Alors que les études de faisabilité du nouveau barrage prévu sur le Rhône sont sur le point de se terminer, les opposants au projet s’organisent au nom de la préservation de l’environnement.
L’hydroélectricité représente la première source d’électricité renouvelable en France. Elle occupe donc un rôle majeur dans la transition énergétique en vue d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Parmi les plus grands exploitants de centrales hydroélectriques, l’on retrouve évidemment EDF, mais aussi la Société hydroélectrique du midi (SHEM) et la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Ce dernier opère l’intégralité des barrages « au fil de l’eau » disposés sur le Rhône. La compagnie produit 25 % de l’hydroélectricité française grâce à une puissance installée totale de 4 038 MW. En tout, la CNR gère 19 barrages et 49 centrales hydroélectriques, sans compter 59 parcs éoliens et 59 centrales photovoltaïques.
Mais la compagnie n’entend pas s’arrêter là, puisqu’elle a été mandatée par l’État pour étudier un nouveau projet d’aménagement hydroélectrique. Il serait situé en amont de la confluence du Rhône et de l’Ain, entre les communes de Saint-Romain-de-Jalionas (38) en rive gauche et de Loyettes (01) en rive droite. Ce projet s’inscrit dans la lignée de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2019-2028, qui vise à augmenter la puissance installée du parc hydroélectrique de 900 à 1 200 MW d’ici 2028 et à accorder de nouvelles concessions.
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La nouvelle installation serait similaire dans son principe à celles déjà disséminées sur le Rhône. Elle comprendrait « un barrage, une usine, des ouvrages piscicoles permettant le franchissement et une digue en drive droite, en amont de l’ouvrage », selon les termes du projet. Sur la base d’un investissement de 230 millions d’euros, sa puissance serait de 37 MW pour une production estimée à 140 GWh/an. Cela représente la consommation énergétique (hors chauffage) d’environ 60 000 habitants.
Le projet de barrage, en chiffres
⚡ Puissance : 37 MW
🔌 Production annuelle attendue : 140 GWh/an
💪 Facteur de charge : 43 % (calcul RE)
🚧 Début des travaux : 2024
🕰️ Mise en service : 2033 au plus tard
🪙 Coût prévisionnel : 230 000 000 €
Depuis 2022, les études de faisabilité du projet sont en cours. Elles permettent de faire l’inventaire de la biodiversité présente sur le site et de réaliser des études du sol au moyen de sondes et de forages géotechniques. Fin octobre, cette analyse devrait prendre fin pour laisser place à la procédure de concertation, menée par la commission nationale du débat public (CNDP) pendant trois mois.
Enfin, l’État prendra la décision sur la poursuite ou non du projet dès le début de l’année 2024. Si le feu vert était donné, le dépôt des demandes de travaux aurait lieu dès 2024, avant la mise en œuvre du chantier pour une mise en service prévue d’ici 2033. Mais l’opposition s’organise autour de ce projet qui n’a d’ailleurs rien de nouveau. Il s’agit en réalité d’un vieux dossier abandonné dans les années 1980, en raison de l’opposition de la population.
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Les associations comme la ligue de protection des oiseaux d’Auvergne-Rhône-Alpes ou France Nature Environnement s’opposent à ce nouvel ouvrage qui porterait atteinte à la biodiversité. Le maire de la commune de Saint-Romaine-de-Jalionas, Jérôme Grausi a également fait part de son opposition. Il estime que le Rhône est le fleuve qui est le plus artificialisé au monde. En plus, selon l’élu, cet ouvrage ne serait pas nécessaire puisque la centrale nucléaire de Bugey, située à un kilomètre environ, va être équipée de deux EPR dans les années à venir, selon le souhait des pouvoirs publics. La centrale hydroélectrique représenterait donc un investissement conséquent pour une production relativement faible au regard de celle de la centrale nucléaire. En outre, l’édile s’inquiète de la proximité de ces deux ouvrages d’une telle ampleur, pour la sécurité des habitants.
De son côté, la CNR tente de se montrer rassurante en indiquant que l’installation n’aura « aucune emprise sur la zone classée de la confluence de l’Ain. L’ouvrage sera également conçu de manière à limiter les emprises sur les terres agricoles de la plaine de l’Ain ». Interrogé par France Bleu, le directeur du projet à la CNR, Olivier le Berra a précisé que le projet ne ressemblerait pas aux barrages actuels construits pour les plus récents dans les années 1980. Il fait valoir que la version moderne du barrage aurait une emprise foncière plus réduite, pour préserver la biodiversité. Toutefois, la plaquette du projet publiée par le CNR ne donne aucune précision sur la superficie nécessaire à l’installation des ouvrages.
Pour prendre sa décision finale, l’État devra mettre en balance la mobilisation à l’encontre du projet et les objectifs climatiques qui incitent à accélérer le développement des projets de production d’énergie renouvelable.