CrossWind, le projet du consortium Shell-Eneco, a été sélectionné pour construire et exploiter au large de la côte néerlandaise un parc éolien offshore hybride de 759 mégawatts (MW) qui comprendra aussi des panneaux photovoltaïques flottants, un stockage par batteries et la production d’hydrogène vert.
A travers le consortium NortH2, le groupe pétrolier Shell développe à Rotterdam aux côtés d’autres partenaires un centre de production d’hydrogène vert pour alimenter ses raffineries installées sur place.
Pour ce faire, NortH2 utilisera des électrolyseurs qui séparent l’hydrogène et l’oxygène de l’eau grâce à l’énergie éolienne. Le projet nécessitera une capacité éolienne offshore totale de 3 à 4 gigawatts (GW), espérant même atteindre 10 GW à l’horizon 2040.
Dans un premier temps, Shell espère produire 50.000 à 60.000 kilos d’hydrogène par jour dès 2023, et décarboner ainsi la totalité des activités de sa raffinerie de Pernis.
Dans ce contexte, le projet CrossWind, développé par le groupe anglo-néerlandais Shell et Eneco (un producteur d’électricité néerlandais appartenant depuis peu à Mitsubishi), devrait permettre d’alimenter un électrolyseur de 200 MW pour l’une de ses raffineries.
CrossWind a vu le jour dans le sillage de l’appel d’offres lancé par le gouvernement néerlandais pour la construction du plus grand parc éolien offshore[1] aux Pays-Bas : une puissance de 759 MW composé de 69 éoliennes Siemens-Gamesa. Baptisé « Hollandse Kust (Noord) », il est situé à 18,5 kilomètres de la côte, à proximité de la ville d’Egmond aan Zee.
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Cette adjudication est la cinquième d’une série d’appels d’offres qui doit permettre aux Pays-Bas de disposer d’une capacité installée offshore de 11 GW à l’horizon 2030.
Eneco et Shell espèrent exploiter ce parc dès 2023 et produire 3,3 térawatts-heure (TWh) par an. Une telle quantité d’électricité permet d’alimenter plus d’un million de foyers néerlandais en énergie verte.
Cinq technologies différentes
Ce qui a permis de démarquer le consortium CrossWind de ses concurrents, parmi lesquels l’énergéticien danois Ørsted, c’est la proposition du partenariat Shell-Eneco de combiner plusieurs technologies différentes sur un seul site : éolien offshore, optimisation de l’effet de parc entre éoliennes, appelé aussi effet de sillage[2], photovoltaïque flottant, système de stockage à court terme par batteries et production d’hydrogène vert.
L’adjudication pour la construction du parc offshore Hollandse Kust (Noord) ne prévoit aucun subside ni aucune aide de la part du gouvernement néerlandais.
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Réduire l’effet de sillage et la variabilité de l’éolien
Les 69 éoliennes Siemens-Gamesa auront une puissance nominale de 11 MW et un rotor d’un diamètre de 200 mètres. Les machines seront espacées de plus d’un kilomètre l’une de l’autre, afin d’effacer l’effet de sillage. Le géant danois Ørsted a en effet constaté dans plusieurs de ses parcs éoliens offshore que l’effet de sillage était souvent sous-estimé, et responsable de pertes de production parfois importantes. Afin de réduire ces pertes au maximum, Eneco a décidé d’accroître l’interdistance entre chaque éolienne, et fera appel à un algorithme qui calculera en temps réel la vitesse de rotation optimale de chaque turbine.
Par la mise en place de batteries, Eneco veut également diminuer la variabilité de l’énergie éolienne produite, et « contribuer à la réalisation du premier parc éolien offshore innovant en matière d’intégration réseau », a déclaré Kees-Jan Rameau, Directeur de la Croissance Stratégique chez Eneco.
La coentreprise CrossWind testera aussi plusieurs innovations en termes de flexibilité et d’intégration, par exemple de panneaux solaires flottants, avec la perspective de les développer à plus grande échelle dans d’autres parcs offshore si les résultats sont concluants.
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[1] Le plus grand parc éolien offshore du monde est actuellement Hornsea One. Situé dans les eaux au large du Yorkshire, en Angleterre, il a une capacité installée de 1,2 gigawatts (GW).
[2] L’effet de sillage est la diminution de la vitesse du vent derrière une éolienne en rotation, entraînant des turbulences, et dès lors une baisse de production des éoliennes se trouvant dans le sillage de celle-ci par rapport à la direction du vent.
Et l’économie de ce système ? Quelles sont les subventions versées au fournisseur d’électricité pour produire sur le marché de électricité ? Y compris le cas échéant le coût des liaisons électriques sous-marines si comme en France ce sont les consommateurs qui les financent « à l’insu de leur plein gré » ?. Ce qui n’est pas dit, c’est que malgré les batteries qui constituent un stockage de court terme qui « lisse » la production éolienne très variable (elle varie selon le cube de la vitesse du vent : si celui passe de 1 à 10 m/s, l’énergie varie de 1 à 1000… Lire plus »
« L’adjudication pour la construction du parc offshore Hollandse Kust (Noord) ne prévoit aucun subside ni aucune aide de la part du gouvernement néerlandais. » « Y compris le cas échéant le coût des liaisons électriques sous-marines si comme en France ce sont les consommateurs qui les financent « à l’insu de leur plein gré » ?. Qui finance les installations en France ? Les contribuables, non ? Que ce soit pour l’éolien ou les autres modes de production. Quand on paye des impôts, on se doute un peu que c’est pour financer des infrastructures. Et quand on paye sa facture électrique aussi. Je préfère… Lire plus »
Concernant les coûts de raccordement au réseau, en France, ceux ci sont intégralement pris en charge par le porteur de projet Enr dès que celui ci dépasse les 3 MW.
http://www.arnaudgossement.com/archive/2017/12/04/energie-deux-arretes-du-30-novembre-2017-precisent-le-niveau-6005263.html
Donc les installations sont financées par les porteurs de projet, les raccordement aussi, et le dernier appel d’offre pour de l’éolien offshore en France a été attribué à un tarif de 44€ / MWh, soit un tarif concurrentiel avec les prix de marché de l’électricité.
Parfait, c’est encore mieux que ce que je pensais. Merci
Le « fiasco de Flamanville » coûte, en effet relativement cher (c’est une tête de série), mais les « renouvelables » intermittentes ou variables coûtent aussi très cher. Plus de 120 milliards engagés (selon la Cour des Comptes) pour une production relativement faible dont une grande partie exportée à bas coût.
« Dans un premier temps, Shell espère produire 50.000 à 60.000 kilos d’hydrogène par jour dès 2023, et décarboner ainsi la totalité des activités de sa raffinerie de Pernis. »
Pour moi décarboner l’activité d’une raffinerie, c’est fermer la raffinerie…
Dommage que l’hydrogène produit ne serve pas à stocker l’énergie produite, c’était l’occasion d’avoir un facteur de charge record pour de l’éolien. Les batteries, c’est bien aussi, mais moins ambitieux, non ?
Je suppose que derrière une raffinerie, il y a aussi toute la pétrochimie dont on est loin de pouvoir se passer (ou même d’essayer de se passer).
« il y a aussi toute la pétrochimie dont on est loin de pouvoir se passer ».
Oui, bien sûr, la réalité est en effet bien plus compexe et le chemin vers moins de dépendance au pétrole l’est tout autant.