Dans la lutte contre les changements climatiques, la rénovation énergétique des bâtiments est un enjeu majeur. La France avait déjà créé plusieurs mécanismes de soutien pour encourager la rénovation des « passoires thermiques ». Elisabeth Borne, nouvelle ministre de la Transition écologique vient d’en ajouter un de plus : le service d’accompagnement pour la rénovation énergétique (Sare).
Selon Elisabeth Borne, les bâtiments tels que les habitations et les petits locaux tertiaires privés (commerces, bureaux, restaurants, etc.) sont responsables de 25 % des gaz à effets de serre. Anciens et mal isolés, nombre d‘entre eux sont de véritables « passoires » thermiques où vivent 4 millions de ménages modestes.
Depuis plusieurs années, chaque ministre de la transition écologique tente de s’attaquer à la précarité énergétique. Nicolas Hulot, avait déjà fait de ce problème une priorité, quant à son successeur François de Rugy, il s’était efforcé d’apporter une touche personnelle en créant le service FAIRE (Faciliter, Accompagner et Informer pour la Rénovation Energétique).
Par le passé, le gouvernement français avait déjà créé d’autres outils visant à promouvoir et soutenir la rénovation thermique des bâtiments, comme le programme Habiter mieux de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), le Crédit d’Impôt Transition Energétique (CITE), le prêt éco-PTZ, l’éco-PLS, la TVA à taux réduit appliquée aux travaux de rénovation énergétique, et les Certificats d’Economies d’Energie (CEE).
Pourtant, en avril dernier, plusieurs ONG comme le CLERC dressaient un bilan décevant de l’action gouvernementale en la matière. « Un peu plus de six mois après la démission de Nicolas Hulot, la politique d’efficacité énergétique française est en recul » avait alors déclaré Jean-Baptiste Lebrun, directeur du CLERC en ajoutant que l’enveloppe de 650 millions allouée au programme Habiter mieux de l’Anah était “largement insuffisante”. De son côté, la directrice de l’Agence parisienne du climat, Anne Giraut, relevait que les financements de l’Ademe pour les agences locales de l’énergie et du climat, vont s’arrêter en 2020. « Un tiers de notre budget est menacé en 2021 » précisait-elle.
Alors, qu’allait faire la nouvelle ministre ? La réponse est connue depuis quelques jours : Elisabeth Borne ajoute un outil de plus à la panoplie existante en lançant le Service d’Accompagnement pour la Rénovation Energétique (SARE). A partir du 1er janvier prochain, celui-ci aura pour but « d’aider les français à se repérer et à se faire conseiller, et ainsi savoir quels travaux effectuer pour améliorer leur confort tout en réduisant leurs factures de chauffage« , explique un communiqué du gouvernement. Un budget de 200 millions lui sera alloué sur la période 2020-2024. Une somme qui servira à économiser 40 térawattheures d’énergie sur la durée de vie des bâtiments qu’elle devrait permettre de rénover.
Concrètement, le SARE aidera à cofinancer les montants engagés par les collectivités pour la réalisation de trois objectifs :
- Soutenir le déploiement d’un service d’accompagnement des citoyens : dans cette optique, le SARE contribuera aux missions d’information, de conseil et d’accompagnement des ménages, notamment la mise en place d’audits énergétiques et d’outils pour systématiser cet accompagnement et massifier la communication.
- Créer une dynamique territoriale autour de la rénovation : les actions de sensibilisation et de mobilisation des professionnels et acteurs de la rénovation énergétique des logements pourront également être cofinancées.
- Soutenir le déploiement d’un service de conseil aux petits âtiments tertiaires privés. Les propriétaires de ceux-ci pourront disposer du même guichet d’information et de conseil de proximité.
Ce programme s’inscrit dans le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) jusqu’au 31 décembre 2024. Il est donc cofinancé par les opérateurs « obligés », c’est-à-dire les vendeurs d’électricité et de gaz (au-delà d’un certain seuil annuel en GWh), de fioul domestique et de carburants. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) lancera un appel aux obligés pour se porter candidat au financement du programme.
Selon la note du gouvernement, l’enveloppe de 200 millions d’euros couvrira jusqu’à 50% des coûts, le reste étant cofinancé par les collectivités. Par la signature d’une convention, celles-ci pourront adhérer volontairement à ce programme en tant que porteurs associés. Les préfets seront chargés dans chaque région d’organiser des concertations associant les acteurs territoriaux.
Une question nous vient toutefois à l’esprit : les français précarisés vivant dans ces « passoires énergétiques », s’y retrouvent-ils dans ce dédale d’aides, de soutiens et de subsides divers et compliqués ? Si le nouveau programme d’Elisabeth Borne peut y répondre, tant mieux. Mais nous avons comme un doute …
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Pour les ménages précaire, il faut pouvoir sortir l’argent et m^me avec des aides le reste à charges reste énorme pour eux. Il faut généraliser les dispositifs qui consistent à prendre en charge tous les travaux par une entité qui est ensuite remboursé par un loyer par l’occupant. L’économie en charge générée par l’isolation permet de proposer un loyer qui est inférieur au loyer précédent. Le locataire paye moins ou le propriétaire occupant voit ses charges diminuer, sans parler du confort acquis. Mais pour que ça marche il faut UN GUICHET UNIQUE qui soit capable de tout regrouper (les diverses… Lire plus »
Il me semble que pour inciter au changement, il n’y a pas beaucoup d’alternatives à « la carotte et au bâton ». En tout cas en démocratie… Les aides, c’est pour la carotte. Et pour le bâton, je verrai bien une modification de la taxe foncière pour que le critère environnemental soit pris en compte, avec une feuille de route sur 5 ans. Sans oublier la pédagogie: les taxes, c’est pas juste pour faire ch… les gens !