Dans sa quête de la neutralité carbone fixée en 2060, la Chine inaugure une centrale solaire d’une puissance comparable à celle de deux des plus grands réacteurs nucléaires français. Implantée sur des mines de charbon désaffectées, l’installation utilise des technologies modernes, et promet d’alimenter des millions de foyers.
Il n’aura fallu que 14 mois pour construire cette immense centrale solaire chinoise du projet Mengxi Blue Ocean, situé dans le désert de Gobi, à Ordos, en Mongolie-Intérieure. Cette installation photovoltaïque se compose de 5,9 millions de panneaux solaires montés sur suiveurs et déploie une puissance de 3 GW, ce qui en fait la deuxième plus puissante au monde, juste après le projet Midong, en Chine. Ce dernier est constitué de 5,26 millions de panneaux bifaciaux déployant 3,5 GW. Mengxi Blue Ocean, c’est aussi la plus grande centrale sur site unique en Chine. Elle s’étend sur « seulement » 7 000 hectares. En comparaison, le parc de Midong occupe une superficie totale de plus de 80 000 hectares, les panneaux étant largement répartis sur les vastes étendues de terres.
Après un peu plus d’un an de construction, la centrale a été mise en service le 5 novembre dernier et fournit désormais de l’électricité dans les zones côtières. Les panneaux ont été préassemblés par des bras robotiques, et se verront aussi nettoyés par des robots. Quant aux suiveurs solaires, ces systèmes, fournis par l’entreprise Artech, s’appuient sur l’intelligence artificielle afin d’optimiser l’angle d’inclinaison des modules. Leur utilisation a amélioré la capacité de l’installation de près de 8 %. La centrale devrait ainsi fournir 5,7 TWh d’électricité par an pour alimenter 2 millions de foyers.
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Dans ce pays tournant majoritairement à l’énergie fossile, le projet permettrait d’économiser 1,71 million de tonnes de charbon par an, évitant l’émission annuelle de 4,7 millions de tonnes de CO2. D’ailleurs, la centrale est installée sur un ancien site d’extraction de mines de charbon. Le terrain a été affecté par des affaissements dus à ces anciennes exploitations, poussant l’opérateur du projet à investir dans des solutions adéquates, notamment des systèmes de montage flexibles avec des poteaux télescopiques pour s’adapter à la structure du sol.
De plus, la centrale a également été pensée pour mieux respecter les prairies environnantes. Sous les panneaux, en effet, se développent des plantes fourragères et des plantes fixatrices de sable, qui offrent un espace végétatif utilisé comme pâturage pour des moutons australiens. Ainsi, au lieu d’utiliser du béton, le constructeur a misé sur des monopieux en acier en forme de H, qui se révèlent moins invasifs pour l’écosystème.
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Porté par CHN Energy — qui vient de mettre également en service la plus grande centrale solaire offshore au monde — ce projet s’inscrit dans une initiative plus large visant à transférer de l’électricité de l’Ouest vers l’Est du pays. Ce programme, instauré depuis deux décennies, cherche à mieux faire face au déséquilibre des ressources énergétiques dont souffre la Chine. En effet, la géographie du pays désavantage largement ses régions orientales, dans lesquelles les demandes en électricité sont pourtant très élevées en raison du fort développement économique. Le grand projet vise donc à acheminer l’énergie depuis des zones de l’Ouest, comme la Mongolie-Intérieure, Guizhou et Yunnan, vers les zones déficitaires de l’Est, dont Pékin, Guangdong, ou encore Tangshan.
Alimente 2 millions de foyers une journée ensoleillée d’été oui. Pour la nuit et l’hiver ce sera du charbon.