Dans les Vosges, on croit à la décarbonation des établissements publics grâce au déploiement de réseaux de chaleur alimentés grâce à la biomasse. Plus qu’une simple tendance, les réseaux de chaleur multiplient, en effet, les avantages quand ils sont couplés à des moyens de production renouvelables.
Porte d’entrée du massif des Ballons des Vosges, la ville d’Épinal pourrait être une de ces villes du centre de la France, dont les ruelles témoignent d’un glorieux passé industriel, mais aussi d’un avenir en pointillés pour cause d’exode rural. Pourtant, il y règne une atmosphère singulière. Si les grands producteurs textiles ont disparu, la ville a trouvé son salut grâce à une nouvelle identité : celle de capitale du bois. Outre des laboratoires de recherche, une école d’ingénieurs ou encore des évènements comme les défis du bois, cette nouvelle identité se traduit par un réseau de chaleur de 32 km principalement alimenté par trois chaufferies bois-énergies, atteignant ainsi 85 % d’énergies renouvelables.
Cet engouement est d’ailleurs contagieux, puisque dans un rayon de trente kilomètres autour du chef-lieu des Vosges, on retrouve trois projets de réseaux de chaleur bas-carbone. Le plus récent d’entre eux, situé à Mirecourt, alimentera une trentaine d’abonnés. Hôpitaux, lycées, collèges, gymnases et même un bailleur social partageront une chaleur produite par une chaudière biomasse associée à une unité de méthanisation, le tout distribué par une dizaine de kilomètres de réseaux. Du côté de Remiremont, plus au sud, c’est un réseau de 9 km, également alimenté par une chaudière biomasse, qui devrait permettre le chauffage d’une soixantaine de bâtiments. Enfin, à Thaon-les-Vosges, une chaufferie bois flambant neuve devrait produire pas moins de 10 GWh d’énergie par an, destinés à alimenter 49 sous-stations. Si une chaudière de secours à énergie fossile sera intégrée au réseau, le réseau sera décarboné à 95 %.
La plus grande chaudière biomasse de France au coeur d’un projet industriel
Ce projet, porté par Green Valley Energy, vise à décarboner les activités de l’usine de production de carton Norske Skog à Golbey. La chaudière biomasse de cogénération produira de la chaleur et de l’électricité pour l’usine, mais également pour les autres entreprises du secteur. D’une puissance importante, elle devrait produire chaque année 200 GWh d’électricité, et 700 GWh de chaleur.
La biomasse, solution idéale pour décarboner les bâtiments publics ?
Même de taille modeste, les réseaux de chaleur urbains constituent une solution intéressante pour permettre la décarbonation énergétique des bâtiments publics, et même des immeubles de logements. En effet, la mutualisation des équipements de chauffage et de production d’eau chaude permet de limiter les émissions grâce à une plus grande efficacité énergétique. Cette efficacité favorise également une meilleure gestion des matières premières.
Enfin, si les réseaux de chaleur demandent des investissements financiers très importants, ils permettent généralement un coût de l’énergie plus faible grâce à une efficacité accrue, et une moins grande vulnérabilité aux variations de prix des matières premières.
Les réseaux de chaleur seront également un des seuls moyens réalistement accessibles pour décarboner le chauffage de centaines de milliers d’immeubles collectifs anciens, où l’installation de pompes à chaleur est réglementairement et techniquement impossible (plans d’urbanisation, zones protégées, nuisances sonores et visuelles etc) et où le chauffage électrique serait à la fois trop coûteux et inacceptable par son contribution aux pointes de consommation hivernales.
Rappelons qu’il faut des décennies pour reconstituer la biomasse. Si tout le monde se met à s’équiper de centrales, de chaudières et de poêles à bois la déforestation sera fulgurante…
C’est l’avènement des énergies fossiles qui a permis le ralentissement de la déforestation en Europe
Oui! C’est flagrant dans le massif vosgien qui est aujourd’hui couvert de forêts, mais lorsqu’on s’y ballade on tombe régulièrement sur des ruines d’anciennes fermes et des murs de pierres qui servaient à nettoyer et délimiter les champs.
Bj. Amorce a eu le courage d’évoquer une piste intéressante, et pertinente en terme d’échelle: interdire l’usage du bois dans les maisons individuelles. Plus largement, il faudra prioriser l’usage de la biomasse et arbitrer. Biocarburants pour avions (et bateaux)? Bois de construction? Bois énergie en chaufferie collective, etc. Le scénario d’Amorce boucle (les ressources collent avec les besoins), mais n’atteint pas l’objectif de -50% d’émissions le GES. Celui du gvt l’atteint mais ni boucle pas. Pour ma part, en tant qu’élu, je pousse à étudier la géothermie pour compléter le réseau. (Et il faudrait surtout rénover). Cdt.