Le SolarCoin n’est pas une crypto-monnaie comme les autres. Alors que le « minage » du bitcoin et des autres monnaies virtuelles basées sur la blockchain s’accompagne d’une énorme dépense en énergie, le SolarCoin stimule la production d’énergie renouvelable. Les propriétaires d’installations photovoltaïques peuvent recevoir un SolarCoin pour chaque MWh produit.
Derrière la spéculation frénétique qui fait grimper (ou chuter) le cours des crypto-monnaies comme le Bitcoin, se dissimule un réseau mondial de serveurs informatiques qui les produit par la technique de la blockchain. Cette opération s’appelle « minage » et les particuliers ou les organisations plus structurées qui mettent leurs ordinateurs à disposition, sont des « mineurs », rémunérés pour « frapper » les monnaies virtuelles.
Problème : la puissance de calcul des machines utilisées pour fabriquer ces devises digitales est proportionnelle à leur valeur. S’il y a quelques années il suffisait d’un simple PC, il est nécessaire aujourd’hui de disposer d’ordinateurs puissants dotés de cartes graphiques spécifiquement conçues. Celles-ci consomment d’énormes quantités d’électricité : les estimations varient, mais selon certains experts la fabrication des crypto-monnaies nécessiterait autant d’énergie que la consommation de pays comme le Maroc, le Danemark ou l’Irlande (30 TWh/an). Une seule transaction en bitcoin consommerait aujourd’hui autant d’énergie qu’une maison individuelle en une semaine. Au train où le succès de ces monnaies s’accroît leur impact écologique explose. Leur existence même représente une véritable bombe à retardement susceptible d’annihiler les efforts entrepris pour lutter contre le changement climatique.
Le SolarCoin est également une crypto-monnaie utilisant la technologie blockchain, mais à la différence des autres devises virtuelles, sa fabrication ne consomme que très peu d’énergie ; elle stimule au contraire la production d’électricité renouvelable et encourage la transition énergétique.
Un SolarCoin pour chaque MWh solaire produit
Créée en 2014 par la Fondation SolarCoin, cette devise rétribue les exploitants d’installations photovoltaïques, qui en font la demande. Ils peuvent obtenir 1 SolarCoin pour chaque MWh solaire produit. Comme pour le bitcoin, la rareté du SolarCoin est programmée : les fondateurs ont décidé de créer 98 milliards de SolarCoins qui devraient permettre d’assurer la distribution de cette monnaie aux producteurs photovoltaïques pendant 40 ans. Cela correspond à la production de 97.500 TWh d’électricité « verte ». L’objectif est de permettre l’utilisation de SolarCoins dans les transactions entre particuliers ou avec des commerçants, fournisseurs de services ou autres partenaires du projet.
Le SolarCoin (abréviation : SLR) peut s’échanger sur différentes plateformes en ligne contre des devises telles que Dollar US, Euro, Franc suisse, Livre sterling, Yen, … mais aussi Bitcoin. Actuellement, le cours du SLR est encore modeste : on peut en obtenir environ 20 centimes d’euros mais il s’accroît lentement : il y a 2 ans le SLR ne valait encore que 5 centimes.
La fondation SolarCoin s’est fixée un objectif de 25 euros pour la valeur de sa monnaie. Une installation photovoltaïque d’environ 5 kW, produisant entre 6 et 8 MWh par an, devrait alors permettre de gagner avec les SLR reçus, l’équivalent de 150 à 200 euros chaque année, ce qui représente quand-même un bel incitant !
Réseau de partenaires
Si le système de récompense est automatique grâce à l’ElectriCChain qui valide les données de production, la Fondation Solar Coin conserve un rôle de certification et de gestion. En effet, pour enregistrer son installation, le demandeur fournit un dossier (photo de l’installation, relevé de compteur, etc.), vérifié de manière indépendante par un réseau de bénévoles. Dès que le dossier est validé, l’octroi de SolarCoins est inscrit dans un registre public. Pour les installations compatibles, des onduleurs ou d’autres automatismes peuvent reporter dans la blockchain la quantité d’électricité produite et le propriétaire est alors crédité directement des SolarCoins correspondants.
Un certain nombre de grands producteurs d’électricité solaire, comme ACWA Power en Arabie Saoudite, ont déjà enregistré leurs actifs photovoltaïques sur la plate-forme SolarCoin. Mais, corollaire de sa jeunesse, le SolarCoin ne jouit pas encore, pour le moment, d’un large réseau de partenaires qui l’admettent comme moyen de paiement. En France, le fournisseur d’électricité EkWateur a été le premier à accepter le SLR. Deux plateformes de financement participatif, Lumo et TheSunExchange, l’ont également adopté. Après avoir investi en euros dans un projet photovoltaïque sur les toits de serres agricoles à Torreilles, dans les Pyrénées Orientales, des particuliers percevront tous les six mois une somme en SolarCoins, variable en fonction de la production, en plus d’une rémunération classique en euros. La société belge de monitoring de l’énergie Smappee a également inclu le SolarCoin dans ses possibilités de paiement. Alesia Communications, spécialiste français des relations publiques et du marketing des énergies renouvelables l’accepte aussi en échange de ses services.
Ce ne sont là que quelques exemples et nous espérons que la liste s’allongera rapidement au fur et à mesure que le SolarCoin gagnera en notoriété.
En savoir plus : le site de la fondation SolarCoin
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