Si l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) vient d’autoriser EDF à poursuivre ses essais de démarrage de l’EPR de Flamanville en augmentant sa puissance de charge, certaines inquiétudes demeurent, notamment en raison d’un problème vibrations. 

Ça y est, EDF vient d’obtenir l’autorisation de l’ASNR pour poursuivre les essais de démarrage de l’EPR de Flamanville à un niveau de puissance supérieur à 25 %. Il s’agit d’une étape importante vers la mise en service définitive du nouveau réacteur français. Pourtant, tout n’est pas rose. À fin 2024, l’ASNR avait relevé 49 anomalies relatives à l’EPR de Flamanville, dont 15 de niveau 1 sur l’échelle INES. Malgré cela, Olivier Dubois, commissaire de l’ASNR s’est montré rassurant en expliquant que c’était une situation normale pour un réacteur en cours de mise en service. Toujours selon lui, beaucoup d’événements seraient liés à un facteur humain, à des difficultés de coordination des équipes lors de la préparation des essais, tout en admettant que la mise en service du dernier réacteur en France, à Civaux, avait été l’objet de beaucoup moins d’événements significatifs.

Surtout, une notion perdure : celle de vibrations qui seraient intimement liées à la conception de l’EPR. La situation serait telle que, selon le média Blast, un cadre d’EDF aurait indiqué que l’énergéticien ignorait si l’EPR pourrait un jour fonctionner à pleine puissance.

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Plusieurs problèmes derrière le même terme

En réalité, derrière ce terme se cachent plusieurs problèmes. Le plus connu d’entre eux concerne probablement les vibrations du groupe motopompe primaire n°3 (GMPP 3). Lors d’essais à chaud avant la première divergence, EDF avait pu constater des vibrations atteignant le double de la limite autorisée, lorsque la température du circuit approchait les 300 °C. Ce problème avait d’ailleurs été relevé sur le réacteur finlandais Olkiluoto 3. C’est d’abord la ligne d’expansion du pressuriseur (LEP) qui avait été identifiée comme potentielle source de ces vibrations. Elle avait donc été modifiée en conséquence avec la mise en place d’un dispositif absorbeur de vibrations qui équipe également le réacteur finlandais.

Finalement, la modification n’aura conduit à aucune amélioration. Les équipes d’EDF ont donc conclu que le problème était interne au GMPP 3. Le fonctionnement et les critères d’arrêts spécifiques de celui-ci ont été adaptés en conséquence, ce qui a satisfait l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) en 2023.

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Vibrations à tous les étages

En parallèle, EDF a relevé « des vibrations excessives sur les collecteurs du système d’alimentation de secours des générateurs de vapeur ». Si ces vibrations ont été qualifiées « d’acceptables » pour la fatigue des matériaux concernés, le problème devrait être surveillé par le biais d’essais périodiques, avant que les lignes ne soient modifiées par EDF.

Pour finir, un phénomène plus inquiétant a entaché le fonctionnement d’un des EPR de la centrale chinoise de Taishan. Sur celui-ci, un défaut de la cuve, dont le design est commun à tous les EPR, aurait entraîné des vibrations anormales au niveau des assemblages de combustible. Ces désordres ayant été constatés en 2021, EDF a pu apporter des modifications de design sur les systèmes de maintien des crayons de combustible. Ces modifications ont également été jugées suffisantes par l’IRSN en 2023.

Toujours à l’occasion de la cérémonie des vœux, Olivier Dubois s’est voulu rassurant concernant ces sujets, en expliquant : « Il y a eu, pour certains de ces phénomènes vibratoires, des modifications qui ont été mises en œuvre pour tenir compte du retour d’expérience ».