Pour réussir sa transition énergétique, l’Allemagne a désormais un plan. Elle comptera sur plusieurs gigawatts de centrales électriques au gaz « hydrogen ready », malgré la controverse.
Pour concilier développement des énergies renouvelables avec décarbonation et sécurité d’approvisionnement de son système électrique sans recourir à l’énergie nucléaire, Allemagne a fait le choix du gaz. Plus exactement, de centrales thermiques « hydrogen ready », comprenez « prêtes pour l’hydrogène ». Le chancelier Olaf Scholz l’annonçait il y a presque un an maintenant. L’objectif était alors de construire entre 17 et 21 gigawatts (GW) de nouvelles centrales électriques. Mais autour de cette sorte de frénésie hydrogène, les choses s’étaient rapidement compliquées. Une question de rentabilité des projets et de subventions, d’abord. Puis, de crise budgétaire.
Après des mois de discussions acharnées, en ce début février 2024, le chancelier allemand, son ministre de l’Économie et son ministre des Finances semblent enfin s’être mis d’accord sur les éléments essentiels d’une nouvelle stratégie en matière de centrales électriques. Une stratégie destinée à attirer les investissements dans des « centrales électriques modernes, très flexibles et respectueuses du climat ». Et dont dépendra aussi, affirment-ils, la possibilité de fermer la dernière centrale à charbon d’Allemagne d’ici 2030.
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Cette stratégie prévoit que dans de « brefs délais », un appel d’offres sera lancé pour de nouvelles capacités allant jusqu’à 4 fois 2,5 GW de centrales électriques au gaz. Celles-ci pourront, dans un premier temps, fonctionner au gaz fossile. Toutefois, entre 2035 et 2040, elles devront impérativement avoir été converties à un hydrogène « de toutes les couleurs, mais autant que possible vert ». En parallèle, le gouvernement soutient également la recherche et le développement sur les technologies de capture et de stockage du carbone qu’il espère sans doute être en mesure de greenwasher les centrales thermiques à gaz fossile qui n’auraient finalement pas été si « hydrogen ready » que ça.
La planification et l’approbation des systèmes seront accélérées. Et les nouvelles centrales électriques doivent être construites sur des sites dits « de desserte du système ». Principalement aux carrefours de grands complexes industriels à forte intensité énergétique. Le financement du plan par le fond pour le climat et la transformation de l’économie pourrait s’élever à environ 16 milliards d’euros sur les 20 prochaines années.
Pour contourner le problème de rentabilité des investissements, le gouvernement allemand a aussi entamé des pourparlers avec la Commission européenne. Son idée qui devrait être présentée d’ici cet été : créer un marché de capacité. De quoi permettre de récompenser les opérateurs pour le maintien de la capacité de leurs centrales électriques en toutes circonstances.
L’article indique que la stratégie allemande s’applique à l’hydrogène « de toutes les couleurs mais autant que possible vert », en renvoyant à un précédent article avec un seul commentaire Il convient de le compléter : pour le projet d’hydrogène bleu présenté, la région Occitanie ne l’a pas soumis au vote en raison « d’ incertitudes ». Celles-ci seraient en grande partie levées par la connaissance de l’emploi pratique du bicarbonate d’ammonium ( sans avoir à aller en Chine!), pour lequel l’association SEPRA 81 est demanderesse. ( voir sur son site le dernier exposé sur l’hydrogène, du 20-12-23).
C’est tellement idiot que ça me laisse sans voix : produire de l’électricité pour électrolyseur de l’eau (avec un rendement pourri) pour produire du H2 qu’on va ensuite cramer pour produire de l’électricité (avec un rendement pourri) !
Les journalistes ont zéro sens critique alors ?
Les journaleux sortent pour un grand nombre d’entre eux de Sciences-Po. Leur formation technico-scientifique est quasiment nulle. Ils n’ont donc aucun sens critique sur ce genre de sujets. en conséquence ils se contentent d’être « la voix de son maître » ou de vulgaires perroquets au service des bureaux de communication des grandes firmes, et prennent pour argent comptant tout ce qu’on leur refile en pseudo-information, comme on jetterait un os à un chien.
La véritable information, il faut travailler pour aller la chercher, mais ça c’est trop dur et trop fatigant.
Ca sent les explications de « Jésuites » les centrales à Gaz Allemandes du « Futur » !!! Un coup c’est bon, puis pas possible, puis à nouveau mais pas tout de suite… Donc in fine, vu les problèmes du H2 (en stockage et en production) ce sera de la procrastination longue durée avec du CH4 voir très probablement le Lignite qui va jouer les prolongations « réelles » (surtout en Hiver) pendant très longtemps … En France, on devait en finir avec les centrales à charbon en 2020, puis 2022 puis … Finalement on ne sait pas quand ce sera réellement la fin et les… Lire plus »
Les 100GW sont largement exagéré, d’après les experts il y un besoin de l’ordre de 25GW de centrales à gaz. Mais en effet les 10 GW prévu dans un premier temps ne sont pas du tout suffisant pour permettre une sortie complète du charbon en 2030 (qui était de toute manière pas un but fixe mais « si possible »). Le plan actuel est de construire un réseau hydrogène pour être en grande partie opérationnel en 2032, et prendre la décision à ce moment pour une conversion à l’hydrogène en 2035-2040. Pour les centrales au charbon, il existe un accord de sortie… Lire plus »
@Perlybird, Tant que les Allemands se chaufferont très majoritairement au Gaz, les « 25 GW », que vous annoncez, suffiront… Si les Allemands passent à des modes de chauffages électriques divers alors il leur faudra 100GW de pilotable (Gaz, charbon ou autres)… De toutes les façons, ils peuvent annoncer 25GW de nouvelles capacités au Gaz (ou 35 GW suivant d’autres sources…) il leur faudra plus de pilotable et comme en France où nous avons prolongé à plusieurs reprises nos dernières centrales à charbon, ils feront pareils avec celles de RWE… (Je ne vois pas leurs centrales Lignite s’arrêter en 2030, ou juste… Lire plus »
Ces projets sont débiles: le stockage de l’hydrogène est un des modes de stockage les plus chers. Il vaut bcp mieux faire de la capture de Co2 et le reconvertir éventuellement en méthane par méthanation..
J’ai une bien meilleure idée pour le climat et pour les finances allemandes. l’Allemagne devrait installer de nouvelles lignes de transport d’électricité avec la Norvège pour importer son électricité hydraulique, et avec la France, pour notre électricité nucléaire.
Nucléaire pour nucléaire, j’ai comme dans l’idée qu’il préféreront acheter de l’électricité nucléaire polonaise que de l’électricité nucléaire française. Question de stratégie à long terme. L’objectif de l’Allemagne étant de rabaisser la France (l’objectif est déjà atteint à 50%) par tous les moyens afin d’être la seule véritable unique puissance continentale, enrichir la France en devises en lui achetant son électricité serait contraire à l’objectif stratégique .Ils préféreront acheter à une puissance économique et démographique subalterne comme la Pologne.
Si la France a un déficit commercial abyssal, ce n’est pas à cause de l’Allemagne mais elle doit sa propre desindustrialisation à elle même et à elle même seule. Les théories du complot c’est bien gentil dans les discussions du bar de la gare, mais très éloigné de la réalité, il faut revenir sur terre.
Dans quelques années, il sera possible d’évaluer la performance et la rentabilité de cette filière. En attendant, les émissions de CO2 et les imports nets en électricité seront problablement en hausse.