Le tarif heures pleines/heures creuses existe en France depuis 1960. Il est bien ancré dans nos habitudes de consommations. Mais il pourrait bientôt évoluer. Avec l’apparition de nouveaux créneaux d’heures creuses « solaires » qui nous encourageraient à consommer lorsque les centrales photovoltaïques produisent le plus.
En 1960, une nouvelle option tarifaire a fait son apparition dans le paysage français. Aujourd’hui encore, quelque 15 millions d’abonnés — aussi bien à EDF qu’à d’autres fournisseurs d’électricité — disposent de l’option dite heures pleines/heures creuses. Ils bénéficient alors de huit heures creuses par jour d’une électricité 15 % moins chère que le tarif de base. L’idée avait été lancée pour aider à lisser la demande d’électricité en incitant le décalage de certaines consommations — eau chaude sanitaire, lave-linge ou lave-vaisselle, par exemple — au-dehors des périodes de pics. Pour en limiter l’impact. Le gestionnaire du réseau de distribution français, Enedis, avait alors opté pour des heures creuses positionnées essentiellement la nuit, même si quelques clients bénéficiaient d’un petit créneau méridien.
À l’origine, des heures creuses nocturnes pour valoriser le nucléaire et l’hydroélectricité
Mais les choses pourraient bien être en passe d’évoluer. Du moins pour ce qui concerne les plages horaires retenues. La commission de régulation de l’énergie (CRE) en aurait formulé la demande expresse à Enedis. Car le mix électrique français a bien changé depuis les années 1960. À cette époque, le paysage français était dominé par l’hydroélectricité et les centrales au fioul et charbon. Il était pertinent de lisser la courbe de consommation nationale pour favoriser l’hydroélectricité, moins chère. Puis, quelques décennies plus tard, lors de l’expansion massive du nucléaire en France, les heures creuses devaient valoriser la production nocturne excédentaire à très faible coût. Une époque à laquelle il était donc surtout important, pour réussir à maintenir l’équilibre du réseau, de limiter les consommations en plein jour et, à l’inverse, d’augmenter les consommations de nuit.
C’est toujours le cas aujourd’hui. Mais plus seulement. Avec le déploiement massif des centrales solaires photovoltaïques, l’électricité devient également abondante — et donc peu chère – en milieu de journée. Cette électricité, la France peut l’exporter, sauf quand tous nos voisins produisent aussi de grandes quantités d’électricité solaire. C’est souvent le cas dès l’arrivée des beaux jours jusqu’au milieu de l’automne. Ainsi, les prix deviennent nuls ou négatifs et la France, comme certains de ses voisins, est contrainte de brider la production des panneaux photovoltaïques, faute de débouchés.
Pour y remédier, notre pays pourrait alors stocker cette électricité solaire à grande échelle. Grâce à des batteries et des STEP, notamment. Le parc de batteries est déjà passé de 100 MW en 2020 à 700 MW en 2023. Enfin, la France pourrait envisager d’en profiter pour produire de l’hydrogène par électrolyse. Ces deux dernières options pourraient toutefois coûter cher, mais ce ne sont pas les seules solutions.
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Une option bien plus économique serait de demander aux clients de consommer plus au moment où les panneaux solaires produisent à plein régime. Et pour cela, l’idée est de réussir, dans les années à venir, à mieux « mettre en cohérence les tarifs et les capacités de production ». Avec des heures creuses qui ne seraient plus applicables la nuit, mais plutôt entre 11 heures et 17 heures. Ou en tout cas, pour ce qui est de l’été.
Encore faudrait-il que cette option redevienne réellement intéressante pour les consommateurs. Aujourd’hui, il existe une dizaine de contrats heures creuses différents et certains doivent décaler jusqu’à 60 % de leurs consommations pour réduire leur facture. Enedis et la CRE se fixent pour l’avenir, un objectif de 30 % des consommations en heures creuses solaires pour réaliser des économies. Grâce à un écart de prix entre heures creuses et heures pleines qui redeviendrait très incitatif.
Concernant le calendrier de mise en place de ces nouvelles heures creuses solaires, les avis divergent légèrement. La CRE préconise une entrée en vigueur dès 2025. Le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité (RTE) en France attend, quant à lui, une mise en place progressive d’ici deux ou trois ans.
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Baisser le prix de l’électricité lors des pics de production solaire cela va affecter les calculs de rentabilité des panneaux qui misent sur une augmentation des prix …
pas vraiment non, cela va juste limiter un peu l’augmentation de la rentabilité des panneaux ! Vu la vitesse d’augmentation des tarifs les heures creuses de demain seront au dessus des heures pleines d’aujourd’hui ! Par contre la rentabilité des batteries sera bien meilleure qu’escompté
oui pour les batteries, mais avec le prix du lithium et celui des batteries en baisse, je pense qu’il est urgent d’attendre quelques années Pour le photovoltaïque et l’impact financier il s’agit tout de même de baisser le prix du kWh de 27 à 20 centimes, même si à la longue le prix remonte (mais pas l’année prochaine puisque les cours de l’électricité ont chuté), il reste que les calcul de rentabilité – réalisé avant installation, il me semble que c’est obligatoire – qui misent sur une hausse de 5% des tarifs chaque année vont commencer par devoir intégrer une… Lire plus »
En 2025 l’accise va déjà faire augmenter cela de quelques %, le passage aux heures creuses en journée n’est pas encore acté, cela peut prendre quelques années. En 2025, les heures creuses se retrouveront déjà au tarif des heures pleines de 2023. Les tarifs grand public des panneaux solaires continuent leur chute. Alors oui il y a quelques incertitudes sur la rentabilité exacte , mais on sait déjà qu’elle sera entre très bonne et excellente (voir exceptionnelle)
Vu les prix de marché aux heures de plein soleil (de plus en plus souvent négatifs ou très faibles !) cela va au contraire permettent de remettre des prix corrects à ces heures avec plus de consommation et ce sera moins un boulet financier pour tout le monde…