Depuis l’accord de Paris, les cinq plus grandes compagnies pétrolières ont consacré plus d’un milliard de dollars à se doter d’une image « verte ». Mais en parallèle elles poursuivent leurs investissements massifs dans les combustibles fossiles et continuent leurs efforts de lobbying pour éviter toute politique climatique ambitieuse.
En 2017, la Royal Dutch Shell avait déclaré aux investisseurs qu’au cours des 3 années suivantes elle dépenserait 6 milliards de dollars dans des projets d’énergie « verte ». Mais à un an de cette échéance elle n’y a encore consacré que moins d’un tiers de ce budget. Selon l’agence norvégienne Rystad Energy, les 5 géants européens du pétrole (BP, Shell, Total, Equinor et ENI) ont investi ensemble, en 2019, environ 5 milliards de dollars dans des projets d’énergie renouvelable, mais cela représente à peine un peu plus de 5 % du total de leurs investissements dans la production d’énergie.
Double discours
« Les dirigeants des compagnies pétrolières annoncent des investissements relativement minimes dans les énergies renouvelables mais continuent chaque jour à verser plus d’huile sur le feu du réchauffement climatique ». Explique Stephen Kretzmann, directeur de l’ONG Oil Change International. «Ils ne veulent pas comprendre la nécessité pour eux de réduire leur contribution à la catastrophe climatique», a-t-il ajouté. «Le gros problème n’est pas les budgets restreints qu’ils consacrent aux énergies renouvelables mais bien la poursuite de leurs investissements massifs dans les énergies fossiles et leurs efforts pour obtenir des gouvernements le soutien de cette politique ».
Après avoir longtemps contesté leur responsabilité dans les changements climatiques, les « majors » semblent avoir adapté leur stratégie depuis la COP 21 en 2015. Ils se sont en effet rendu compte que l’opinion publique s’orientait de plus en plus en faveur d’une action urgente pour le climat. . Selon InfluenceMap, un think tank basé à Londres, ces compagnies préfèrent désormais présenter une image positive mais falsifiée de leur « engagement » pour la défense du climat, tout en ne modifiant pas réellement leurs pratiques et en multipliant les efforts de lobbying en vue de contrôler, retarder ou s’opposer aux politiques climatiques contraignantes.
InfluenceMap s’est fait une spécialité de décortiquer les stratégies et les doubles discours des géants de l’énergie. Dans un rapport rendu public l’année dernière, l’ONG montre comment les cinq plus grandes compagnies pétrolières ont dépensé en moyenne 172 millions d’euros par an en campagnes de valorisation de leur image. Elles entendent ainsi montrer qu’elles soutiennent un agenda climatique ambitieux, mais dans le même temps, elles ont déboursé 176 millions d’euros supplémentaires pour contrer les efforts de lutte contre le réchauffement global.
Lobbying intensif
BP et Chevron auraient par exemple soutenu financièrement une campagne qui a permis de bloquer une taxe sur le carbone dans l’État américain de Washington. L’American Petroleum Institute, dont les compagnies pétrolières sont membres (Total siégeant même à son conseil d’administration), a mené l’année dernière une charge fructueuse auprès de l’administration américaine pour déréguler le développement pétrolier et gazier dans le pays et abandonner les réglementations en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
Lors des élections de mi-mandat, aux USA, plus de 2 millions de dollars ont financé des publicités ciblées sur Facebook et Instagram pour promouvoir les bienfaits d’un recours accru aux énergies fossiles
La députée écologiste européenne Michèle Rivasi dénonce aussi les pressions exercées sur les décideurs de l’Union européenne. La seule ExxonMobil y aurait consacré plus de 30 millions d’euros depuis 2010. « ExxonMobil lutte contre les énergies renouvelables et prône de fausses solutions comme de nouveaux investissements dans les infrastructures gazières ou le captage et le stockage du CO2 » déclare-t-elle.
Greenwashing
Une stratégie typique des industriels du pétrole consiste à insister lourdement dans leur communication sur des initiatives « vertes », en réalité très modestes, pour mieux passer sous silence leurs investissements massifs dans l’exploration de nouveaux gisements d’hydrocarbures.
Exemple caricatural : ExxonMobil vante ses agrocarburants à base d’algues comme une solution pour la transition énergétique. Mais l’objectif annoncé de 10.000 barils de biocarburant par jour ne correspond qu’à 0,2 % de sa capacité actuelle de raffinage, révèle l’étude publiée par InfluenceMap .
Le terme d’énergie « bas carbone », généreusement utilisé par les « majors », est une autre manière de créer de la confusion en mettant dans le même sac différentes technologies pas forcément très vertes comme le gaz naturel, les agrocarburants de première génération et quelques autres.
« Toutes ces pratiques entrent gravement en conflit avec les objectifs de l’accord de Paris », s’alarme le think tank londonien. « Les géants du pétrole se présentent comme des acteurs de la transition énergétique tout en faisant pression pour retarder, affaiblir ou s’opposer à une véritable politique climatique », regrette, en conclusion, Edward Collins, l’analyste qui a dirigé l’étude.
Comment ces gens peuvent-ils encore se regarder dans un miroir ? Ont-ils des enfants ? Expliqueront-ils un jour à leurs enfants qu ils ont tout fait pour ralentir la transition vers une société durable afin de pouvoir s empiffrer d un tas de choses inutiles ? Je propose qu on commence à citer des noms en expliquant clairement leurs actes fourbes, comme on le fait avec les politiciens véreux. Par ailleurs, il faut les attaquer là où ça fait le plus mal: le portefeuille. Imposons leur de nouvelles taxes s ils n atteignent pas des objectifs d énergie renouvelable, comme… Lire plus »
L’homme est le seul animal qui détruit son biotope. « L’animal prélève, l’homme éradique « …
Problème plus compliqué que vous ne le pensez. https://information.tv5monde.com/info/transition-energetique-le-mirage-de-la-croissance-verte-329871
Et les dégâts environnementaux qu’entraînent ces « énergies renouvelables » et batteries pour le stockage de l’électricité. Voir http://www.casabee.eu/energies-renouvelables-mirage/
Bon alors écoute, tu vois ici sur revolution-enegetique on est des supporters des énergies renouvelables, pour tout un tas de bonnes raisons. Quand tu es supporter du psg, tu vas te mettre dans les tribunes de l’OM d’habitude ? Autrement dit, je ne crois pas que tes articles de propagande soient le bienvenu ici. Tu veux qu’on parle des dégâts environnementaux de l’extraction du pétrole ? Tout comme le climato scepticisime en son temps, cette nouvelle idéologie « renouvelable-sceptique » n’a qu’un seul but: faire en sorte que rien ne change, et que ceux qui tirent les bénéfices du pétrole continuent leur… Lire plus »
Bon. Je ne vois pas vraiment le caractère révolutionnaire de cet article (de B. Déboyser) ni l’intérêt de l’avis de Michèle Rivasi, militante anti-vaccin, anti-nucléaire et anti beaucoup de choses. Mais beaucoup d’autres dégâts viennent s’ajouter aux dégâts environnementaux du pétrole et du charbon sans pouvoir, mondialement, en réduire l’usage. L’empreinte carbone de beaucoup de pays de l’OCDE, très pourvus en ENRi , ne fait même qu’augmenter. Voir sur sciencenordic.com
Le principe de réalité serait de reconnaître que la fabrication de matériel d’équipements pour les énergies renouvelables nécessite de grosses quantités d’énergies souvent d’origines fossiles lorsque cette production s’effectue en Asie (ou dans un autre pays à fort contenu carbone de son électricité). Une grosse dette carbone se trouve alors constituée qui demandera un nombre variable années pour être remboursées.
Oui et ? Je saisis pas le rapport entre l’article et ce que vous dites. Les 3/4 du pétrole consommés dans le monde servent à faire des carburant pour le seul secteur du transport. Ne me faites pas croire que les moins de 1% qui servent à fabriquer des équipements pour produire les énergies renouvelables sont un problème.
Ce serait du greensoilling.
Je parlais principalement du charbon (et pétrole) en Chine qui représente, pour la fabrication d’équipements pour énergies renouvelables et les éléments associés (onduleurs et électronique pour la gestion des flux, batteries lithium, la sidérurgie et la métallurgie ) assurément plus de 1 % de la consommation du pays. Je ne parlai pas des combustibles pour les transports et chauffage des locaux qui est un autre problème.
Assurément plus de 1% ?
Meme si c’est 10 ca me va très bien. Toute utilisation du pétrole dans le but de créer des moyens de s’en passer est une utilisation acceptable.
Mais où avez-vous vu que ces moyens faisaient baisser notablement l’utilisation de pétrole ? Les énergies fossiles représentent dans le monde au moins 80 % de l’énergie primaire et rien n’indique un quelconque infléchissement . Allez dire à tous ces pays en voie de développement de cesser d’utiliser ces énergies pour leur bien-être, ou proposez-leur une solution clef en main et bon marché. Sinon, il vont rigoler et vous envoyer balader !