Après la gigantesque panne de courant survenue le 9 août 2019 dans le sud de l’Angleterre et au Pays de Galles, l’opérateur du réseau anglais a décidé de construire une batterie géante de 100 MW / 100 MWh destinée à éviter ce genre d’incident. L’installation vient d’entrer en service, moins de deux ans après l’événement.
Les Britaniques se souviendront longtemps du 9 août 2019. Ce vendredi-là, peu avant 17 heures, en peine heure de pointe, le réseau électrique disjoncte, provoquant une gigantesque panne de courant dans une grande partie du sud de l’Angleterre, mais aussi au Pays de Galles et dans quelques zones du nord-est.
Que s’est-il passé ?
Dans un rapport rendu public une dizaine de jours plus tard, National Grid, le gestionnaire du réseau, explique qu’au moment de l’incident, 30% de la consommation électrique étaient couverts par l’éolien, 30% par les centrales au gaz, 20% par le nucléaire et 10% étaient importés des pays voisins par les interconnexions.
A 16h52, le foudre frappe une ligne à haute tension au nord de Londres. Les mécanismes de protection du réseau entrent en action, la perturbation dure moins de 0,1 seconde et la ligne est à nouveau opérante dans les 20 secondes. Mais l’opérateur du réseau enregistre une chute de production de l’ordre de 500 MW à cause de petites centrales thermiques et solaires qui ont disjoncté pour se mettre en sécurité. Quasi au même moment, deux grosses unités de la centrale au gaz de Little Barford se mettent aussi automatiquement à l’arrêt, entraînant une perte de production de 641 MW. Dans la foulée, le parc éolien offshore de Hornsea, le plus grand du Royaume Uni, qui délivre à ce moment 799 MW, réduit brutalement sa production à 62 MW après avoir enregistré l’impact de la foudre et s’être mis en sécurité. Au total, la perte de production atteint 1.378 MW, soit plus que la capacité de la réserve primaire qui était ce jour-là de 1.000 MW dont 475 MW de batteries de stockage.
Malgré le recours à cette réserve, la fréquence sur le réseau (laquelle peut varier en temps normal entre 49,5 et 50,5 Hz), descend à 48,8 Hz. C’est plus que la tolérance acceptée et dans ce cas, la réserve secondaire entre en jeu : des clients sont déconnectés pour restaurer l’équilibre entre la consommation et la production et c’est le black-out dans une partie du pays.
A 16h57, cinq minutes après le « coup de foudre », la fréquence est restaurée sur le réseau du National Grid, et dès 17h06, les distributeurs reconnectent les clients. Une opération qui dure jusqu’à 17h37. La remise en service des chemins de fer prendra toutefois beaucoup plus de temps à cause d’importants blocages dans les gares, lesquels perdureront encore pendant des heures.
Construction d’une nouvelle batterie de 100 MW
Après l’analyse des raisons de la panne géante, l’opérateur et les autorités ont évidemment décidé de prendre des mesures pour éviter la répétition d’un tel incident dans le futur. Parmi celles-ci, il a été décidé de construire à Minety, dans le sud-ouest de l’Angleterre, une grande batterie de stockage de 100 MW et d’une capacité de 100 MWh qui pourra renforcer la réserve primaire.
La commande a été confiée à l’entreprise chinoise Sungrow. Celle-ci a fait appel à deux technologies différentes. Elle utilise d’une part des cellules lithium-ion de type NMC (nickel manganèse cobalt) et d’autre part des cellules FFP (lithium fer phosphate). Cette solution permet d’allier la densité de puissance élevée des batteries LFP (capables donc de fournir beaucoup de puissance en peu de temps) à la grande densité d’énergie des batteries NMC qui permet de fournir l’électricité sur une plus longue période.
L’installation devait répondre aux dernières exigences fixées par le Royaume-Uni pour les systèmes de régulation de fréquence, dont notamment un temps de réaction de moins d’une seconde. Cette caractéristique fait de la batterie géante de Minety la plus performante de Grande-Bretagne en la matière. Elle a été mise en service il y a quelques jours, soit un peu moins de deux ans après le black-out d’août 2019.
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Bonjour, j’ai connu une époque et des pays dits pauvres qui pour compenser une chute de fréquence baissaient immédiatement la tension de manière à baisser la puissance du réseau …. et cela marchait. cela pourrait être automatisé par seuils de fréquences et sur toutes les machines … mais cette solution ne semble pas être appréciée (La puissance d’un réseau n’est pas fonction uniquement que de la demande -ce qui est vrai a tension constante- elle est fonction de la tension et varie (très)vite avec celle-ci … c’est une solution qui peut-être envisagée le temps de démarrer des turbines à gaz… Lire plus »
Je pense que faire varier la fréquence peut nuire gravement au fonctionnement de tous nos appareils électriques. Qu’il est donc moins risqué de couper le courant pendant un certain temps que de faire varier la fréquence, qui pourrait provoquer des plaintes ? Donc des poursuites ? Donc des coûts facilement évitables..
Tout dépend de la quantité qu’il faudrait stocker.
Opérionnelle en deux ans, remarquable. Combien de temps, si un t’elle événement arrive en France. Rien que les démarches administrative de permis de construire, d’information du publique et de dossier à la DREAL on en a au minimum pour trois ans avant de poser la première pierre. Alors les autorisations de mise en service je n’ose même pas y penser.
C’est d’ailleurs là la vraie fonction des packs géants de batteries: ils ne servent pas à stocker l’électricité (il faudrait pour cela empiler de véritables montagnes de packs) mais à renforcer la stabilité du réseau.
Que ferions-nous si les Chinois n’étaient pas là?