Le consortium européen Hyflexpower vient d’annoncer avoir produit de l’électricité à partir d’une turbine à gaz exclusivement alimentée par de l’hydrogène. Une nouvelle prometteuse pour les industries difficiles à décarboner comme la sidérurgie ou les cimenteries.
Le consortium Hyflexpower, composé d’Engie, Siemens Energy, Centrax et plusieurs universités européennes, vient de réussir à produire de l’électricité à partir d’une turbine à gaz alimentée avec 100 % d’hydrogène dans une papeterie de la région de Limoges. P
our réussir cette opération, les équipes d’Hyflexpower ont dû surmonter plusieurs défis techniques relatifs aux caractéristiques de l’hydrogène : la flamme produite par celui-ci est, en effet, plus rapide et plus chaude. Ainsi, les dispositifs de sécurité de la turbine SGT-400 de Siemens Energy ont dû être améliorés et les revêtements internes de la turbine ont dû être adaptés pour résister à des chaleurs plus importantes. Selon les équipes, cette expérimentation réussie démontre qu’il est possible d’utiliser des turbines à gaz avec de l’hydrogène pur moyennant quelques modifications simples.
Ce n’est pas la première fois que de l’électricité est produite en alimentant une turbine à gaz avec de l’hydrogène. En Allemagne, le projet H2GT-Lingen avait déjà donné un résultat similaire en 2021 avec un démonstrateur à échelle industrielle. Si on remonte encore plus en arrière, en 2009, ENEL était parvenu à alimenter une turbine à gaz avec 100 % d’hydrogène en Italie. Néanmoins, avec ce nouveau succès, la conversion effective de ce type de turbines dans le cadre industriel semble se rapprocher.
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Cette réussite montre qu’il est désormais possible de valoriser la surproduction éolienne et solaire en produisant de l’hydrogène, stocké puis converti en électricité dans une turbine, directement sur un site industriel. Cependant, cette solution technique comporte plusieurs défauts qui rendent son développement à grande échelle difficilement envisageable.
D’abord, le stockage de l’hydrogène reste complexe en raison de sa très grande légèreté, qui le rend difficile à contenir. Ainsi, les risques de fuite sont importants, et les volumes de stockage nécessaires très élevés. De plus, le rendement de la chaîne qui consiste à produire de l’électricité pour produire de l’hydrogène qui sera lui-même utilisé pour produire de nouveau de l’électricité est assez faible puisqu’il est évoqué 30 % dans le meilleur des cas.
Malgré ces défauts, cette solution, lorsqu’elle est envisagée en cogénération, c’est-à-dire en production d’électricité et de chaleur, pourrait tout de même se montrer indispensable pour certaines industries difficiles à décarboner comme la sidérurgie, la métallurgie ou même les cimenteries. La poursuite des expérimentations de Hyflexpower va d’ailleurs dans ce sens puisque le projet va maintenant travailler sur la production de chaleur à partir de turbine à gaz alimentée en hydrogène.
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En fait le rendement proche de 30% de « la chaine » de production s’explique par l’utilisation d’hydrogène VERT, celui spécifique de la turbine devant être proche de celui des autres turbines à gaz, notamment avec le méthane.Avec le BLEU et le BLANC ce serait bien meilleur.Ceci pour le premier inconvénient mentionné.Le second est réel, mais est réduit lorsqu’on opère à petite échelle.C’est le cas avec le projet de la SEPRA81 soumis au budget participatif de la région Occitanie, intitulé « production d’hydrogène bleu par piégeage chimique » en régie municipale.
La bonne nouvelle est surtout que on arrive à fabriquer de l’électricité à partir d’hydrogène fabriqué avec ….. de l’électricité ?!?
Il peut y avoir de l’intérêt pour une industrie qui co-produit de l’hydrogène, mais pour une cimenterie ou une aciérie je ne comprend pas bien.
L’aciérie peut produire son électricité sur place avec de l’hydrogène lorsque la production est faible sur le réseau. Elle peut donc continuer à tourner tout en ayant un contrat qui la rémunère pour ne pas faire appel au réseau lors des déficits de production (flexibilité de la demande pour assurer la stabilité du réseau).
Comment peut-on faire l’apologie d’un process au rendement aussi lamentable , tant pour la production d’H2 à partir d’élec, , que dans cette turbine, pour la production d’électricité ???
L’alibi co-génération est bien mince…, et on ne parle même pas de la problématique du stockage et des pertes qui vont avec …
Mais , la mode étant à l’H2, il y a du y avoir des primes gouvernementales ou européennes en pagaille !!!
Ce sont souvent les entreprises qui travaillent déjà dans le gaz qui investissent dans l’H2, car la décarbonation de leur secteur d’activité passera forcément par cela. Après est ce que se sera avec succès ???
L’argument du rendement me laisse toujours pantois. 30% c’est à peu près le rendement de nos réacteurs nucléaires qui fournissent 70% de notre électricité. Qui plus est à partir d’une source non renouvelable.