Les Émirats arabes unis (EAU) ont franchi une étape historique en annonçant la mise en service complète de la centrale nucléaire de Barakah. Située à l’ouest d’Abu Dhabi, cette centrale est désormais pleinement opérationnelle après l’activation de son quatrième réacteur.

Avec une production annuelle de 40 TWh d’électricité, Barakah couvrira jusqu’à 25 % des besoins en énergie des Émirats, pays traditionnellement dépendant de ses réserves pétrolières. Ce projet, d’une valeur de 24,4 milliards de dollars, avait lancé ses activités en 2020 et commercialisé ses premiers mégawattheures en 2021. L’État fédéral compte sept émirats pour une population de 9,3 millions d’habitants, dont environ 80 % d’expatriés. Les besoins en électricité ne cessent d’y augmenter à mesure que les étés caniculaires s’intensifient.

La centrale de Barakah a permis aux EAU de devenir le premier pays du monde arabe à se doter d’une centrale électronucléaire. Si l’Iran avait déjà pris les devants dans la région, l’Arabie saoudite aspirait également à rejoindre ce cercle fermé en s’équipant de ses propres infrastructures nucléaires.

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Un pilier de la transition énergétique aux Émirats arabes unis

Les Émirats, malgré leur rôle de premier plan dans l’exportation mondiale de pétrole, affichent leur volonté de diversifier leur mix énergétique. Outre le nucléaire, ils investissent dans les énergies renouvelables, une démarche soutenue par des engagements pris lors de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP28) qui s’est tenue l’année dernière dans le pays.

La production électrique de Barakah n’alimentera pas uniquement les foyers, mais jouera aussi un rôle dans l’économie industrielle des Émirats. Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), Emirates Steel et Emirates Global Aluminium sont parmi les grandes entreprises qui bénéficieront de cette nouvelle source d’énergie pilotable et décarbonée.

Des enjeux géopolitiques à surveiller

Le programme nucléaire émirati reste purement civil, insistent les autorités du pays. Elles assurent qu’il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues. « Les Émirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », avait souligné en février Hamad Alkaabi, le représentant des EAU auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Toutefois, la centrale de Barakah, séparée des côtes iraniennes seulement par les eaux du Golfe, suscite des inquiétudes chez certains voisins comme le Qatar, qui la considère comme une menace potentielle pour la paix régionale. Abou Dhabi est en froid diplomatique avec le Qatar, avec lequel il n’entretient plus de relations officielles depuis juin 2017.

La production de la centrale nucléaire de Barakah peut être suivie en temps réel sur le site de l’Agence émiratie de l’énergie nucléaire.

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