La course aux systèmes de stockage par batterie serait-elle enfin lancée en France ? Quelques semaines après l’annonce de la construction de la plus grande batterie de stockage stationnaire (BESS) de l’hexagone, on apprend que celle-ci devrait être dépassée dans quelques mois seulement.

La méga batterie nantaise d’Harmony Energy n’a qu’à bien se tenir : promise au titre de plus grande batterie de France avec une puissance de 100 MW et une capacité de 200 MWh, elle ne devrait pas le rester très longtemps. Du côté de Reims, la société TagEnergy vient d’annoncer la construction imminente d’une batterie de 240 MW et 480 MWh. Si tout va bien, celle-ci devrait être mise en service d’ici la fin de l’année 2025, seulement quelques mois après l’installation du pont de Cheviré.

Pour réaliser cette installation, TagEnergy pourra compter sur un partenaire de poids : Tesla, qui devrait livrer un total de 140 Mégapacks sur le site de Cernay-lès-Reims. Avec cette BESS (Battery Energy Storage System), l’entreprise fournira à RTE une capacité critique pendant les périodes de forte demande. Celle-ci devrait participer à l’optimisation de la production d’énergie renouvelable, et la stabilisation du réseau. L’installation, dont le coût devrait dépasser les 100 millions d’euros, est financée par Tagenergy ainsi qu’un consortium de banques européennes.

Les batteries choisies pour la plateforme seront de type LFP (Lithium-fer-phosphate), une technologie réputée pour sa durée de vie, et son niveau de sécurité plus élevé que d’autres types de batteries lithium-ion. Les batteries LFP présentent également moins de risques de dégradation thermiques.

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À quoi sert le marché de la « réserve secondaire » ?

Pour l’heure, le déploiement massif de systèmes de stockage d’énergie en France est compromis par l’absence de stratégie claire à l’échelle nationale. Néanmoins, pour rendre son installation viable d’un point de vue économique, TagEnergy a pu compter sur le lancement, ou plutôt le relancement, d’un dispositif de RTE destiné à stabiliser le réseau : la réserve secondaire.

RTE a pour mission d’assurer, en permanence, l’équilibre entre la production et la consommation électrique à l’échelle nationale. Pour mener cette mission à bien, le gestionnaire de réseau français constitue et active des réserves d’équilibrage classées en trois catégories : réserves primaire, secondaire et tertiaire.

La réserve primaire a pour rôle d’agir en quelques secondes aux déséquilibres de fréquence du réseau. Elle est directement pilotée par les grands producteurs et consommateurs d’énergie. La réserve secondaire, mise en place en 2019, est automatiquement pilotée par RTE, et intervient en second rideau pour corriger des déséquilibres plus importants. Cette réserve est gérée par un marché d’ajustement de la fréquence. Néanmoins, en 2021, ce dispositif a été suspendu pendant près de trois ans à cause de problèmes de compétitivité et de difficultés techniques.

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Grâce à des ajustements menés par RTE, la réserve secondaire a finalement été relancée en juin 2024. Ce marché, qui représente une centaine de millions d’euros par an, prend désormais la forme d’appels d’offres journaliers pour la mise à dispositions de capacité d’ajustement sous forme de production ou de consommation d’électricité. C’est ce marché qui est à la base du modèle économique développé par TagEnergy, pour son système de stockage par batterie.

Avec le développement des énergies renouvelables non pilotables, qui nécessitent un degré d’ajustement plus important, la réserve secondaire est promise à un rôle de plus en plus important dans la stabilisation du mix électrique français.