Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud rencontre de sérieux problèmes d’électricité depuis 2008. Il est touché par de fréquentes coupures de courant, à cause de la vétusté de ses centrales électriques et la situation délicate d’Eskom, la première compagnie de production et de distribution de l’électricité. Sa planche de salut : le savoir-faire des entreprises européennes pour passer au vert. Plusieurs accords de partenariat ont été signés dans ce sens.
En Afrique du Sud, la production d’électricité dépend, à plus de 88 %, du très polluant charbon. Pour cette raison, d’ailleurs, les autorités de ce pays envisagent de fermer la moitié des stations d’électricité à base de charbon, d’ici 2030. Sommé d’assurer une transition énergétique, le président Cyril Ramaphosa avait prévenu, au lendemain de sa réélection en mai 2019, que son pays était obligé de trouver 1 500 milliards de rands (81 milliards d’euros) au cours des cinq prochaines années pour financer son plan de réduction des émissions de carbone.
En 2021, les émissions de CO₂ en Afrique du Sud étaient estimées à 7,5 tonnes/an et par habitant, l’une des plus élevées du continent africain. Ce qui place ce pays au quatorzième rang mondial des pays les plus émetteurs, derrière le Brésil, mais devant l’Australie. Par ailleurs, la région de Mpumalanga, connue pour être la capitale du charbon, est irrespirable. Son air serait le plus pollué au monde, avec des niveaux records d’émission en dioxyde d’azote (NO2), selon un rapport de Greenpeace.
Une stratégie de décarbonatation insuffisante
Dans un but dissuasif, le gouvernement sud-africain avait instauré, dès juin 2019, une taxe carbone pour inciter les entreprises à limiter les rejets en CO2. Bien que soutenue par les organisations environnementales, cette initiative est jugée « insuffisante » et « peu efficace », en raison du prix dérisoire de la taxe, fixée à 120 rands (7,4 euros) par tonne de dioxyde de carbone. Plusieurs ONG, dont Greenpeace, appellent Pretoria à doubler cette taxe, tout en exhortant la communauté internationale à aider ce pays à franchir de nouvelles étapes dans sa transition énergétique.
Sur ce plan, la capacité de production hydroélectrique en Afrique du Sud reste insignifiante en comparaison à l’apport du charbon, par exemple. D’après les statistiques publiées par la banque mondiale en 2018, elle n’est que de 3 480 MW. Grevés par de longs épisodes de sécheresse, le pays dispose seulement de cinq barrages actifs : Gariep, Hartbeespoort, Sterkfontein, Vanderkloof et Vierfontein.
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L’Afrique du Sud dispose aussi d’une importante centrale nucléaire, située à Koeberg, (30 km au nord du Cap). Il s’agit de l’unique centrale nucléaire du continent africain. Construite en 1976 par un consortium d’entreprises françaises et exploitée par Eskom dès 1982, elle dispose de deux réacteurs d’une puissance de 920 MW chacun, et fournit environ 6 % de l’électricité sud-africaine. Mais sa licence d’exploitation, fixée à quarante ans, arrivera à expiration en 2024.
Contraintes de continuer à faire fonctionner la centrale au-delà de la date butoir, et faute d’alternative, les autorités du pays ont essayé de relancer les travaux en 2014, en partenariat avec la société française Framatome, pour prolonger la durée de vie la centrale jusqu’en 2044. Il s’agissait de remplacer les six générateurs de vapeur de la centrale pour 20 milliards de rands (environ 1,16 milliard d’euros). Mais un litige judiciaire avec Eskom, en 2021, a fait échouer le projet.
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Avec un faible financement, un réseau électrique au bord de l’effondrement (par manque d’entretien) et un surendettement (400 milliards de rands, soit 22 milliards d’euros), le plus grand producteur national, Eskom, a vu sa production réduite de 50 %. Cette situation oblige la compagnie à recourir au délestage systématique de la distribution de l’électricité, y compris dans la capitale, causant de sérieux dommages à l’économie.
Le pays n’a d’autres choix que de faire sa mue, notamment vers les énergies « vertes ». Un passage qui l’oblige à chercher le soutien et le savoir-faire de sociétés européennes, en signant de nombreux accords de partenariat gagnant-gagnant avec des firmes réputées dans ce domaine. Appelée au secours afin de soulager le réseau national et encourager le passage aux énergies propres, la société sud-africaine Richards Bay Minerals, filiale du groupe minier anglo-australien Rio Tinto a par exemple commandé, début 2023, une centrale photovoltaïque à la société française, Voltalia, spécialisée dans l’électricité renouvelable.
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C’est la ville de Bolobedu, dans la province du Limpopo (nord), qui accueillera cette station d’une capacité de 148 mégawatts (MW) et devant éviter des émissions de carbone estimées à 237 000 tonnes par an. Ceci équivaudrait aux rejets de carbone de 50 000 véhicules. Cette station serait opérationnelle dès 2024, selon Richards Bay Minerals.
Dans le même sillage, un autre projet solaire aussi important est en cours de réalisation, en partenariat avec Scatec, l’un des principaux fournisseurs norvégiens de solutions d’énergie renouvelable. La société commencera le développement du projet dans la ville de Kinhart dans la province du Cap Nord. Il s’agit de trois stations photovoltaïques de production et de stockage de l’électricité qui se fera dans des batteries pour une puissance de 540 MW.
Cet investissement est à 16,4 milliards de rands (890 millions d’euros), le plus gros de l’histoire de cette société norvégienne. Par ailleurs, l’Afrique du Sud a déjà une expérience dans la production d’électricité solaire, via la société Sola, qui a installé plus de 24 000 panneaux solaires mono et bifaciaux, sur une superficie de 20 hectares dans le Cap Nord.
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