En 2009, l’Europe avait fixé à chaque Etat membre un objectif à atteindre fin 2020 en ce qui concerne la part des renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie. Eurostat, l’institut européen de statistique, vient de révéler les résultats : tous les pays ont atteint et même souvent dépassé leur objectif, sauf un : la France !

Lorsqu’en 2009, la Commission avait fixé dans une directive la part d’énergie renouvelable que les différents Etats membres devaient atteindre en 2020, elle avait évidemment tenu compte du potentiel et des ressources de chaque pays.
Avec son très long littoral favorable au développement de l’éolien offshore et des autres énergies marines, ses massifs montagneux propices à la production d’énergie hydroélectrique, sa façade méditerranéenne bien ensoleillée et son domaine forestier étendu qui permet l’exploitation d’importantes ressources en biomasse, la France figurait parmi les élèves les plus favorisés. Elle s’était vu attribuer un objectif de 23 %, lequel a été inscrit dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte, entrée en vigueur en 2015.

À lire aussi 100% de renouvelables en France, c’est possible : le rapport qui fâche EDF, le lobby et le président

Objectif européen : 20%

Était-il ambitieux ? En tout cas, d’autre pays comme la Suède (49%), la Lettonie (40%), la Finlande (38%) ou l’Autriche (34%) devaient viser beaucoup plus haut. A l’inverse, la Belgique, par exemple, ce plat pays chanté par Jacques Brel, « avec son ciel si gris qu’un canard s’est pendu » (sic) et sa forte densité de population qui ne laisse pas beaucoup de place entre les villes et les villages à l’implantation de parcs éoliens, avait reçu un objectif plus modeste : 13%.

Au total, le but fixé pour l’ensemble des Etats membres était de 20%, juste en-dessous de la mire française.

Précisons, s’il le faut qu’il s’agit bien ici de la consommation finale brute d’énergie, donc pas seulement de la demande en électricité mais aussi de l’énergie consommée par les industries, l’agriculture, les transports, le chauffage des bâtiments, etc.

À lire aussi En Europe, le potentiel éolien pourrait satisfaire à tous nos besoins énergétiques

L’Union a dépassé son objectif …

La proclamation des résultats s’est faite quelque peu attendre, mais Eurostat, l’institut européen de statistique, vient enfin de dévoiler les bilans. Avec 22,1 % de renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie, l’Union européenne dans son ensemble a dépassé son objectif.

Vingt-trois pays ont fait mieux, voire beaucoup mieux que ce qu’il leur avait été demandé. Au premier rang figure la Suède, où les énergies renouvelables représentent 60% des consommations énergétiques. En Finlande et en Lettonie, la part des énergies renouvelables a dépassé 42% en 2020, en Autriche 36% et au Danemark 32%.

À lire aussi La performance du bon élève danois : 75 % d’électricité renouvelable en 2019

… mais la France échoue !

Trois pays ont tout juste réalisé le but assigné : la Belgique (13% de renouvelables en 2020), les Pays-Bas (14%) et la Slovénie (25%). Un seul pays, la France, a échoué, on peut même dire « lamentablement » : 19,1% d’énergies vertes au lieu de 23%, ce qui constitue en outre une infraction à la loi votée en 2015.

Championne du nucléaire, la France est donc bel et bien le cancre de la classe européenne en matière d’énergies renouvelables. N’y aurait-il pas comme une relation de cause à effet ?

À lire aussi Lenteur dans l’éolien en France : Barbara Pompili se mouille

 

Notons qu’en dehors des frontières de l’Union, d’autres pays européens se distinguent encore mieux : en Islande, la part des renouvelables dans la consommation finale d’énergie dépasse 83%, en Norvège 77%, en Albanie 45% et au Monténégro, 43%.

À lire aussi Les énergies marines poursuivent leur progression en Europe