Un document rédigé par la Direction Générale du Trésor confirme que l’Etat français étudie la construction par EDF de six nouveaux réacteurs nucléaires sur 3 sites différents. L’endettement astronomique de l’électricien ne lui permettra toutefois pas de financer les travaux dont la facture totale devrait s’élever au minimum à 47,2 milliards d’euros. Le gouvernement étudie dès lors la possibilité de prendre une grande partie du financement à sa charge. EDF serait aussi rémunéré par un tarif d’achat garanti de l’électricité produite.
Le document que s’est procuré le site Contexte révèle les résultats d’un groupe de travail auquel participaient EDF, le ministère des finances et celui de la transition écologique. Il devait répondre à une question : comment financer la construction des six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR prévus par la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) pour la période 2019 à 2028. Evalué par le cabinet de conseil Roland Berger, le coût total des chantiers s’élèverait à 47,2 milliards d’euros. Les travaux s’étaleraient sur 20 ans entre 2024 et 2044.
Des estimations qui ne tiennent pas compte des dérives budgétaires et des retards importants constatés sur les chantiers des 4 EPR actuellement en construction à Flamanville (Manche), Hinkley Point (Angleterre) et Olkiluoto (Finlande). Pour rappel, la construction de l’EPR de Flamanville, commencée en 2007, est marquée par une série ahurissante de vices de construction, de surcoûts et de retards dont on ne voit toujours pas la fin aujourd’hui. Son coût, établi initialement à 3 milliards d’euros, pourrait s’élever au final à plus de 19 milliards, estime la Cour des Comptes. A Olkiluoto, les travaux débutés en septembre 2005 pour une mise en service initialement prévue à mi-2009, s’éternisent aussi. Vous comptez bien : plus de 10 ans de retard également.
Bien que le projet des 6 nouveaux réacteurs s’appuierait sur un modèle « amélioré » de l’EPR, appelé EPR2 et présenté par EDF comme plus simple et moins cher à construire, l’entreprise ne peut évidemment donner aucune garantie qu’avec ce nouveau design tout retard et dérapage budgétaire soient exclus.
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Une importante intervention de l’Etat
Englué dans une montagne de dettes qui devrait s’élever à plus de 60 milliards d’euros d’ici 2028, le groupe EDF ne pourra clairement pas dégager le cash nécessaire pour financer les 6 nouveaux réacteurs. C’est la raison qui a conduit le groupe de travail à étudier différents scénarios dans lesquels l’État prendrait, au moins partiellement, le relais. « La trajectoire financière d’EDF au cours des prochaines années avec une capacité d’endettement additionnelle du groupe très contrainte […] rend nécessaire une importante intervention de l’État sous forme de subventions d’investissement », peut-on lire dans le rapport.
En pratique, le gouvernement apporterait 54 % des fonds nécessaires soit 25,6 milliards d’euros. Mais selon le deal envisagé, il prendrait aussi à sa charge entre 50 et 100 % des éventuels surcoûts jusqu’à 30% de dépassement et 100% de la facture au-delà de cette limite.
En outre, un prix de vente garanti, appelé CfD (contract for difference) serait assuré à EDF pour permettre à l’entreprise de vendre l’électricité produite par ces nouveaux réacteurs en dégageant des profits. Selon les différents scénarios étudiés, ce prix se situerait dans une fourchette de 45 à 63 € par MWh, alors que le coût annuel d’exploitation des nouveaux EPR2 serait, selon EDF, similaire à celui de son parc actuel : 33 € par MWh.
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Aucune décision n’est encore prise
Comme on s’en doute, un tel niveau de subsides ne manquera pas de susciter des questions, pour ne pas dire de sérieuses réticences du côté de la Commission européenne, laquelle réglemente strictement les aides d’état. Dans un précédent article, nous avions d’ailleurs déjà signalé que l’Europe demande la dislocation du groupe EDF. Le plan de financement mis au point par l’entreprise et l’administration est donc loin d’être acquis.
Autre question : comment le gouvernement français pourrait-il dégager tous ces milliards alors que les finances publiques sont déjà fortement sollicitées par la crise du Covid-19 et le plan de relance annoncé ?
Du côté du ministère de la Transition écologique, l’entourage de Barbara Pompili, affirme qu’aucune décision n’est encore prise quant à la construction éventuelle des 6 nouveaux réacteurs. « Il s’agit d’un document de travail de l’administration qui ne traduit rien de plus que l’étude des hypothèses prévues par la PPE » nous explique-t-on. Comme annoncé précédemment, la décision qui engagerait la France dans un nouveau programme nucléaire devrait attendre le prochain quinquennat. Le gouvernement ne veut en effet pas se prononcer avant la mise en service et l’entrée en production du réacteur EPR de Flamanville. L’évaluation qui sera faite des capacités d’EDF à conduire sans problèmes ni surprises désagréables de nouveaux projets nucléaires sera déterminante.
L’exécutif a d’ailleurs précisé qu’un scénario dans lequel la France se reposerait sur un mix électrique d’origine 100% renouvelable était également sur la table.
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Ses décisions et ses constructions sont très longues et elles se font toutes prendre de vitesses par la rapidité d’installations et des coûts toujours plus faibles des renouvelables. Alors même si en France on aime bien cultiver non exceptions. On ne peut se que se rendre à l’évidence tôt où tard. Meme le particulier est sollicité par Ikéa et demain par Tesla pour faire du solaire photovoltaïque sur son toit et en plus s’il a une batteries stationnaire où encore une batterie de 100 kWh avec une capacité de nombre de cycle supérieur à 3000 où 4000 cycles dans sa… Lire plus »
L’installation de panneaux photovoltaïques ne peut se faire que par le propriétaire du logement, et si il se trouve dans une maison individuelle; ce qui réduit à 11 millions le nombre de logements compatibles en France pour être « auto-suffisant » en électricité. Si l’on soustrait à cela les endroits peu ensoleillés (Nord-est de la France), ceux qui n’ont pas les moyens, et ceux qui sont trop âgées pour voir la rentabilité d’une telle installation, ça devient tout de suite beaucoup plus limité.
La RE2020 qui devrait bientôt arriver, va imposer les panneaux solaires aussi sur les batiments collectifs. Allez voir dans le « grand nord » par exemple la vallée du Rhin du côté Allemand et vous pourrez voir le nombre de toits équipés en photovoltaique.. .
Historiquement, il faut se rappeler que les études de définition de l’EPR ont été commencées en collaboration avec l’Allemagne. A une époque où les verts allemands représentaient une force politique incontournable, ils étaient déjà farouchement opposés au nucléaire, mais ont été néanmoins intégrés aux différentes instances de définition du projet. Jusqu’à ce que l’Allemagne se désengage officiellement du projet, Ils ont tout fait pour torpiller l’EPR, exigé des systèmes de sécurité invraisemblable et rendre non viable. Début 2000, la France s’est retrouvée seule à la tête d’un projet qui avait complètement dérivé. Nous aurions du tout remettre à plat mais… Lire plus »
~19 milliards pour l’EPR de Flamanville dépensés, à comparer avec l’annonce de ~2 milliards pour l’Hydrogène dans « le plan de relance » suivis par ~7 milliards pour les années suivantes …
Je ne comprends pas ce titre. Cela fait un moment que l’on parle de cette étude de 6 EPR. Rien de secret à l’horizon. La décision devrait être prise en 2022 ou 2023 (mais il n’y a pas vraiment de suspens, à part sur le coût global).
https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/le-gouvernement-fait-plancher-edf-sur-ses-futurs-epr-en-france-1139927
@Paul P : relisez bien le titre, ce qui est « secret » ce ne sont pas les 6 réacteurs dont il est en effet question dans la PPE, mais bien l’étude des possibilités de financement par l’Etat pour pallier à la défaillance financière d’EDF, et ceci en contradiction avec les règles de l’EU qui encadrent strictement les aides d’Etat pour garantir la libre concurrence.
Le budget de 47 milliards d’euros commence à apparaitre raisonnable s’il ne s’agit que de la construction des deux premiers EPR2. Plus simple que l’EPR cela signifie quoi exactement ? On supprime quel élément….. de sécurité ? Tous les EPR y compris les deux chinois ont au minimum doublé leur temps de constructions et même ceux qui viennent à peine de commencer à Hinkley Point annonce déjà des retards et des dépassements des budgets initiaux, ce qui a été aussi le cas des deux chinois à hauteur de 60%. Comment peut-on croire à nouveau ce qu’annonce EDF dont la politique… Lire plus »
C’est bien ce qui fait peur quand on voit les conditions citées dans l’article : Mais selon le deal envisagé, il prendrait aussi à sa charge entre 50 et 100 % des éventuels surcoûts jusqu’à 30% de dépassement et 100% de la facture au-delà de cette limite.
Très bonne affaire pour EDF dans ces conditions…
Mais moi je sais qui va payer ces errements si les décideurs décident de donner suite à ces fantasmes de nucléocrate
Le postulat étant de ne pas augmenter les impôts des classes moyennes et des entreprises, les fonds de l’état n’étant pas extensibles, quel service de l’état devra-t-on déshabiller pour financer ces centrales qui sont de véritable trou sans fond ? Devra-t-on continuer à diminuer le nombre de lits dans les hôpitaux? Avoir moins de fonds pour agrandir les écoles et nommer des enseignants afin de pouvoir diminuer les effectifs par classe et ainsi permettre aux professeurs d’exercer leur métier plus sereinement? Moins de nomination de juge et de greffier pour éviter que les victimes ne subissent pas la double peine?… Lire plus »
L’état empruntera en notre nom et notre dette déjà insupportable pèsera sur les générations futur. Des enfants qui ne naitront qu’au XXII e siècle sont pratiquement déjà endetté, comme ceux qui naissent aujourd’hui ont au jour de leur naissance une dette de près de 40 000 euros.
La dette est l’unique moyen de création monétaire, que ce soit pour des centrales nucléaires ou pour des parcs éoliens cela revient au même. Rembourser sa dette cela veut dire diminuer la masse monétaire en circulation, donc la diminution du PIB.
Complétement à coté de la plaque. La dette c’est dépenser de l’argent que l’on dépense mais que l’on na pas, et l’argent n’est que la contrepartie d’un service ou d’un produit matériel. Et si on n’a pas l’argent c’est que l’on n’a pas créer le service ou le produit mais que l’on dépense sa contrepartie. Et cela n’a rien à voir avec le fait de dire éolienne PPV ou nucléaire, c’est pareil. Aujourd’hui il faut 5 fois moins de temps pour créer avec les outils du renouvelable ce qui produira la même chose qu’avec l’outil nucléaire et pour 3 à… Lire plus »
C’est vous qui avait abordé le sujet de la dette, un sujet que vous maîtrisez très mal apparemment. Je vous invite très cordialement à lire le livre de Gilles Mitteau pour vous mettre à niveau.
Tien vous avez trouvé un nouveau gourou pour expliquer que c’est en dépensant l’argent qu’on n’a pas que l’on crée de la richesse
Ca ne marche pas pour la France, puisque l’Etat français n’est pas le seul a avoir de la dette en euro. Ce n’est plus la France qui determine la masse monétaire, mais la banque centrale européenne.
Ca ne change rien à mon affirmation, si il y a 5 personnes dans une voiture, et que 2 personnes descendent, le poids total a diminué, quand bien même chaque personne soit de nationalité différente et que la voiture soit en location. Quand on parle de masse monétaire, peu importe qui rembourse et d’où vient la monnaie puisque l’on calcule un total.
Je ne crois pas à la Modern Money Theory. Il est vrai qu’il faut un certain niveau de dette, (c’est ce qui à été reproché principalement à l’Allemagne pendant la crise précédente), mais l’Allemagne preferera sortir de l’Euro que de suivre la voie de l’endettement sans limite, ce qui entrainerai une dévaluation forte de l’euro pour les pays restants par rapport aux autres monnaies.