À partir de 2030 commencera le vaste chantier de démantèlement du réseau téléphonique cuivre, rendant ainsi potentiellement disponible près d’un million de tonnes de cuivre. Et si cette gigantesque quantité du métal rouge servait à la transition énergétique de notre pays ?
Une page va bientôt se tourner. Après plus d’un demi-siècle de bons et loyaux services, le réseau cuivre, massivement installé dans les années 1970, va tirer sa révérence. La raison : des coûts de maintenance très élevés ainsi que le déploiement de la fibre optique qui permet des vitesses de connexion bien plus élevées.
Une fois le réseau définitivement fermé à l’horizon 2030, Orange devrait entamer son démantèlement. Et il y a du travail ! Le réseau compte, en effet, pas moins de 110 millions de kilomètres de paires de cuivre, réparties entre des lignes aériennes et des lignes souterraines. Ce chantier titanesque pourrait être une aubaine financière pour Orange. Selon La Tribune, à raison de 8,96 kg de cuivre par kilomètre de paire de cuivre, le réseau pourrait contenir pas moins de 985 000 tonnes de cuivre, pour un montant estimé à 8,8 milliards d’euros. Cette quantité colossale pourrait bien être un atout précieux pour la transition énergétique française.
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Le cuivre est, en effet, un matériau indispensable pour notre transition énergétique, notamment grâce à ses excellentes propriétés de conductivité électrique et thermique. On le retrouve dans les voitures électriques, mais aussi les panneaux photovoltaïques ou encore les éoliennes. On estime par exemple qu’un parc éolien terrestre nécessite 3,5 tonnes de cuivre par MW installé. Pour les parcs offshore, ce chiffre grimpe à 9,5 tonnes de cuivre par MW de puissance.
Si les réserves mondiales de cuivre sont encore importantes, la production, qui était de presque 20 millions de tonnes en 2018, peine à suivre la demande en hausse constante. Dans ce cadre, le recyclage du réseau d’Orange pourrait permettre à la France de se protéger d’éventuelles pénuries. Les 985 000 tonnes du réseau représentent en effet l’équivalent de 11 millions de batteries de voitures électriques ou 200 000 éoliennes terrestres de 3 MW.
À lire aussi Non, l’extraction des minéraux pour les énergies renouvelables ne menace pas des millions de km²La difficile valorisation des câbles téléphoniques
Valoriser les câbles de ce réseau s’annonce néanmoins complexe. De nombreuses problématiques techniques et environnementales devront être résolues avant que l’on retrouve nos câbles téléphoniques dans la nacelle d’une éolienne ou dans l’échangeur thermique d’un panneau solaire. Le cuivre est un matériau recyclable à l’infini, ne perdant aucune de ses propriétés électriques et mécaniques. Selon la Copper Alliance, plus de 8 millions de tonnes de cuivre est recyclé chaque année. Le recyclage a l’avantage de permettre 84 à 88% d’économies d’énergie par rapport à sa production initiale.
En revanche, le démantèlement du réseau pose des questions. Si Orange devrait, en toute logique, déposer toutes les lignes aériennes, il pourrait en être autrement de la partie souterraine du réseau. L’opérateur précisait ainsi à La Tribune que « la dépose du réseau enterré devra être étudiée selon les spécificités et ses possibles impacts sur l’environnement ». En d’autres termes, dans certains cas de figure, la dépose des câbles pourrait avoir un plus gros impact sur l’environnement, que de le laisser en place. Orange devra donc analyser l’impact carbone d’une opération de dépose de ces câbles et la mettre en perspective avec leurs potentiels effets à long terme s’ils sont laissés dans le sol.
À lire aussi Dans les coulisses d’une usine de recyclage de panneaux solairesUne fois les câbles déposés, le cuivre devra être séparé de son revêtement par un processus de granulation. Cette technique consiste à broyer les câbles pour en faire des granulés, puis à séparer physiquement les particules PVC des particules de cuivre. Pour cela, c’est le procédé de séparation gravimétrique qui est généralement utilisé : les particules sont soumises à des forces gravitationnelles différenciées grâce, par exemple, à l’utilisation d’une table à secousse. Le cuivre, plus lourd, aura tendance à se positionner sous le plastique. Au terme de ces étapes, les granules de cuivre pourront de nouveau être fondues pour servir à la fabrication de nouvelles pièces.