Les pompes à chaleur air/eau produisent de l’eau chaude sanitaire toute l’année et de l’eau chaude destinée aux radiateurs en hiver. Exploitant la chaleur « gratuite » contenue dans l’air ambiant pour fonctionner, leurs performances devraient être remarquables en été. Qu’en est-il réellement ? Nous avons mesuré les consommations d’un modèle installé dans une maison individuelle du sud-est de la France.
Très économes en énergie, les pompes à chaleur (PAC) sont plébiscitées pour décarboner le chauffage et l’eau chaude sanitaire. En France, seules les pompes à chaleur air/eau (comprenez, qui transmettent la chaleur de l’air ambiant à un circuit d’eau) sont subventionnées, car elles ne sont pas réversibles. Elles servent uniquement à chauffer et ne peuvent pas être utilisées pour la climatisation. Ce type de pompe à chaleur est donc privilégié lors d’un remplacement de chaudière. Mais qui connaît la consommation réelle de ce mode de chauffage ?
2 900 euros de fioul chaque année
Pour le savoir, nous avons installé un compteur d’électricité sur l’alimentation d’une pompe à chaleur air/eau d’une puissance de 16 kW thermiques. Une machine récemment installée dans une maison de 150 m² bien isolée, située à 500 m d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cette PAC du fabricant français Atlantic, modèle Alfea Excellia HP Duo intégrant un ballon de 190 litres, remplace une chaudière au fioul d’une vingtaine d’années. Malgré son jeune âge relatif, la chaudière était bruyante et parfois malodorante selon les propriétaires. Mais ce sont les factures de fioul qui les ont principalement motivés à opter pour une pompe à chaleur : 2 900 euros pour la dernière année, pour une consommation moyenne quotidienne de 7 litres de ce combustible fossile.
L’opération leur a coûté 7 784 euros, pour un prix de départ TTC de 14 784 euros. Un joli rabais de 7 000 euros permis par le cumul d’une aide « Ma Prime Rénov’ » et d’une « prime CEE ». L’éco-prêt à taux zéro leur permet de régler le reliquat sur 15 ans, soit une quarantaine d’euros mensuels. Ainsi, passer du fioul à la pompe à chaleur n’a nécessité aucun investissement massif pour les propriétaires de cette maison. Une belle opération, puisque le montant réglé correspond à moins de trois années de factures de fioul. Mais qu’en est-il des factures d’électricité, qui ont nécessairement augmenté, les électrons se substituant au fioul ?
Une consommation électrique particulièrement faible en été
En consultant le relevé de consommation de l’appareil, la réponse est cinglante. Dès les beaux jours arrivés, la surconsommation d’électricité devient peu significative. Le chauffage est coupé, et la pompe à chaleur ne sert quasiment plus qu’à produire de l’eau chaude sanitaire. De l’eau chauffée grâce aux calories de l’air ambiant, lui-même chaud à cette période de l’année. Avec, pour seul regret, que l’air froid soufflé par l’unité extérieure durant la production d’eau chaude, ne puisse pas être réutilisé pour climatiser le logement.
Ainsi, nous avons relevé seulement 98 kWh (25 euros, au tarif réglementé base) en avril 2024, 61 kWh (15 euros) en mai, et même 46 kWh (12 euros) en juillet. D’autant que les deux occupants n’ont pas quitté leur logement sur cette période, et ont invité famille et amis à plusieurs reprises. Sur le mois de juillet, la consommation moyenne quotidienne s’élève à seulement 1,49 kWh. Le pic de consommation absolu plafonne à 4,4 kWh, un jour de juin ou le logement est occupé par une dizaine de personnes, donc autant de douches. C’est peu, comparé à ce qu’un cumulus électrique traditionnel ou une chaudière au fioul consommerait pour fournir de l’eau chaude à deux personnes et leurs invités.
Nous constatons par ailleurs que la consommation de la PAC représente une faible part de la consommation totale d’électricité du logement. 16 % en avril, 12 % en mai, 9 % en juin, 8 % en juillet et 6,5 % en aout, alors qu’un ballon d’eau chaude électrique classique accapare généralement 40 à 60 % de la facture électrique.
Fonctionnement nocturne
Sans programmation particulière, la pompe à chaleur privilégie par défaut un fonctionnement nocturne. Elle démarre généralement entre 23 h et 1 h, générant un pic de puissance électrique bref, mais assez élevé, jusqu’à 6 kW certains jours, toujours en dehors des heures pleines. Une bonne chose, pour éviter de dépasser la puissance souscrite de son contrat d’électricité, mais également pour ménager le réseau électrique national. Cependant, un fonctionnement nocturne réduit les performances d’une pompe à chaleur, surtout l’hiver. L’air ambiant étant plus froid. L’impact d’un cycle de nuit sur le coefficient de performance (COP) en plein été est certainement peu significatif.
Si nous ne pouvons pas mesurer ce COP en temps réel, la fiche technique de l’appareil promet un COP maximal de 4,15 (à +7 °C pour des radiateurs basse température chauffés à 35 °C). Cela signifie que, pour 1 kWh d’électricité consommée, 4,15 kWh d’énergie thermique peuvent être générés, dans les meilleures conditions. Par ailleurs, le fabricant promet un fonctionnement jusqu’à -20 °C. Toutefois, à une température extérieure de -7 °C, le COP chute déjà à 1,85 pour une eau chauffée à 55 °C.
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À noter que les consommations que nous avons télérelevées sont issues d’un tore de mesure que nous avons placé sur la phase d’alimentation du tableau électrique dédié à la pompe à chaleur. En effet, Atlantic, le fabricant de la machine, avait expédié à notre demande une passerelle Wifi « Cozytouch », qui permet de piloter l’appareil à distance et de consulter ses consommations via l’application smartphone éponyme. Nous avions cependant noté des aberrations dans certaines valeurs affichées, comme une consommation faramineuse d’électricité (plus de 2 900 kWh sur un seul mois !) et une partie de la consommation imputée au chauffage en plein été (9 kWh chaque mois). Des ingénieurs de la marque nous ont ainsi expliqué que la consommation n’était pas relevée par un compteur intégré à l’appareil, mais simplement estimée par un algorithme à partir de la durée d’utilisation de la PAC. C’est un peu frustrant.
Toutefois, la consommation estivale attribuée au chauffage ne serait pas une erreur, mais correspondrait à une pompe qui assure la circulation de l’eau (non chauffée) dans les radiateurs, pour éviter sa stagnation.
Conso tore (kWh) |
Conso appli Cozytouch (kWh) | |
Mars | 405,27 | 2 983 |
Avril | 98,07 | 119 |
Mai | 61,23 | 58 |
Juin | 47,63 | 45 |
Juillet | 46,24 | 36 |
Aout | 45,62 | 12 |
Une pac produisant un delta de température entre l entrée et la sortie du groupe extérieur, Il ne faudrait jamais faire tourner ces pac la nuit quand l air extérieur est plus froid. Elle consommera beaucoup moins pour la même quantité de chaleur restituée à l intérieur aux heures les plus chaudes de la journée. Alors oui, aujourd’hui, il y n y a pas (ou très peu) d heure creuse en journée, mais : 1) avec l accroissement de la production photovoltaique à écouler, ca va venir 2) on peut se créer ses propres HC de jour en installant du… Lire plus »
en été c’est bien, la PAC ne consomme pas pour chauffer, dans une région chaude donc forcément elle consommera moins… c’est sur que si on réuni toute les conditions elle ne coûte pas cher.
mais qu’en est-il en plein hiver dans le nord de la France par exemple ?
Bonjour, Je fais suite à votre étude sur la consommation de PAC Atlantic. La personne a placé un tore de mesure sur la phase d’alimentation du tableau électrique dédié à la pompe à chaleur. Mais compte tenu fait qu’en avril la consommation ne représente que 16% de la consommation totale du logement ( 98 kWh sur 619 kWh), je pense que l’on a mesuré que la consommation d’un des éléments de la PAC ( intérieur ou extérieur). Il est en effet peu concevable que la consommation totale du logement dépasse 600 kWh au mois hors chauffage. Personnellement j’ai fait des… Lire plus »
Le logement est tout-électrique et équipé d’une piscine, ce qui peut certainement expliquer cette consommation élevée.
ainsi, une pompe à chaleur en été, quand on ne l’utilise pas, ne consomme pas grand chose ?
merci de renseignement, je ne m’en serais pas douté. je cours de ce pas acheter une PàC que je pourrai ne pas utiliser en été. en revanche, pour chauffer en hiver, je garde ma chaudière fioul.
C’est mieux quand c’est possible de coupler pompe à chaleur et solaire hybride (PV-Th) comme le fait Li-Mithra qui obtient ainsi des Cop de 6,6 à 10 et çà évite de faire tourner la pompe à chaleur au printemps et été en plus de fournir électricité et chaleur solaires https://li-mithra.fr/ Pour les températures en deçà de moins 20°C il existe des pompes à chaleur spécifiques pour climats très froids (en Amérique du Nord ils connaissent bien mais en Scandinavie aussi, même si je ne pense pas que leur marque Nibe ait les meilleures performances) Pas encore souvent prévu par les… Lire plus »
Quel est le modèle de l’appareil de mesure (tore) utilisé ?
Ça pourrait m’intéresser. Merci
Bonjour, nous allons publier un article spécifique sur les compteurs connectés accessibles à tous 🙂
Calculs totalement biaisés ne tenant pas compte des 8 autres mois de l’année. Sans parler de la zone geographique. De plus le prix moyen du fioul est élevé. 7 litres/ jour = 2555 litres/an pour 2900€, soit donc 1,13€/litres. J’habite en Belgique et pour 2555 litres de fioul, au jour d’aujourd’hui, c’est 0,85/litre soit 2171€. Cette méthode est incomplète, faites cela sur 1 année complète. Egalement, nous en reparlerons de ces supposées économies surtout que la chaudière fioul, cela peux faire plus de 30 ans sans probleme soit le double d’une PAC air/eau.
Bonjour, c’est prévu 🙂 Nous allons mesurer la consommation sur différentes périodes de l’année et publierons des articles dédiés.
Oui et uniquement pour la production d’ECS car il est expliqué que le chauffage est coupé en été . Dans le sud-est, tu m’étonne ! Je connais pas énormément de gens qui raffolent des douches brûlantes en été. Donc c’est sûr que ça va pas consommer des masses dans ce cas de figure. Moi aussi je suis intéressé pour voir ce que ça donne sur une année pleine avec chauffage et pas seulement ECS pour une maison située dans le nord ou nord est ou montagne et avec un niveau d’isolation pas forcément au dernier standard. Parce que si il… Lire plus »
Avec une PAC, le type d’émetteur est très important. 16kW pour 150m² bien isolé, c’est beaucoup, mais c’est dû aux radiateurs hérités de la chaudière.
Pour une maison de 160m² avec une isolation normale début 2000, dans le sud, une PAC air/eau de 7kW suffit amplement avec un plancher chauffant.
Je suis au chaudière gaz à condensation. Un jour il faudrait passer au tout électrique. Je suis preneur pour le même article en hiver svp 👍
Bonjour,
L analyse d’un cas dans une région au climat particulièrement doux n’est pas inintéressante.
Mais dans les régions plus froides ou la température descend régulièrement en dessous de zéro cela serait plus intéressant et représentatif.
C’est là où les pacs montrent leurs faiblesse.
Vous ne prenez pas en compte le besoin d’ isolation de la maison sans quoi l inconfort risque d’être réel.
Bonjour, intéressant ce type de relevé.
Quelle est la consommation électrique maximale sur les mois d.hiver?