Pour remplacer une chaudière à gaz ou fioul, de plus en plus de particuliers optent pour une pompe à chaleur ou une chaudière à granulés de bois. Également appelée « chaudière à pellets », elle possède certains avantages. Mais attention à l’installer dans les règles de l’art. Voici notre tutoriel, rédigé par un installateur spécialisé.
Issus des résidus de scierie, les pellets permettent d’alimenter des chaudières, en remplacement d’un modèle au fioul ou gaz. Le pellet est considéré comme une énergie renouvelable, avec un bilan carbone neutre, qui varie toutefois en fonction de l’origine et de la qualité du bois, du lieu de fabrication, du transport et de la combustion dans la chaudière. Le prix des pellets a connu une forte hausse en 2022, mais il reste compétitif, car le prix des autres énergies sur le marché a également augmenté.
⚠️ Important : vous devez avoir de bonnes compétences en plomberie et en fumisterie avant de vous lancer dans l’installation d’une chaudière à pellets. L’installation d’une chaudière à granulés est complexe et peut représenter un danger si elle est mal réalisée. Il faut mesurer l’avantage de la réaliser par soi-même. En passant par un professionnel RGE Qualibois, vous avez l’assurance d’une bonne réalisation et l’accès aux subventions, dans le cadre du dispositif « Ma Prime Renov’ », en fonction de vos revenus fiscaux. D’autres aides et financements sont également disponibles.
À lire aussi Il fabrique sa propre centrale hydroélectrique et dit adieu à EDF1 – Choisir la chaudière et le matériel
Le choix de la chaudière se fait en fonction de la superficie de la maison à chauffer et de la place que l’on peut consacrer à l’installation. En effet, la puissance à produire détermine la taille et la gestion de la chaudière.
• Pour une grande maison
Une habitation vaste nécessite une puissance conséquente. Si un local chaufferie important est disponible, le choix se porte sur une chaudière à granulés avec une alimentation automatique, par aspiration, associé à un silo de stockage de gros volumes. Son remplissage, dit « en vrac », permet d’avoir un volume annuel, avec une ou deux livraisons par an, effectuées par un camion souffleur. Le prix du vrac est moins cher, mais l’installation est plus conséquente. Le niveau sonore de l’aspiration et du fonctionnement de la chaudière est notable. Il est préférable de placer la chaudière et le silo dans un espace bien séparé des zones de vie.
• Pour une maison moyenne
Une maison de moyenne superficie nécessite une puissance plus faible. L’espace de la chaufferie est réduit et se trouve souvent au sous-sol.
Le choix se porte sur une chaudière à granulés avec un petit silo juxtaposé, permettant le remplissage d’environ une semaine de consommation. Il faut veiller au remplissage du silo manuellement, en fonction de sa consommation, variable d’une semaine à l’autre. Le combustible doit être stocké dans un espace sec, en empilant les sacs de 15 kilos à proximité du silo de la chaudière. Le bruit de la chaudière est moindre qu’avec un système d’aspiration. La chaudière peut s’implanter en remplacement de votre chaudière à fioul/gaz, même si celle-ci est au sous-sol.
Dans ce tutoriel, nous développons la version pour maison moyenne.
→ La chaudière existante à remplacer doit posséder un conduit d’évacuation de la fumée aux normes.
→ La surface au sol doit être stable et solide pour supporter le poids de la chaudière à granulés, de l’ordre de 500 à 600 kilos avec le silo juxtaposé.
• Le matériel nécessaire
→ Une chaudière à granulés à alimentation par vis, avec la régulation et commande.
→ Un ensemble de départ hydraulique pour le circuit de chauffage.
→ Un ensemble hydraulique pour le maintien des températures de retour.
→ Un ballon tampon de 300 à 500 litres, selon vos besoins.
→ Un ensemble de raccordement de fumisterie en inox.
→ Les notices de montage et de mise en service.
NB : Les chaudières à pellets sont également compatibles pour produire de l’eau chaude sanitaire. Il faut pour cela ajouter un préparateur sanitaire.
À lire aussi Comment construire une centrale solaire au sol sans faire appel à un professionnel ?2 – Réaliser les travaux
• Les étapes préalables
→ Vidanger le circuit de chauffage en totalité.
→ Déposer la chaudière existante et ses accessoires.
→ Repérer l’aller et le retour du circuit de chauffage.
→ Conserver l’alimentation électrique existante.
→ Vérifier l’aération du local et l’améliorer si nécessaire. Une chaudière à granulés a besoin dans grand volume d’air pour assurer une bonne combustion. Une amenée d’air extérieur, à proximité de la chaudière est un élément important. Une ventilation haute permet une aération du local, car la combustion du bois peut dégager des odeurs plus ou moins agréables.
• Le conduit de fumée
→ Si la chaudière d’origine est au fioul
Elle est raccordée dans un conduit maçonné, avec un tubage inox. Si la section du tubage inox est conforme à la section de la chaudière à granulés, il est possible de réutiliser le tubage existant, avec un ramonage préalable. En cas d’absence de tubage, il faut gainer le conduit avec un tubage inox simple peau.
→ Si la chaudière d’origine est au gaz
Si un tubage est existant, il faut vérifier que le tubage est en inox. Beaucoup de chaudières à gaz ont un tubage en aluminium. Dans ce cas, il faut remplacer le tubage alu, par un modèle en inox, avec une section appropriée à la chaudière à granulés. En cas d’absence, il faut gainer avec un tubage inox.
Pourquoi un tubage approprié est très important ?
Le tubage permet de rendre le conduit le plus étanche possible, pour améliorer sa performance en termes de tirage. Une chaudière pellets a des températures de fumées relativement basses. Un conduit étanche est crucial pour minimiser les risques de condensation interne. La chaudière à granulés produit de la suie très fine, injectée dans le conduit par un ventilateur interne, servant à l’évacuation des produits de combustion. Si le conduit est peu étanche, le refroidissement sur sa longueur entraîne une condensation interne. Le mélange d’eau et de suie est désastreux : il provoque l’obturation des conduits.
Un conduit parfaitement étanche permet d’éviter la pollution du local par des particules de suie. Enfin, il est plus facile de ramoner un conduit tubé pour l’entretien annuel. Si de la condensation est constatée avec la chaudière actuelle, ou si votre conduit est en contact avec l’extérieur, il est conseillé de prévoir un tubage avec un isolant intégré. Cela permet de conserver une température constante aux conduits, améliorant le tirage et minimiser le problème de condensation.
NB : Il est important de commencer par le conduit. Un tubage est facile à réaliser lorsque la place est nette. On peut ainsi positionner la chaudière, en fonction des tuyaux conduit/chaudière, à raccorder au tubage.
Un tube de tirage à gauche et départ fumée à droite. / Images : PG – RE.
→ Les conduits de raccordement
Les tuyaux de raccordement ont des emboîtements mâle/femelle et un sens des passages de fumées. Ils sont le plus court possible et avec un coude à 90° maximum. Ils sont facilement démontables pour l’entretien. Il est obligatoire de prévoir un té de raccordement à la base du tubage. Il est obligatoire de mettre un modérateur de tirage, entre le départ chaudière et le tubage.
• Positionnement de la chaudière
Le tubage est en place. Il faut désormais placer la chaudière à l’emplacement prévu.
→ Vérifier l’ajustement des conduits de raccordement entre le tubage et votre chaudière, pour avoir un démontage aisé, lors des entretiens.
→ Vérifier que l’espace autour de la chaudière est suffisant pour l’entretien et l’accès aux composants.
• Positionnement du ballon tampon
→ Mettre le ballon tampon à proximité de la chaudière, en veillant à l’accès de l’ensemble des connexions hydrauliques.
NB : Il est souvent spécifié qu’il n’est pas indispensable d’installer un ballon tampon, par le fait que les chaudières à granulés sont modulantes. L’avantage d’un ballon tampon est pourtant indéniable en termes de combustion, en augmentant la durée de fonctionnement de la chaudière à plein régime. Une chaudière à granulés reste une chaudière à bois et un feu vif permet de brûler efficacement cette énergie. D’autre part, les cycles d’allumage et d’arrêt d’une chaudière à granulés sont relativement longs. Pendant ces cycles, le balayage du foyer est permanent avec le ventilateur extracteur des fumées, entraînant un rejet de calories important à l’extérieur. Grâce au ballon tampon, on réduit le nombre d’allumages et les déperditions de la chaudière, en améliorant le rendement global annuel.
• Raccordement du module hydraulique
Le module hydraulique de distribution est un ensemble, comprenant les composants pour distribuer la chaleur sur votre réseau. Il est composé des éléments suivants :
→ Un circulateur de chauffage.
→ Une vanne de mélange 3 voies avec son moteur de régulation.
→ Des Vannes d’isolement aller et retour.
→ Des thermomètres aller et retour.
→ Une sonde de température de départ.
Le montage s’effectue entre le réseau et le ballon tampon en respectant l’aller et le retour, avec des tubes de sections appropriées.
Un module hydraulique et ses soupapes (à droite) / Images : PG – RE.
• Raccordement du module de maintien de la température de retour
Le module « maintien température de retour » est un ensemble comprenant les composants pour protéger votre chaudière. Il est composé des éléments suivants :
→ Un circulateur de transfert.
→ Une tête thermostatique réglable de 50 à 60 °C.
→ Des vannes d’isolement aller et retour.
→ des thermomètres aller et retour.
Le montage s’effectue entre la chaudière et le ballon tampon, en respectant l’aller et le retour, avec des tubes de sections appropriées.
NB : le module maintien température de retour est un élément de sécurité pour accroître la longévité de votre chaudière. Il permet de transférer la chaleur au ballon tampon seulement si la température de retour de la chaudière est égale ou supérieure à 50 °C. On évite ainsi le point de rosée interne qui se produit dans les corps de chauffe, lorsqu’il y a un écart important entre le départ et le retour. (Exemple 60 / 30 °C). On réduit ainsi fortement le risque de percement, la condensation du point de rosée étant corrosive. Si l’on ne met pas de ballon tampon en place, il existe des modules 2 en 1, gérant température de retour chaudière et départ chauffage.
• Raccordement des éléments de sécurité hydraulique
Les éléments de sécurité hydraulique sont composés des équipements suivants :
→ Le vase d’expansion chauffage.
→ La soupape de sécurité 3 bars.
→ Le purgeur automatique ou manuel départ circuit.
Le montage s’effectue entre la chaudière et le module de maintien température de retour. Aucune vanne ne doit s’interposer entre ces éléments et la chaudière.
NB : il est fréquent de mettre une vanne d’arrêt sur le vase d’expansion, pour les besoins éventuels de remplacement. Dans ce cas, il est obligatoire de retirer la manette de commande de la vanne, en la laissant en position ouverte, pour éviter toute erreur future de manipulation.
La taille du vase d’expansion est différente en fonction de la présence où l’absence d’un ballon tampon. Le dimensionnement d’un vase expansion doit répondre à 3 critères :
→ La température de service maxi.
→ La pression du circuit et de gonflage du vase.
→ La capacité en eau de l’installation.
• Raccordement des éléments de régulation
La plupart des chaudières à granulés ont une régulation climatique. Elle est composée des éléments suivants :
→ Un module électronique de raccordement interne à la chaudière.
→ Une sonde de température extérieure.
→ Une sonde avec commande à distance dans l’ambiance.
→ Les sondes de gestion ballon tampon.
→ La sonde de température départ circuit chauffage.
La régulation adapte la température du circuit chauffage en fonction de la température extérieure et de la température ambiante demandée, selon une courbe de chauffage. Elle gère également le démarrage, la température de retour et la température de stockage du ballon tampon. Elle est souvent couplée à une connexion internet en WiFi, pour une commande avec smartphone, en option.
NB : des robinets thermostatiques sont fréquemment installés sur les radiateurs. Toutefois, il faut éviter d’en mettre systématiquement, car si les robinets thermostatiques peuvent être utiles, leur généralisation a parfois des conséquences néfastes sur le bon fonctionnement d’une régulation climatique.
• Raccordement électrique au réseau
La chaudière est à raccorder sur l’installation existante, prise ou interrupteur de commande. S’assurer que la protection disjoncteur est de 10/16 A, avec en amont, un interrupteur différentiel 30 mA.
À lire aussi Comment installer soi-même des panneaux solaires aérovoltaïques ?3 – Mettre en service sa chaudière à pellets
→ Remplir le silo de granulés.
→ Remplir en eau votre installation et purger totalement les réseaux.
→ Suivre la check-list fournie avec la chaudière, qui permet de ne rien oublier. La check-list reprend l’ensemble des éléments de l’installation et elle permet de valider qu’ils sont correctement raccordés. À la mise sous tension, un menu de mise en service est disponible, pour programmer la chaudière en fonction des besoins et des composants (exemple : présence ou pas de ballon tampon).
Le processus d’allumage est le suivant :
→ Pré-ventilation de la chaudière et du conduit.
→ Alimentation en granulés du brûleur.
→ Allumage des granulés avec la bougie.
→ Combustion des granulés selon la demande.
NB : Le processus d’allumage d’une chaudière à granulés est long, car celle-ci contrôle toutes les sécurités, pour un parfait allumage du combustible.
Entreposages de sacs de pellets (à gauche) et écran de contrôle de la chaudière (à droite) / Images : PG – RE.
4 – Entretenir sa chaudière à pellets
Les chaudières à granulés sont entièrement automatiques, il est nécessaire de vider les cendriers de manière régulière, à la main. Le nettoyage automatique des départs de fumée est conséquent et peut surprendre, avant et après chaque arrêt de la chaudière. Une programmation permet d’éviter qu’ils interviennent la nuit, si nécessaire. Il est obligatoire de faire un nettoyage complet de la chaudière tous les ans ou tous les 6 mois selon son temps de fonctionnement. L’entretien comprend :
→ Le nettoyage du brûleur et du pot de combustion.
→ Le démontage des turbulateurs et le nettoyage des chicanes.
→ Le démontage et le nettoyage des tuyaux de raccordement de fumée.
→ Les suies sèches et fines sont à aspirer. Une très grosse quantité, avec une présence de granulés imbrûlés, doit vous alerter sur un mauvais réglage de la combustion des pellets.
→ Une chaudière à pellets est un générateur à combustion bois, le ramonage annuel du conduit est obligatoire, selon le Code des assurances.
Coût de l’installation
Le coût moyen d’une installation de chaudière à pellets est en moyenne de 20 000 € TTC, lorsque réalisé par un professionnel, selon l’ADEME. Il est variable en fonction du matériel choisi et de la complexité de l’installation. C’est un projet à mûrir en amont, car il faut plusieurs jours de réalisation, en étant un bricoleur expert. En le réalisant par soi-même, on réduit fortement le temps de retour sur investissement, notamment si l’on est peu ou pas éligible aux subventions.
NB : Il est important de comparer en fonction des revenus, s’il est ou non intéressant de réaliser l’installation soi-même. En effet, des subventions conséquentes sont disponibles en fonction des ressources. Il peut être préférable de la faire poser par un professionnel RGE Qualibois. Si tel est le cas, il faut mettre en concurrence plusieurs chauffagistes, pour obtenir le meilleur rapport qualité/prix. L’entretien régulier n’est pas à négliger et il faut s’assurer que le fabricant choisi dispose d’une notoriété et d’un SAV conséquent sur votre secteur.