Désert, terrain abandonné, haute montagne et même espace… il suffit parfois qu’une zone soit très vaste pour que son potentiel à accueillir un grand projet solaire soit considéré. Mais a-t-on déjà pensé à ces espaces non bâtis s’étendant sur des milliers de mètres carrés dans les aérodromes ? Et si ces lieux pouvaient être exploités en faveur de la transition énergétique ?
L’utilisation d’aéronefs bas-carbone n’est toujours pas pour demain. En attendant la mise au point des nouvelles technologies de propulsion et des carburants durables, des opérations sur le sol pourraient être engagées pour sortir progressivement des énergies fossiles. Une telle initiative ne représente qu’un infime pourcentage de l’effort nécessaire pour atteindre un objectif bas-carbone dans la filière. Mais face à l’urgence de la transition énergétique, il importe actuellement de mobiliser tous les leviers.
Dans cette optique, on peut imaginer l’installation d’une centrale solaire au sein même d’un aéroport. L’électricité produite assurerait alors les besoins énergétiques « terrestres » tels que la climatisation des bâtiments, l’éclairage, le fonctionnement des tapis de bagages, le chauffage, etc. L’idée est d’exploiter les espaces vastes longeant les pistes et les toitures des bâtiments. Mais le niveau de sécurité étant élevé dans un aéroport, peut-on envisager ce genre de configuration ?
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Il est bel et bien envisageable d’implanter une très grande centrale solaire dans un aéroport. Celui de Berne en Suisse, par exemple, va lancer le projet BelpmoosSolar d’une puissance de 35 MWc. Ce sera la plus grande ferme solaire du pays. Longeant la piste, l’installation sera immense, puisqu’elle occupera 25 hectares avec plus de 63 000 modules installés. Elle fournira jusqu’à 35 GWh par an, avec 10 GWh produits en hiver. Sa mise en service est prévue en 2026.
On peut également citer un autre exemple : la ferme solaire de l’aéroport de Vienne-Schwechat, en Autriche. Installée à 200 mètres de la piste, l’infrastructure composée de 55 000 panneaux a une puissance de 24 MWc. Elle fournit un tiers des besoins de l’aéroport grâce aux 30 GWh produits annuellement. Mise en service l’année dernière, cette installation solaire est aussi la plus grande d’Autriche. L’opérateur du projet envisage actuellement d’étendre le projet sur sept hectares supplémentaires.
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Il faut cependant savoir que ce type de projet n’est pas forcément adapté à tous les aéroports. Une infrastructure supplémentaire dans l’enceinte ne doit, en aucun cas, perturber les mouvements entrepris dans la zone. Les conditions à respecter sont donc plus exigeantes, puisqu’il ne s’agit pas d’un simple terrain, mais d’un aérodrome, dont la conception suit évidemment des règles strictes. L’étude de faisabilité d’un tel projet implique par conséquent une importante série d’évaluations menées par des experts pluridisciplinaires.
L’un des aspects à étudier est l’emplacement de l’installation. Elle ne doit pas représenter un obstacle dans tous les scénarios extraordinaires envisageables : sortie de piste d’un avion, intervention d’urgence d’un service de sauvetage en cas d’accident, etc. Les reflets des panneaux photovoltaïques sont également analysés, car ils risquent d’éblouir les pilotes. En cas de problème, il est possible de procéder à des mesures afin de les réduire. Une installation photovoltaïque devrait aussi être compatible avec les systèmes CNS (Communication navigation et surveillance) de l’aérodrome. Les évaluations sont bien plus techniques et complexes, et ne se résument pas à ces quelques points.
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En effet l’orientation des différentes pistes selon les sites d’implantation (et orientés vers le sud), auront une importance cruciale en plus des éléments précités. Il existe plusieurs moyens d’approche d’une poste d’atterrissage plus ou moins automatisés et tous devront être considérés et dans toutes les conditions météo, de nuit etc…
Mais en s’éloignant un peu des pistes pour d’évidentes raisons, il reste des terrains où cela serait possible et donc souhaitable.