Le répit aura été de courte durée, du côté de Pennavel. Quelques mois seulement après son attribution, le projet de parc éolien flottant est déjà sous le feu des critiques. Il doit faire face à son premier recours portant sur la solidité financière de l’un de ses deux porteurs de projet.
À peine deux mois après son attribution, l’appel d’offres AO5 portant sur le déploiement d’un parc éolien flottant au large de Belle-Île en Bretagne fait déjà l’objet d’un recours. En cause : la santé financière de l’une des deux entreprises porteuses du projet, à savoir BayWa r.e, jugée inquiétante par les porteurs du recours. Ce dernier a été déposé par la toute jeune Union française des pêcheurs artisans, qui s’est associée pour l’occasion à plusieurs associations environnementales comme les Gardiens du Large. Dans un communiqué du 24 juillet, l’union des pêcheurs et les associations s’inquiètent pour la capacité financière de Pennavel à réaliser le parc éolien, et demandent l’annulation pure et simple du projet AO5. Dans le même temps, le collectif demande également le gel de l’appel d’offres AO9, qu’il considère comme « prématuré et inconsidéré ».
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Les problèmes financiers concernent, en réalité, BayWa, détenteur à 51 % de BayWa r.e. qui fait partie du consortium Pennavel. Le géant allemand souffre d’une situation financière tendue, en partie causée par un endettement très élevé. Il affichait, fin 2023, près de 5,5 milliards d’euros de dettes. Depuis le début de l’année, l’action de BayWa a déjà perdu 27 % de la valeur, et ses investisseurs auraient exigé que des mesures soient prises pour améliorer la situation. Dans ce contexte, il se pourrait que BayWa se sépare de sa filiale « énergies renouvelables » BayWa r.e, dont les projets éoliens et photovoltaïques sont lucratifs, mais mobilisent beaucoup de capitaux.
Dans le même temps, il se murmure qu’Energy Infrastructure Partners, un fonds d’investissement suisse qui possède presque la moitié (49 %) de BayWa r.e, pourrait profiter de la situation pour augmenter sa part du capital de l’entreprise pour atteindre les 80 %. De son côté, Aldrik de Fombelle s’est exprimé sur la question auprès de nos confrères du Télégramme, expliquant ainsi : « Nous avons eu des informations rassurantes du côté de BayWa r.e qui fonctionne de façon assez indépendante par rapport à Baywa, qui n’est actionnaire qu’à 51 %. C’est un problème qui n’impacte pas notre projet au quotidien ».
Le début d’une longue série de recours ?
En France, le développement de parcs éoliens, et en particulier de parcs éoliens en mer, se fait au prix d’un long marathon administratif. La loi ASAP (accélération et simplification de l’action publique), appliquée depuis mars 2021, devait simplifier les procédures administratives liées au développement et à l’installation de parcs éoliens en mer. Elle indique, par exemple, que tous les recours contre les parcs éoliens en mer et leur raccordement seront jugés par le Conseil d’État en premier et dernier ressort. Pourtant, malgré cette loi, les recours juridiques sont systématiques dans l’éolien en mer, et les durées d’instruction sont plus longues que dans bon nombre d’autres pays européens. Il faut généralement une dizaine d’années pour réaliser un parc éolien offshore. Le projet Provence Grand Large a, par exemple, fait l’objet de recours liés à des vices de procédure, plus particulièrement des autorisations manquantes. Plus au nord, à Saint-Brieuc, les recours juridiques ont traîné pendant 6 ans avant d’être enfin purgés. Cette situation a, d’ailleurs, été critiquée par la cour des comptes qui voit là un nombre de contentieux anormalement élevé.
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La vraie question serait de savoir qui attise et qui subventionne les opposants ? Qui à intérêt à retarder les projets pour les faire couler ?