Le gouvernement s’attèle à la protection de l’industrie photovoltaïque française. « Enfin », pourrions-nous dire, après les difficultés rencontrées par la filière au cours de la dernière décennie, où les acteurs nationaux et européens ont été mis à rude épreuve par la concurrence internationale. Parmi les outils proposés, la création de labels « Made in France » et « Made in Europe » dans le cadre d’un pacte solaire de réindustrialisation.
C’est bien la Chine qui a gagné la première manche de la guerre commerciale mondiale qui s’est jouée pour la suprématie de la production des panneaux photovoltaïques et de leurs composants. Et l’Europe aussi bien que les États-Unis l’ont perdue. Ce graphique de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) l’illustre bien :
La part de l’Europe et des États-Unis dans la production n’a cessé de diminuer depuis 2010 jusqu’à se réduire à peau de chagrin à partir de 2020. Pendant ce temps, la part de la Chine dépasse 80 %, et ce, dans toutes les étapes de fabrication des panneaux solaires (polysilicium, lingots, plaquettes, cellules et modules). Cette suprématie chinoise n’est pas le fruit du hasard : d’après l’AIE, la Chine a investi plus de 50 milliards de dollars depuis 2011 dans les capacités de production photovoltaïque, soit 10 fois plus que l’Europe réunie. Difficile de contester l’écrasante victoire chinoise en la matière.
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Toutefois, à la suite de l’électrochoc de la crise sanitaire et des divers manques, pénuries, et dépendances avérées ces deux dernières années, les notions de souveraineté et de réindustrialisation ont repris du terrain, partout dans le monde. Et ces notions s’appliquent de même à la production de panneaux photovoltaïques, et plus généralement, aux technologies dites « propres ». Difficile, en effet, de prétendre à l’indépendance énergétique par des panneaux photovoltaïques si ces mêmes panneaux sont fabriqués très loin à l’étranger.
Ainsi, le 16 mai 2023, Bruno Le maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique annonce le lancement du projet de loi dite « Industrie Verte ». Ce projet de loi fait le constat, d’une part, de la désindustrialisation de la France (est cité notamment la perte de 2,5 millions d’emplois dans l’industrie), et d’autre part, le fait que le développement de l’industrie verte fait l’objet d’investissement massifs au niveau international, aussi bien en Chine qu’aux États-Unis. Il importe de ne pas manquer le départ de la prochaine manche pour l’industrie photovoltaïque.
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Leurs travaux regroupant les acteurs du secteur ont débuté en début d’année, et ils sont invités à remettre leurs conclusions pour septembre 2023. Les propositions concernent l’ensemble du secteur (solaire, éolien terrestre et en mer, géothermie, chaleur renouvelable, réseau…), et parmi elles a été annoncée un « pacte solaire ». Ce pacte vise à formaliser une vision commune de l’État et des acteurs économiques et à établir une charte d’engagement sur le « contenu local » visant à augmenter la part de la valeur ajoutée et des emplois effectués sur le territoire national.
Mesure phare particulièrement remarquée des observateurs, sera également créé un label du solaire made in France et made in Europe. Ce label vise à guider les consommateurs vers les acteurs qui mettent réellement en place une démarche d’emploi local et de valeur ajoutée française et européenne.
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Le gouvernement n’explique toutefois pas en détail ce que contiendra ce label, et en particulier la manière dont il permettra concrètement de réduire les importations de pays à coûts de production nettement plus faibles. Toutefois, l’on ne peut reprocher la prise au sérieux du gouvernement sur ce qui s’annonce comme la prochaine manche de la guerre commerciale sur les panneaux photovoltaïques, et plus généralement des industries « propres ».
Rappelons-nous que la bataille promet d’être âpre. La dernière fois que l’Union européenne avait lancé, en 2012, une enquête anti-dumping envers les panneaux photovoltaïques chinois, la Chine avait mis en œuvre des représailles… sur le vin français, représailles qui avaient fait beaucoup de remous. La Chine avait bien manœuvré en ciblant presque uniquement la France, dans l’objectif de diviser l’Europe. Pas simple, en effet pour le gouvernement français, de choisir entre les intérêts des producteurs de vin français et ceux des producteurs de panneaux photovoltaïques français…
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Les acteurs Européens continueront d’être mis à rude épreuve, et avec eux leurs salariés, tant que le pouvoir politique tolèrera que les autres pays du monde, peuvent concurrencer nos entreprises en fabriquant les produits qu’ils nous vendent avec du charbon, du gaz ou du pétrole .Des pesticides et d’autres pratiques ou produits interdits chez nous ? Qu’ils peuvent payer leurs salariés avec moins que rien, et faire travailler des enfants ou des adultes sans avoir défini auparavant une rémunération et un temps de travail universel ?. Voilà ce qu’on demande aux politiques, si l’on veut avoir un réel impact sur… Lire plus »
Pour l’instant c’est comme d’habitude, juste des annonces, il faut attendre kes actes pour juger.
Si au final il n’y a qu’un label, ça ne servira pas a grand chose.
Un label est une bonne chose.
Une agressivité commerciale serait également souhaitable : inexistant dans le cas du français Photowatt International, dont même la maison-mère EDF achète des panneaux PV en Asie, un comble.
Et une obligation en ce qui concerne les marchés publics serait la moindre des choses.
Mais pour cela, il faudrait du courage politique.