Anti-éolien : gare au retour de flammes
En France, des intellectuels et personnalités médiatiques, le lobby nucléaire et l’extrême-droite, alliés de circonstances, ont déclaré la guerre à l’éolien, accusés de tous les maux. Si par malheur cette tentative de stopper le développement éolien devait réussir, elle conduirait inéluctablement à un recours accru aux combustibles fossiles et une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Après Alain Finkielkraut et Luc Ferry, Stéphane Bern s’enflamme contre l’éolien dans le Figaro du 30 mai. Extraits : « l’énergie éolienne n’est en rien écologique et renouvelable. Elle pollue gravement la nature et détruit le patrimoine naturel et bâti de la France. » Le célèbre défenseur du patrimoine ignore sans doute le mot de Talleyrand, « ce qui est excessif est insignifiant ». Il s’en prend à la ministre Barbara Pompili « coupable de destruction d’un patrimoine naturel, d’atteintes à la biodiversité, d’artificialisation des sols et de soutien aux énergies fossiles ». Soutien aux fossiles ? Oui parce que les éoliennes « fonctionnent seulement 25% du temps et nécessitent l’aide de centrales à charbon, qui rouvrent notamment en Allemagne ». En réalité, la consommation de charbon en Allemagne décroît sans cesse (voir graphique ci-dessous).
La situation est grave, poursuit Bern : « le projet de Mme Pompili implique de passer de plus de 8000 éoliennes en 2019 à près de 15 000 en 2028 ». C’est deux fois moins qu’aujourd’hui en Allemagne, pays plus petit et plus peuplé que la France, ils sont fous ces Allemands !
La colère gronde dans les campagnes, mais « les procédures de recours ont été largement décapitées… comme les oiseaux migrateurs dans les pales de vos machines infernales » s’insurge Stéphane Bern. Nulle part au monde il ne fallait autant d’autorisations et de décisions de justice pour faire aboutir un projet éolien, le tout prenant 7 à 9 ans de travail ; le gouvernement a simplifié les procédures et réduit les recours.
Un gypaète barbu, nous dit Bern, a été tué par une éolienne dans la Drôme « sans que les écologistes ne s’en émeuvent ». Il manque ici l’occasion de nous faire part de son émotion quand pesticides, pare-brise, vitres, chasseurs et chats tuent infiniment plus d’oiseaux que les éoliennes. Bref, conclut-il, l’énergie éolienne « nourrit des promoteurs puissants qui se parent des habits de l’écologie pour faire de l’argent facilement sur le dos de nos concitoyens ruraux », appelant son lecteur à visionner sur internet le film de Charles Thimon, Eoliennes : du rêve aux réalités.
Le soutien du nucléaire vire au nationalisme le plus étroit
Ce film laisse entrevoir une autre dimension de l’hostilité à l’éolien : c’est l’Europe, « donc en réalité l’Allemagne, devant laquelle on est obligé d’être à plat-ventre », qui impose les éoliennes à la France, par hostilité revancharde à l’égard du succès nucléaire français. Elle a imposé des objectifs identiques de développement des renouvelables à tous les pays de l’Union Européenne malgré la diversité des situations – affirmation dont la fausseté éclate en deux clics. Le soutien au nucléaire vire alors au nationalisme le plus étroit, mâtiné de défense des ruraux contre les élites urbaines et la finance internationale, expliquant le ralliement massif à la cause anti-éolienne de l’extrême-droite (et d’une partie de la droite, notamment Xavier Bertrand). En témoignent sur le plateau de LCI les aboiements anti-éoliens du « plus bruyant des trumpistes français », André Bercoff.
Evitons les caricatures : on peut être pour le nucléaire et pour les éoliennes, ou contre le nucléaire et contre les éoliennes. Le soutien au nucléaire traverse la plupart des partis politiques français, à l’exception d’Europe-Ecologie les Verts et de la France Insoumise. Ce fut longtemps un thème fort du Parti communiste, et non l’exclusivité de l’extrême-droite. Néanmoins, on constate très souvent aujourd’hui que les adversaires acharnés de l’éolien sont souvent des défenseurs passionnés du nucléaire. Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à opposer les besoins en métaux et béton des éoliennes à ceux des centrales nucléaire, ou leurs emprises au sol (mais jamais, c’est curieux, leurs besoins en eau). Un argument revient sans cesse, celui des émissions de CO2 associées à la fabrication des éoliennes ou des panneaux solaires, respectivement « deux fois » et « huit fois » plus importantes que celles du nucléaire. Ces chiffres, excessifs car basés sur des données anciennes, devraient d’abord être comparés aux émissions des combustibles fossiles, dix à cent fois plus élevées…
Les pourfendeurs de l’éolien nourrissent surtout le procès de son « intermittence », contrastée avec la « pilotabilité » du nucléaire, sans qu’alors on comprenne bien pourquoi la montée en puissance de l’éolien imposerait d’utiliser plus de gaz naturel dans la production d’électricité[1]. Ils affirment mordicus que les éoliennes « ne marchent que 25% du temps » : en réalité, de 70 à 90% du temps, mais à puissance variable ; 25%, c’est le « facteur de capacité », la production effective par rapport à la production théorique si les éoliennes fonctionnaient tout le temps à leur puissance nominale. Dans le film de Thimon, un intervenant reproche aux promoteurs de l’éolien d’entretenir la confusion entre les capacités électriques (la puissance en mégawatts) et la production (l’énergie en mégawattheures). Mais le film joue lui-même sur cette confusion pour affirmer « l’inutilité des éoliennes », que prouverait la perpétuation des centrales thermiques allemande, et se garde bien de montrer la baisse des consommations de charbon et des émissions de CO2 outre-Rhin.
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A quoi bon l’éolien, nous dit-on, puisque l’électricité française est très décarbonée ? Mais la France n’est pas isolée en Europe, davantage d’électricité renouvelable contribue via les interconnections à décarboner le mix européen. Et surtout, qu’en sera-t-il à l’avenir ? Les anti-éoliens font mine d’ignorer que le parc nucléaire existant vieillit. La prolongation des centrales existantes ne sera ni facile, ni peut-être généralisée, ni sûrement éternelle…
Le nucléaire est moins cher, affirment-ils sur la base des contrats d’achat des débuts de l’éolien et des subventions nécessaires au développement de la filière. Depuis le coût du « nouveau » nucléaire s’est envolé, celui du « nouvel éolien » s’est effondré : le premier représente deux fois le second, et l’écart continue de s’accroître. Pour décider de ce qu’on doit construire aujourd’hui, c’est cela qui compte.
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Imaginons un instant que la vague anti-éolienne l’emporte contre toute rationalité, peut-être en portant l’un de ses soutiens à l’Elysée. RTE, le réseau électrique français, vient de publier une première esquisse de ses scénarios aux horizons 2050-2060, avec 0% à 50% de nucléaire dans la production d’électricité – montrant que le scénario à 50% serait extrêmement ambitieux pour l’industrie nucléaire. Ce scénario nécessite pourtant, pour garantir la sécurité électrique du pays, de multiplier la capacité des éoliennes par 2,5 en France, celle du solaire par 7 (respectivement x4 et x20 pour les scénarios sans nucléaire à terme).
Arrêtons l’éolien, mettons en chantier de nouvelles centrales nucléaires : elles produiront leurs premiers kWh dans quinze ans. Entretemps, la consommation d’électricité aura augmenté, malgré les progrès de l’efficacité énergétique, du fait de l’électrification qui décarbone bâtiments, industries et transports. Si cette croissance n’est pas le fait des renouvelables, elle ne pourra venir que de combustibles fossiles. Sauf à rouvrir nos centrales à charbon, nous serons obligés de construire à toute vitesse des centrales à gaz, et d’augmenter fortement nos importations de gaz naturel. Et davantage encore si les travaux permettant d’assurer la poursuite du fonctionnement de certaines centrales nucléaires existantes s’avèrent trop chers, ou impossibles à réaliser dans les délais… Précisément les difficultés qu’anticipe l’Autorité de Sûreté Nucléaire !
Une alternative ? Il y en a une, bien sûr : renoncer à utiliser l’électricité pour décarboner toute l’économie. Ce serait donc un retour massif aux combustibles fossiles, que ce soit dans les centrales électriques ou chez les utilisateurs d’énergie. L’abandon des espoirs de maîtriser les changements climatiques, la trahison des engagements pris à Paris en 2015 – un retour de flammes au goût de cendres.
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Commentaires
Je ne comprend pas cette guerre, le principe est pourtant simple dans l'absolu, être capable de fournir 100% en energie pilotables, production que l'on reduit de la quantité d'energie non pilotable produite au même moment. Il n'y a pas de conflit entre les deux. Vouloir su tout renouvelables est une connerie en revanche. On ne peut stocker il faut donc pouvoir palier.
Actuellement le mix nucléaire éolien/ solaire/hydro semble être le mieux. On ne peut se passer du nucléaire.
J'ai vu le filme et si ce qu'ils avancent sur le système de rêvente d'électricité edf a prix inférieur.au prix de production c'est par contre en effet une hérésie. Ce quu in signé ça devraient être en prison. Et personnellement je considère que c'est un motif suffisant pour quitter l'europe, car dans ce cas on est plus dans une relation avec des partenaires mais des concurrents.
Pourquoi la france est contre le solaire et l'éolien. En france l'energie est géré par l'etat via edf. La nation fourni de l'energie a tous a un tarif préférentiel, ce service public est une reference et également un pouvoir. La nation l'etat peux decider et contoler votre consommation en coupant le robinet ou zvec des taxes. Avec les energies renouvelables l'individu peux devenir indépendant et donc s'affranchir de l'etat sur l'energie. Voila pourquoi les politiques et tout se qui gravite autour media armee etc sont contre l'auto determination des individus. Avant meme le solaire ou les éoliennes. La création d'edf beaucoup de petit producteur d'énergie se sont fait cassé les pattes. Petit barages moulin electrifier etc etc. La possibilite d'auto consommer ca propre énergie remonte à quelques année seulement. Ce que redoute edf et l'etat que les abonnés abandonne leur abonnement et reste autonome a 100%. Cela devient techniquement possible pas encore rentable... reste a voir dans combien d'années il sera possible de basculer. Perso je pense dans moins de 10 ans. Batterie de recup voiture+ v2h et panneau encore moins cher. Les toitures des bâtiments et maison sont largement suffisant pour produire cette energie, inutile de recouvrir les sol. L'éolienne restera un complément zvec l'hydraulique. Les pays intellectuellement éclairé ne perdent pas de temps avec d'autre technologie.
Effectivement c'est de l'autonomie qu'il s'agit..D'ores et déjà c'est possible à l'échelle locale, avec l'hydrogène, comme indiqué sur sepra81, de multiples façons, sans passer nécessairement par des éoliennes , d'autant que cela responsabilise les utilisateurs pour la sobriété de leur production..Et pour la sidérurgie ( question de Juju) c'est justement avec de l'hydrogène qu'elle se reconvertit pour se décarboner.
Et comment faites vous pour fournir le courant a une sidérurgie électrique par exemple ?
Super article qui explique tout. Probleme les français ils s'en moquent et préfèrent ecouter des discours demago, avec le solaire pas de lumiere la nuit😜. Et voter pour un candidat qui dira tu t'occupes de rien je l'occupe du reste. Du moment que la facture ne grimpe pas trop. Pas de problème edf créé des deficites l'etat est garant. Dans 10 a 15 ans le gros des centrales nucleaire seront a detruire, et aujourd'hui le nucleaire coute plus cher quee le renouvelable, comment arriver a faire passer la pilule, de la démagogie a la tv a la radio, tous corrompu. Malheureusement.
Attendons les panneaux photovoltaïques en Pérovskite pour équiper chaque foyer français...
Il faut aussi que ces panneaux soient produits dans une économie bas carbone pour ne pas avoir une dette Carbonne trop importante s'ils doivent fonctionner en France !
Mettons deux panneaux photovoltaïques sur chaque toit en France et voyons ...
Ça ne mange aucune place !
Si on couvrait de PPV rien que le bâti orienté Sud en France on produirait le double de ce que produit l'ensemble du parc nucléaire en état de marche (ce qui n'arrive jamais. En ce moment par exemple 19 des 56 réacteurs sont en carafe pour diverses raisons) Cf. Le regard des hommes sur le Soleil paru chez ISTE Editions.