Après les secousses à Strasbourg, la géothermie est-elle en danger ?


Après les secousses à Strasbourg, la géothermie est-elle en danger ?

La préfecture de Strasbourg met un projet de géothermie profonde à l’arrêt, après que trois légers séismes aient secoué la population strasbourgeoise le vendredi 4 décembre dernier.

C’étaient les secousses de trop. Les trois séismes qui ont réveillé la population strasbourgeoise le 4 décembre dernier, d’une magnitude de 2,6 à 3,5 sur l’échelle de Richter, ont sonné le glas du projet de géothermie profonde développé par Fonroche. A vrai dire, ce n’était pas les premières secousses : depuis un an, plusieurs petits tremblements de terre ont été ressentis aux alentours du chantier, à Reichstett-Vendenheim (Bas-Rhin).

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La ville alsacienne n’a déploré aucun dégât grave ni aucune victime, mais la préfecture a décidé de mettre un coup d’arrêt définitif au projet développé par Fonroche. La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, voulant ainsi protéger avant tout la population.

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C’est que les riverains étaient excédés. Une voisine du site de forage, Pascale Weber, avait déclaré : « Un précédent séisme a provoqué une fissure dans le couloir de ma maison, celui de vendredi n’a fait qu’aggraver la situation ! ». La préfète du Bas-Rhin veut éviter tout dégât supplémentaire, et a rappelé que les indemnisations des sinistrés seraient prises en charge par Fonroche.

En décembre 2019, les services de l’Etat s’interrogeaient déjà sur la nécessité de suspendre les activités du groupe Fonroche à Vendenheim. Une douzaine de secousses survenues en novembre 2019 à Schiltigheim inquiétaient alors la population strasbourgeoise. Certes, leur magnitude était faible – entre 1,1 et 1,9 sur l’échelle de Richter – mais leur multiplication dans un périmètre géographique restreint n’a laissé aucun doute sur leur lien avec les forages de la centrale de géothermie.

Pour produire de l’énergie géothermique, il faut pomper les nappes aquifères à 5 km de profondeur en injectant de l’eau à haute pression. L’eau géothermale pompée, atteignant souvent les 150°C, permet ainsi de générer à la fois de l’électricité et de l’eau chaude. Il ne s’agit pas de fracturation hydraulique, mais les forages réalisés peuvent créer des fissures profondes qui, sous l’effet de la pression de l’eau injectée, sont susceptibles de provoquer des mouvements souterrains en raison d’ajustements successifs de la roche.

Impact économique et écologique

Il s’agit d’un coup dur pour le groupe Fonroche Géothermie, qui avait investi 90 millions d’euros dans le projet alsacien.

En signifiant l’arrêt définitif des travaux, l’Etat renonce à l’exploitation de la centrale géothermique la plus ambitieuse de France.

Elle devait alimenter en électricité entre 15.000 et 20.000 ménages, ainsi que 26.000 foyers en chaleur directe sur le territoire de la métropole strasbourgeoise.

Mais c’est aussi une mauvaise nouvelle pour la nouvelle maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Europe Ecologie Les Verts – EELV), qui, dans le cadre du Plan Climat, comptait sur cette technologie propre pour atteindre son objectif de 100% d’énergies renouvelables sur le territoire à l’horizon 2050.

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La géothermie menacée ?

Avec 130 centrales géothermiques réparties aux quatre coins du continent européen, la géothermie a encore de beaux jours devant elle.

On trouve des champs géothermiques en Italie, Grèce, Turquie, aux Açores, dans les îles portugaises. Si leurs caractéristiques diffèrent fortement d’un site à l’autre, aucun n’atteint toutefois les performances des centrales géothermiques d’Islande, où il suffit de forer seulement à 2 km de profondeur pour atteindre des températures s’élevant à 460°C !

Malgré l’arrêt de la centrale de Fonroche à Vendenheim, l’Europe compte sur cette source d’énergie renouvelable pour atteindre ses objectifs climatiques. De nombreux autres sites de géothermie ne provoquent aucune activité sismique anormale. Soulignons que la centrale de Fonroche, dans la région strasbourgeoise, est située dans une zone à densité de population particulièrement élevée.

« N’agissons pas sous le coup de l’émotion », avait déclaré Danielle Dambach, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg. Car condamner la géothermie « signifie le recours à d’autres sources d’énergie qui, tout en étant renouvelables, sont parfois plus impactantes pour l’environnement, comme la production de biogaz ».

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