Ni l’éolien ni le solaire ne sont capables de produire « à la demande ». Ces deux sources renouvelables ne génèrent de l’électricité qu’en fonction des conditions météo et de l’ensoleillement, par nature aléatoires. Mais doit-on les qualifier d’énergies intermittentes ou d’énergies variables ? La réponse n’est pas si simple.
Pour le Larousse, le terme « variable » se rapporte à quelque chose « qui change avec le temps ». Le terme « intermittent », quant à lui, qualifie quelque chose « qui est coupé d’interruptions ». La différence est subtile. Mais elle existe. Ainsi, se poser la question de savoir lequel de ces adjectifs caractérise le mieux l’éolien et le solaire peut bel et bien trouver du sens.
Car rappelons en préambule que les panneaux photovoltaïques, tout comme les éoliennes, ne produisent de l’électricité que lorsque le soleil brille, le jour et pas la nuit, par exemple, pour les premiers ou lorsque le vent souffle pour les secondes. Ainsi a-t-on été initialement tenté de regrouper solaire et éolien sous la bannière des « énergies renouvelables intermittentes ». L’abréviation EnRi apparaît alors dans bon nombre d’écrits et de publications.
À lire aussi Éoliennes et panneaux solaires devront fournir de l’électricité 24h/24 en IndeDe l’énergie intermittente à l’énergie variable
Mais au fil du temps, le terme semble avoir acquis une connotation négative. Il est notamment employé par des opposants au déploiement du solaire ou de l’éolien qui présentent cette intermittence comme un défaut majeur de ces énergies. Un défaut qui met en danger le réseau électrique et qui contraint à conserver en état de fonctionnement, des moyens de production « non intermittents ». Des moyens dits « de base » comme les centrales à gaz — qui émettent du dioxyde de carbone (CO2) — ou les centrales nucléaires.
Les partisans des renouvelables, notamment, préfèrent désormais qualifier le solaire et l’éolien d’énergies variables. Pour mieux rendre compte de la réalité, disent-ils. Parce que, selon eux, il est plus juste de dire que la production éolienne « change avec le temps » que de dire qu’elle « est coupée » d’interruptions.
Il est vrai que le terme « intermittent » peut renvoyer à l’image d’un moyen de production qui serait actionné par un interrupteur. Qui produirait donc soit à 100 %, soit à 0 %. Or, ce n’est pas tout à fait le cas. Une éolienne, par exemple, s’arrête rarement de tourner d’un coup d’un seul. Sa production peut tout à fait tomber à zéro, mais elle varie aussi au fil des heures en fonction de la vitesse du vent. Et la variabilité ne doit pas nécessairement s’envisager à l’échelle d’une seule éolienne. Mais au moins à celle d’un parc dans son ensemble, voire d’un pays ou d’un continent tout entier. Il devient alors d’autant plus rare que la production ne devienne réellement nulle. Surtout lorsque la région considérée présente une géographie variée qui favorise des régimes de vent différents. C’est toutefois un peu moins vrai pour les panneaux photovoltaïques qui ne produisent effectivement pas du tout pendant la nuit.
À lire aussi Voici la vertigineuse intermittence du parc éolien en mer de Saint-NazaireDe l’intermittence choisie à l’intermittence subie
Des chercheurs français ont tenté une définition. Ils confirment que la « variabilité » caractérise les fluctuations d’une source d’énergie. Mais ils précisent qu’elle ne présage en rien de leur rapidité ou de leur amplitude. C’est le terme « intermittence » qui apporte ce détail. Il permet, selon eux, en effet, de qualifier des fluctuations rapides et de grande amplitude. Et une puissance fournie par la source qui peut devenir nulle.
Leurs travaux sont aussi l’occasion d’introduire deux autres concepts, celui d’intermittence subie et celui d’intermittence choisie. La première forme d’intermittence, on le comprend assez facilement, s’applique plutôt aux énergies renouvelables que sont le solaire et l’éolien. Parce que leurs variations de production dans le temps dépendent de la météo ou de l’heure de la journée. La seconde forme d’intermittence peut, quant à elle, décrire la situation d’un moyen de production thermique. Une centrale à gaz que l’on éteint ou que l’on rallume en quelques heures, en fonction des besoins du réseau et des consommateurs, par exemple. Notez que les centrales thermiques peuvent aussi être le fait d’une part d’intermittence subie. Lorsqu’une panne survient notamment. La production peut alors chuter rapidement en peu de temps.
La variabilité des énergies solaire et éolienne pose-t-elle problème ?
Vous l’aurez compris, la véritable difficulté, c’est de réussir à faire avec l’intermittence subie. Mais des solutions existent. Il y a d’abord celui que les spécialistes appellent l’effet de foisonnement. Celui qui permet d’atténuer les variations de production en multipliant des sources éloignées dans l’espace. La complémentarité des sources aide également à limiter les fluctuations. Ainsi le solaire produit beaucoup en été. L’éolien, lui, produit plus en automne et au printemps. Enfin, il faut signaler que les prévisions météorologiques se sont améliorées depuis quelques années. Elles facilitent les opérations des gestionnaires du réseau électrique. Même si le changement climatique pourrait venir rendre les prévisions moins fiables à l’avenir. La fumée émise par des feux de forêt pourrait ainsi provoquer une division par deux de la production solaire dans une région. Et ce, de manière très peu prévisible. Même lorsque la qualité de l’air semble correcte.
À lire aussi Cet électrolyseur géant se fiche de l’intermittence des énergies renouvelablesLa technologie peut aussi aider à gérer l’intermittence et la variabilité des énergies éolienne et solaire. En la matière, les systèmes de stockage jouent un rôle essentiel. Ils stockent l’excédent d’électricité qui peut être produit en période de pointe pour le restituer lorsque la production baisse ou lorsque la demande augmente. Les réseaux intelligents ont, eux aussi, leur rôle à jouer. En aidant à piloter au mieux les productions et les consommations.
Pour certains, tout cela restera insuffisant. Mais la question reste ouverte. L’Académie des sciences, par exemple, conclut, dans un rapport de 2022, que l’intermittence des énergies solaire et éolienne impose de disposer aussi, dans le mix d’un pays, de ressources pilotables — qui peuvent produire ou s’effacer au besoin — et bas-carbone. D’autres études montrent qu’en déployant des batteries à grande échelle, les énergies renouvelables intermittentes pourraient répondre à plus de 80 % de la demande des États-Unis.
Il se trouve qu’il existe plusieurs mots pour plusieurs notions différentes, c’est bien fait….
Une énergie intermittente est une énergie issue d’un flux que nous ne pouvons pas contrôler, flux qui peut être maximal, nul ou entre les 2. Il n’y a pas de rapport avec le fait que cela varie rapidement ou que cela soit soit ou non prévisible.
J’ai un peu l’impression que l’on cherche à nous faire croire que l’inconvénient de l’intermittence est réglé car maintenant c’est juste variable, comme le thermique.
Ni variable ,ni intermittente, l’énergie renouvelable reste de l’énergie qu’il faut savoir stocker si on veut pouvoir la piloter ? Alors qu’on ne possède ni pétrole, ni gaz, ni uranium, est ce qu’on peut dire que ces énergies sont intermittentes ou variables ?… Non ! Alors comment fait-on pour les rendre non variables et non intermittentes ?.. sinon en faisant des stocks qui permettent ensuite de pouvoir piloter la demande ! Les énergies renouvelables peuvent se transformer très facilement et à un prix sans équivalent en air comprimé. Et l’air comprimé peut constituer des stocks d’énergie potentiels pilotables, de la… Lire plus »
Fournier et son compresseur, le retour.
Ça ferait un bon film d’horreur.
Le film d’horreur dont vous n’avez sans doute pas l’imagination pour ça, aurait pu se passer en France plutôt qu’en Espagne, s’il était tombé les mêmes quantités d’eau près d’une de nos 18 centrales plutôt qu’à Valence .Ou près des dizaines de sites d’entreposition des déchets nucléaires, dont le grand public ne soupçonne même pas l’existence à proximité de ses lieux de vie !
https://reporterre.net/CARTE-EXCLUSIVE-Les-dechets-radioactifs-s-entassent-partout-en-France
https://www.ouest-france.fr/meteo/inondation/en-images-inondations-en-espagne-les-recherches-continuent-dans-les-parkings-autour-de-valence-d7f6e71a-9b52-11ef-8c9a-d91c37658659
https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/crise/impact-seisme-tsunami-sur-centrale-nucleaire-fukushima-daiichi
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000698/le-drame-de-tchernobyl-une-faillite-politique.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires
Ah bon, il n’a pas plu en France.
Mon cher fournier.
Plutôt que vous inquiéter des déchets d’uranium stocké sous terre, inquiètez vous plutôt du métal metylmercure dans vos boîtes de thon, de l’amiante dans votre logement, du cadmium dans vos piles où du plomb dans vos canalisations.
Je parlais dans mon commentaire précédant du changement de sens des mots, on en a un bel exemple ici. Les EnR sont pilotables car on peut (un peu) les stocker. Vous dites qu’on ne dispose pas des stock de pétrole ou uranium, mais on ne possède pas non plus les mines ou la chaine de fabrication pour les PV ou éoliennes. Alors soit on considère que c’est un inconvénient, soit on fait avec, mais c’est pareil pour tout. Quant à votre attaque sur Cigeo, elle est hors sujet et complétement biaisée. Pour finir, je pense aussi qu’il serait plus intéressant… Lire plus »
Votre aveuglement en faveur du nucléaire vous empêche de voir les avantages que procurent les énergies renouvelables ! Et si vous avez raison à propos des mines qu’on ne possède pas . Rien n’empêche de construire des chaines de production en France ou en Europe -comme se propose de faire Trump – c’est à dire en protégeant notre marché et donc nos emplois qui sont notre seule richesse. Parce que non seulement l’Europe nous ruine ! Songez que non seulement il faut nourrir la bête qui coûte à notre économie la modique somme de 25 millirads chaque année !! Mais… Lire plus »
Votre aveuglement en faveur du nucléaire vous empêche de voir les avantages que procurent les énergies renouvelables ! Et si vous avez raison à propos des mines qu’on ne possède pas . Rien n’empêche de construire des chaines de production en France ou en Europe -comme se propose de faire Trump – c’est à dire en protégeant notre marché et donc nos emplois qui sont notre seule richesse. Parce que non seulement l’Europe nous ruine ! Songez que non seulement il faut nourrir la bête qui coûte à notre économie la modique somme de 25 millirads chaque année !! Mais… Lire plus »
Et qui du pilotage des consommations et du stockage thermique ? et notre consommation est-elle linéaire sur une journée ? sur l’année ? si on parle de variabilité des sources de production on oublie assez vie la variabilité des consommations qui est aussi à gérer avec une bonne partie de l’année un pic de consommation en milieu de journée ce qui tombe assez bien pour le PV?
Les solutions restent très nombreuses pour continuer à développer les ENR !
« avec une bonne partie de l’année un pic de consommation en milieu de journée ce qui tombe assez bien pour le PV? » Je sais pas ou vous avez pêcher que le pic de conso était en milieu de journée mais pour l’hiver et l’automne, c’est complètement faux. Les pics de consommations en hiver / automne sont principalement sur la plage horaire de 7:00 – 9:00 le matin et 18:00 – 20:00 le soir. Le PV n’est donc pas du tout adapté d’autant qu’en plus, son facteur de charge est catastrophique sur la période (FC moyen de 6% sur les mois… Lire plus »
Quel intérêt de rentrer dans un débat sémantique ?
Le problème de fond reste le même, non ?
L’inaptitude total des ENRI à répondre à au besoin qui est d’avoir accès à une énergie compétitive à tout moment.
Il est à noter que dans la plupart du monde le problème est déjà tranché résolu : on parle de « Variable renewable energy »
Si c’est le seul problème qui nous reste à régler pour la transition énergétique, c’est plutôt une bonne nouvelle.
”L’éolien, lui, produit plus en automne…” Un petit tour sur Eco2mix de RTE, et observez la production par filière du 25 octobre à aujourd’hui 31 octobre… En bon français, on appelle cela ”pétole”… et ça fait déjà 6 jours de production au plus bas de l’éolien. Et c’est pas fini, au vue de la météo à venir. Heureusement que les autres centrales pilotables elles, assurent, y compris le gaz et le fioul certains soirs… 🙁
https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere
La réalité est décidément bien différente des généralités…
C’est bien pour ça qu’on dit intermittent et non pas variable… C’est le nucléaire qui est variable et qui essaie de s’adapter aux cahots de production enr!