La centrale solaire agrivoltaïque Sun'Agri d'Étoile-sur-Rhône / Image : Révolution Énergétique - HL.
L’agrivoltaïsme, c’est un peu la dernière idée à la mode. Un moyen de faire co-exister production alimentaire et production d’électricité renouvelable. Et un cabinet d’expert lui prévoit aujourd’hui un avenir radieux.
Produire des énergies renouvelables, c’est parfois accepter de soustraire des terres à leur vocation « historique ». Lorsque l’on imagine exploiter des terres pour produire des bioénergies, par exemple. L’activité entre alors en concurrence directe avec la production alimentaire. La promesse de l’agrivoltaïsme, qui allie photovoltaïque et agriculture, est justement d’éviter les conflits d’usage.
Et le cabinet Allied Analytics vient de publier une note d’analyse sur la question. Alors que la puissance agrivoltaïque installée dans le monde était de moins de 3 MW (0,003 GW) seulement en 2012, elle était déjà passée à 5 GW en 2020. Les experts estiment que la croissance du marché devrait désormais être de l’ordre de 10 % jusqu’en 2031. Avec un marché mondial — dominé par le secteur des cultures — qui atteindrait alors les 9,3 milliards de dollars.
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L’agrivoltaïsme, justement, on en parle beaucoup en France, depuis quelque temps. Une première définition a été inscrite dans la loi d’accélération des énergies renouvelables. L’idée : déployer des panneaux solaires dans les champs. En gardant à l’esprit que ces panneaux photovoltaïques, en plus de produire de l’électricité renouvelable, devront rendre au moins un service à l’exploitation agricole. Améliorer le potentiel agronomique des parcelles, contribuer à l’adaptation au changement climatique, protéger les cultures et les élevages des aléas ou améliorer le bien-être animal.
On envisage ainsi que les panneaux solaires pourront retarder le dessèchement des sols durant la période estivale, fournir de l’ombre aux plantes et limiter de fait l’évapotranspiration et les besoins en irrigation ou encore offrir un abri aux animaux qui peuvent librement circuler en dessous.
Mais l’agrivoltaïsme a aussi ses détracteurs. Ils estiment que la France dispose de suffisamment de toitures et de friches industrielles pour atteindre ses objectifs de production photovoltaïque — pour rappel, 100 GW d’ici 2050. Et ils craignent une artificialisation supplémentaire des sols et des coups portés à la biodiversité. D’autant que des scientifiques le confirment. L’agrivoltaïsme, ce n’est tout de même ne pas pour tout le monde. Les roses, par exemple, ont besoin de beaucoup de lumière pour s’épanouir. C’est plus généralement le cas des cultures sous serre pour lesquelles la production semble difficile à maintenir lorsque des panneaux solaires recouvrent les toits. Globalement, les chercheurs estiment que la densité de panneaux ne doit pas dépasser les 30 % de celle d’une centrale solaire classique.
L’agrivoltaïsme au banc d’essai
Plusieurs expérimentations sont en cours. Pour vérifier, voire optimiser les bénéfices de l’agrivoltaïsme. Certaines présentent des agneaux en meilleure santé. Des animaux mieux dans leurs pattes. D’autres concluent à des productions fourragères mieux lissées sur l’année et de meilleures qualités, ou observent une recrudescence des abeilles et autres insectes bénéfiques aux cultures. Et pour apporter encore plus de réponses scientifiques, un pôle vient d’être lancé à l’initiative de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Avec l’objectif, entre autres, de s’assurer que les projets d’agrivoltaïsme répondent bien avant tout à une problématique agricole.
Selon l’Ademe, ces dernières années, 160 projets d’agrivoltaïsme ont vu le jour en France. Déjà 15 % de notre parc photovoltaïque est aujourd’hui installé sur des exploitations agricoles. Et selon l’association SolarPower Europe, si des projets d’agrivoltaïsme étaient déployés sur seulement 1 % des terres arables européennes, ils pourraient atteindre les 900 GW de puissance. Mais à ce jour, la plus grande installation agrivoltaïque du monde se trouve… en Chine. En bordure du désert de Gobi. Là, on cultive des baies sous des panneaux solaires d’une puissance totale de bientôt 1 GW à elle seule.
Commentaires
ça me parait un peu compliqué et onéreux (mécanisme d'ouverture ou fermeture), les poses les plus simples en ombrières sur parking (qui vont baisser en sup la température au sol de l'enrobé) ou sur plan d'eau (bassin haut de STEP par exemple) qui vont éviter l'évaporation et améliorer le rendement me semblent nettement plus judicieuses. Vu à la télé la pose d'un tel système sauf que la vigne au sol avait la terre à nue...Mais peut être y a t il d'autres arguments
C'est bien de pondérer le sujet.
Oui, il y a des bénéfices pour certaines pratiques mais pas pour toutes ni en tout lieu...
Au Nord de la France, où un des éléments limitants est la chaleur du sol au printemps (cela limite parfois certaines pratiques de paillage à certaines époque de l'année) l'agrivoltaisme a pour l'instant moins d'intérêt qu'au Sud de la France où les grosses chaleurs d'été sont préjudiciables à bien des cultures et où le dessèchement des sols est plus prononcé...