Les analystes de Lux Research Inc., une société internationale de conseil en stratégie et de renseignement sur les technologies émergentes, ont étudié les effets de la crise sanitaire sur la transition énergétique. Leur conclusion est catégorique : la Covid-19 a permis aux acteurs du secteur de l’énergie d’entrevoir les effets des changements qui les attend. Elle provoquera sans aucun doute une accélération de la transition dans les années à venir.
Vous avez déjà tous vu des cygnes. En général ils sont blancs, mais quelques-uns, extrêmement rares, sont noirs. Selon la théorie du « cygne noir », certains évènements qui ont une très faible probabilité de survenir peuvent avoir des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. La catastrophe nucléaire de Fukushima, provoquée par un tsunami, en a été un bel exemple. La pandémie de la Covid-19 est encore plus emblématique.
Lux Research est un bureau international de conseil et de recherche en stratégie qui dispose de sièges à Boston, New York et Amsterdam. Ses analystes ont étudié les effets de cette crise et ses conséquences sur le secteur de l’énergie et plus particulièrement sur la transition énergétique. « Nombreux sont ceux qui ont vu dans la COVID-19 un cygne noir. Cette appellation est sans aucun doute justifiée, compte tenu de la soudaineté de cet événement et des très graves impacts qu’il a sur tous les aspects de la vie dans le monde entier » estiment-ils.
« Mais pour l’industrie de l’énergie, ce n’est vraiment pas le cas. Cette crise a été plutôt un cygne blanc », poursuivent-ils. La réduction de la demande de pétrole, la forte pénétration des énergies renouvelables et la diminution des émissions de CO2 ont plongé l’industrie dans une situation sans précédent. Etait-ce une surprise ? Non, répond Lux Research : « Cette période a donné en temps réel un aperçu des bouleversements que la transition énergétique provoquera dans quelques années et des défis auxquels l’industrie sera confrontée au cours de la prochaine décennie », prédisent-ils.
>>> Lire aussi : Nous avons dix ans pour sortir du pétrole
Les chercheurs ont analysé plus particulièrement les impacts de la crise sanitaire sur les réseaux d’énergie, les capacités de stockage, la décarbonisation de l’industrie, l’utilisation optimale des ressources, les approvisionnements en lithium, la mobilité et l’aviation.
Selon ces experts, « les entreprises doivent tirer les leçons de cette période afin d’être plus résilients dans la transition énergétique ». Quant aux Etats qui planifient actuellement leurs plans de relance post-COVID, ils doivent « profiter de l’occasion pour accélérer la transition énergétique ».
>>> Lire aussi : Grâce à la transition énergétique, l’Europe émet moins de CO2 pour produire son énergie
Plusieurs milliards de dollars seront consacrés au financement des infrastructures énergétiques à bas carbone ; les entreprises doivent donc se préparer à aligner leurs stratégies « pour capitaliser sur ce qui sera fort probablement une accélération de la transition énergétique dans les années à venir » nous assure Lux Research en conclusion.
Commentaires
J’ai lu le rapport de Lux Research, histoire de m’initier au symbole du cygne noir, pour moi énigmatique. Hélàs je n’y ai trouvé - à part de jolies photos- qu’une série d’affirmations qui relèvent plus du souhait que d’une réalité contrastée. Du genre : « COVID-19 exposed the vulnerabilities of the industry to dramatic changes in demand. » Ça mange pas de pain, avec ce genre d’argument on pourrait tout aussi bien affirmer que la chute du prix des produits pétroliers est une opportunité pour les entreprises. Bref, je ne vois aucun lien expliqué entre Covid et transition énergétique, à moins d’y croire très, très fort. Il faudrait au moins commencer par démontrer que cette transition permet aux entreprises de faire des économies dans le contexte de la crise à venir sans précédent.
Le Covid19 nous fait prendre conscience de nos lacunes et ébranle nos certitudes. Il y près de 70 ans, mon "maitre d'école" nous disait que nous avions bien de la chance de vivre à cette époque qui était la notre, car grâce aux antibiotiques et aux avancées de la médecine, nous avions vaincus les microbes de façon définitive, et les grandes épidémies qu'avaient connus nos ancêtres, comme la peste ou le choléra faisant des centaines de milliers de mort, étaient derrière nous, et que nous ne verrions plus jamais ça sur la planète.
Le pauvre homme est certainement décédé depuis longtemps, sans savoir qu'il se trompait. Mais son optimisme a quand même un écho aujourd'hui, celui de croire qu'on tire toujours une leçon de nos malheurs.
Et cependant nous avons vécu, sans le savoir (?), d’autres épidémies aussi graves dans les années précédentes, 650.000 dans le monde rien que pour la grippe commune. Si on ajoute la malaria et la tuberculose, multiplier par trois (mais ça n’a pas l’air de nous importer beaucoup). S’il fallait pour autant bloquer chaque année l’économie mondiale, l’humanité mourrait de faim. Va-t-on en « tirer une leçon » pour le futur, ou accepterons-nous nous le chantage pandémique chaque année?
Ce n'est pourtant pas le cas du milieu scientifique et médical qui mettait en garde la possibilité du retour de grandes épidémies possibles. Des alertes ont régulièrement été émises ces dernières années.