L’OID (Observatoire de l’immobilier durable) a organisé le 28 avril dernier une conférence en ligne pour présenter Bat’Adapt, une nouvelle application permettant d’évaluer la vulnérabilité de tous les immeubles de France métropolitaine aux aléas climatiques. Le webinaire était l’occasion d’aborder la question de la résilience des bâtiments, dont le besoin d’adaptation met en avant les avantages des solutions low-tech.
L’application Bat’Adapt est le résultat d’une coopération fructueuse entre la ville de Paris et l’OID, qui croise les données scientifiques de plusieurs instituts de recherche français : Météo France, le Cerema (Centre de ressources sur l’évaluation des risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) et le BRGM (bureau d’études géologiques et minières) et l’Ademe (Agence de la transition écologique). Bat’Adapt s’appuie également sur les prévisions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour évaluer les risques climatiques entre 2020 et 2090, et notamment sur le scenario le plus pessimiste, qui prévoit une augmentation de la température comprise entre 2,6 et 4,8 degrés par rapport aux niveaux préindustriels (1860).
La plateforme analyse les risques climatiques physiques de chaque bâtiment, résidentiel ou tertiaire, et évalue sa résilience ou sa vulnérabilité. Que ce soit la chaleur, la sécheresse, les gonflements et retraits d’argile, les inondations ou les submersions marines, chaque contrainte climatique est prise en compte par le logiciel afin d’anticiper les risques auxquels chaque bâtiment est exposé.
Bat’Adapt analyse la hauteur du bâtiment, le type de toiture et de façades, les espaces intérieurs et extérieurs, le type de fondations, etc. pour identifier un profil de risques « actuels et futurs ».
Le logiciel traduit de manière claire les informations techniques et scientifiques en données intelligibles tant pour les acteurs du bâtiment que pour le grand public.
La low-tech a la cote
Sans qu’il soit vraiment question de construire des maisons paracycloniques (Lire notre article du 3 février 2019 « Nos maisons se préparent aux phénomènes extrêmes »), les bâtiments vont devoir s’adapter rapidement aux changements climatiques pour faire face à l’augmentation de la fréquence des périodes de canicules, de sécheresse, d’inondations ou d’orages violents.
Mais, alors que la haute technologie s’invite dans bon nombre de constructions industrielles (voitures autonomes, logistique robotisée, agriculture assistée par drone, etc.), le secteur du bâtiment voit surtout l’avenir avec la low-tech, que l’on peut définir en trois mots : sobriété, accessibilité, réparabilité. Cette définition rejoint assez bien celle du bâtiment passif en général : limiter au maximum les besoins de chauffage pour ensuite réduire l’utilisation des systèmes exploitant l’énergie fossile.
Les nouveaux défis que va devoir affronter le secteur de la construction nous ramènent inévitablement à Philippe Bihouix, directeur général adjoint de l’Arep[1], et auteur de « L’âge des low-tech. Vers une civilisation techniquement soutenable » (2014 – paru aux Editions du Seuil).
Une approche low-tech consistera, entre autres, à privilégier l’utilisation de matériaux bio-sourcés ou peu transformés, tels que l’argile, le bois et la paille, qui allongent efficacement le temps de pénétration de la chaleur à l’intérieur des bâtiments. Outre qu’elle est un excellent isolant thermique, la paille est également un isolant acoustique très efficace, et un support d’enduit de finition.
Par ailleurs, afin de dimensionner de manière optimale la puissance des équipements de chauffage et de ventilation, on aura recours au puits provençal, aux panneaux aérovoltaïques (qui combinent les technologies photovoltaïque pour produire de l’électricité et solaire thermique pour chauffer l’habitation), ainsi qu’aux menuiseries pariétodynamiques, qui permettent de limiter les fuites ou de stocker l’énergie.
Qu’on y croie ou non, la low-tech compte un nombre d’adeptes de plus en plus élevé, et dessine petit à petit les contours d’une nouvelle société qui tente de remplir au mieux les besoins de chacun en termes de confort, tout en garantissant une civilisation acceptable et soutenable malgré l’épuisement des ressources.
[1] Agence d’architecture interdisciplinaire, filiale de SNCF Gares & Connexions
La fenêtre pariétodynamique, un produit Low-tech et performant qui permet de se libérer de la VMC double flux…
https://www.fenetre-enr.fr/
… »aux panneaux aérovoltaïques (qui combinent les technologies photovoltaïque pour produire de l’électricité et solaire thermique pour chauffer l’habitation)… »
Cette partie, même si pouvant être jugée intéressante, ne s’inscrit pas dans la logique « low-tech ». C’est même plutôt l’inverse.
Dommage car l’article est très intéressant par ailleurs.
“submersions marines”??? Pour une élévation du niveau moyen des mers de 10 cm max. à la fin du siècle ?
En low-tech on peut citer aussi :
– se déplacer à pied plutôt qu’en voiture,
– se déplacer à vélo plutôt qu’en voiture, – utiliser un vélo cargo pour transporter des charges plutôt qu’une voiture,
– réduire la surface construite à moins de 30 m² par personne.
– rafraîchir son logement par ouverture des fenêtres plutôt qu’utiliser une climatisation (cf article sur les PAC).
A ce titre le confort thermique d’été des logements passifs et à prendre en compte. En zone urbaine, avec le bruit routier, c’est difficile de l’assurer sans recourir à la climatisation.
– rénover une maison plutôt qu’en construire une neuve.