EDF est au-devant de défis colossaux pour les prochaines années. Mais les résultats exceptionnels de 2024 laissent penser que l’électricien parvient progressivement à remonter la pente, après des années particulièrement difficiles.
Luc Rémont a dû pousser un « ouf » de soulagement, en lisant le bilan comptable d’EDF, pour cette année 2024. Grâce à la forme exceptionnelle de son parc nucléaire, à une excellente production hydroélectrique et des énergies renouvelables toujours en hausse, EDF est parvenu à produire 520 TWh d’électricité sur l’année. En termes de production d’électricité, tous les voyants sont au vert, avec :
- 41,3 TWh de hausse pour le nucléaire,
- 21,7 TWh de hausse pour l’hydroélectricité,
- 6,7 % de sa production d’origine solaire et éolienne.
En parallèle, EDF peut se vanter de fournir au pays l’une des électricités les moins carbonées au monde, avec une intensité carbone de 30 gCO2/kWh, en baisse de 19 % par rapport à 2023.
L’année 2024 a été marquée par des prix de marché de l’électricité nettement en baisse. Cette évolution de prix a engendré une réduction du chiffre d’affaires d’EDF de 15,7 %. Ce chiffre d’affaires n’a donc atteint « que » 118,7 milliards d’euros. Pourtant, cela n’a pas empêché l’électricien français de consolider un bénéfice net de 11,4 milliards d’euros, soit 1,4 milliard d’euros de plus que l’année dernière.
Ces chiffres devraient faire les affaires du Premier ministre François Bayrou, puisque EDF va devoir verser pas loin de 2 milliards d’euros de dividendes à son unique actionnaire : l’État. D’ailleurs, EDF ne devrait pas non plus échapper à une récente hausse des impôts qui touche toutes les entreprises françaises dont les bénéfices dépassent les 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Cette hausse d’impôt devrait rapporter à l’État 480 millions d’euros supplémentaires.
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Malgré ces résultats encourageants, pour la deuxième année consécutive, tout reste encore à faire pour EDF. De nombreux défis attendent l’électricien, à commencer par les arrêts de tranche de nombreux réacteurs du parc nucléaire, et par la première visite de Flamanville en 2026. L’arrêt de l’EPR permettra d’ailleurs d’en remplacer le couvercle de cuve.
Pour préparer l’avenir, les équipes d’EDF sont lancées dans un véritable contre-la-montre pour établir le budget des futurs EPR2, car le temps presse. Si le detailed design a été validé, la décision finale d’investissement devrait être prise durant le second semestre 2026, pour la pose de la première pierre dès 2027.
Enfin, la fin du dispositif de l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) est prévue pour le 31 décembre 2025. Le mécanisme de remplacement, qui n’a pas encore été fixé, aura un impact très important sur les revenus d’EDF. Pour maintenir une situation financière acceptable, Luc Rémont a récemment déclaré vouloir trouver de nouveaux consommateurs d’électricité à hauteur de 150 TWh d’ici 2035.
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Concernant l’arrêt (provisoire) de l’EPR, il s’agit plutôt du remplacement du couvercle de la cuve et non de la cuve !