juste des appoints, elles ne fonctionnent que quelques jours par an.
Leur production est anecdotique mais elles sont très utiles car elles fiabilisent l’approvisionnement électrique qui est indispensable pour l’électrification.
La route, le chauffage, … consomment des quantités affligeantes de pétrole toute l’année et émettent incommensurablement plus de gaz à effet de serre que les centrales de secours.
Finalement, l’article ne donne pas la réponse à la question dans le titre ? Je me trompe où j’ai lu trop vite ?
Bonjour,
Vous posez une question (« pourquoi cette centrale au charbon française a redémarré ? ») mais vous ne donnez pas la réponse, frustrant.
Un reportage cette semaine aux infos à la télé a donné « la » (bonne ?) réponse : pour vendre l’électricité à bon prix aux voisins allemands qui sont en « panne » de courant à cause du manque de vent et donc de faible production de leurs éoliennes. Cela questionne une nouvelle fois la politique énergétique de l’Allemagne…
une petite centrale a charbon qui fc de facon intermittente pour compenser le deficit energetique allemand ? cela me parait farfelu. Et, si cela etait le cas, ou serait la rentabilite ?
L’explication n’est en effet probablement pas fausse, les périodes en automne et printemps sont toujours les plus critiques pour le réseau Allemand avec une probabilité plus élevé d’épisodes qui peuvent atteindre la semaine faiblement venté et sans soleil. Mais c’est donnant-donnant: Lors des problèmes du nucléaire Français avec ses retard de maintenance post-COVID et les problèmes de corrosion sous contrainte, l’Allemagne fait la même chose mais dans l’autre sens en remettant certaines de ses centrales au charbon en route pendant deux hivers. Mais du point de vu Allemand, ces une ou deux semaines critiques à l’année sont un risque et… Lire plus »