« Baissez la température d’un degré et vous économiserez 7 % sur votre facture de chauffage » promettent des énergéticiens et nombre de médias. Comme si c’était une science exacte applicable à tous les Français, qui seraient en outre parfaitement immobiles devant l’envolée des prix du gaz, du fioul et de l’électricité.
Partager les expériences
Économiser l’énergie chez soi, c’est d’abord une démarche personnelle qui demande de l’adaptation, d’écouter sa maison et d’en profiter pour prendre soin de soi. Adopter la mobilité durable, c’est vivre les déplacements autrement. De la même manière, économiser l’énergie domestique, c’est vivre différemment dans son logement.
Il serait préférable que ceux qui entretiennent ce conseil sous forme d’injonction de baisser la température partagent leurs propres expériences réelles dans le domaine. C’est ce que je vous propose dans le présent article. Ça me paraît bien plus constructif, et devrait se prolonger par vos propres démarches dans les commentaires à déposer à la suite du texte.
Une maison à découvrir
Aujourd’hui, en cette fin de novembre 2022, c’est simple, si je dois baisser d’un degré la température chez moi, le thermomètre afficherait dans la cuisine moins de 13° C. Il faudrait aussi pour cela que j’ouvre la fenêtre, puisque que je n’ai pas encore démarré la chaudière. Ça, c’est mon histoire. À partir d’elle, je vous invite à écrire la vôtre, forcément très différente, sans dramatisation, ni comparaison où seraient valorisés ceux qui feraient plus ceci ou moins cela.
L’hiver 2022-2023 est pour moi très particulier. Je suis dans une nouvelle maison depuis juin dernier. Je la découvre encore dans ses points forts et dans ses faiblesses. J’ai décidé de ne pas avoir d’a priori, mais de l’écouter devant les tensions concernant la fourniture des énergies et la hausse de leurs prix.
Centenaire, ma demeure a été complètement rénovée par son propriétaire juste avant qu’il m’en remette les clés. Les pièces ont conservé une hauteur sous plafond à 3 mètres environ. Le seul ouvrant dans la cuisine est un dôme immense qui en fait l’endroit le plus frais sous des températures extérieures froides.
Chaudière au gaz
Avant la rénovation, c’est une chaudière au fioul qui était chargée de chauffer cette maison d’environ 115 m² dans laquelle je travaille aussi quotidiennement. Étant locataire, je dois composer avec la décision prise par le propriétaire en matière de chauffage. Lui-même a dû se conformer à certaines exigences. Comme la situation en zone classée du bâtiment mitoyen de trois côtés, sans jardin ni garage. Exit l’aérothermie (pompe à chaleur), par exemple.
D’où son choix d’installer une chaudière gaz à condensation neuve avec ballon intégré pour l’eau chaude sanitaire. Pouvant fonctionner avec un mélange contenant jusqu’à 20 % d’hydrogène, elle est en veilleuse depuis mon arrivée. Lorsque la température intérieure l’exigera, je la mettrai en service pour maintenir les 15° C.
En attendant, je croise les astuces pour m’en passer, en prenant bien soin de conserver une hygrométrie satisfaisante tout en veillant à ressentir du bien-être. Ce qui est facilité par le fait que je travaille sur place. Les gestes sont devenus automatiques, se traduisant par des pauses vertueuses.
15-16° C retrouvés naturellement en journée
Je me suis d’abord posé cette question : quelles sont les pièces qui refroidissent la maison, en particulier la nuit ? Il y en a 3 : la chambre sous les combles (niveau 3), la cuisine en raison du dôme de verre, et la buanderie que la chaudière réchauffera sans doute quelque peu quand elle sera en service. Dès que la nuit tombe, je vais donc fermer leurs portes pour que le reste du logement conserve au mieux une température acceptable.
À l’inverse, qu’est-ce qui fait monter le thermomètre ? Pour la cuisine, c’est principalement la confection des repas et notamment l’usage du four (électrique). Au dernier étage, ce sont les rayons du soleil sur les deux lucarnes de toit et le fait que la relative chaleur arrive des deux niveaux inférieurs.
Le plus étonnant, c’est l’impact de l’ensoleillement en façade encore en cette période de l’année, c’est-à-dire sur la fenêtre à trois battants dans la salle à manger, et celles du couloir de l’entrée, de la petite salle de bain et de la grande chambre principale. À partir de 10 h actuellement, le soleil tape dessus jusque vers 14 h 30.
Ce qui suffit à faire regrimper l’ambiance intérieure aux alentours des 16° C, même lorsqu’il ne fait pas plus de 10-12 dehors. D’où l’ouverture des fenêtres dans ces pièces quelques dizaines de minutes avant midi, mais pas simultanément afin d’éviter les courants d’air frais. Outre le fait de renouveler l’air pour la santé, elle permet de chasser l’humidité éventuelle.
Attention à l’humidité
Température et humidité jouent l’un sur l’autre. À 13° C dans la cuisine, faire la vaisselle a moins d’impact sur l’hygrométrie qu’à 17° C par exemple. Le séchage est plus lent, laissant plus de temps à l’écoulement naturel par le siphon de l’évier. L’humidité est mauvaise aussi bien pour la santé que pour l’état de la maison. Favorisant les moisissures sur les murs, elle rend aussi plus difficile et coûteux le chauffage.
Je la surveille donc avec de petits appareils disposés dans les pièces principales. Tout le second étage, comprenant aussi deux chambres, est à ce niveau stabilisé par la très efficace VMC de la salle de bains. Je n’ai jamais eu pour l’instant besoin d’y intervenir. Avec des valeurs qui restent contenues dans les 50 %, une température de 15° C sera plus supportable que 18° C à 85-90 % d’humidité dans l’air.
Pour le rez-de-chaussée et le troisième, je jongle au besoin avec deux déshumidificateurs électriques bien moins énergivores que des appareils de chauffages. Leur fonctionnement permet en outre d’augmenter la température des pièces entre 1 et 2° C. Ce qui est loin d’être négligeable en l’absence de chauffage.
La perception de la température évolue dans la journée
Nous avons tendance à programmer une température uniforme pour toute la journée, en la baissant éventuellement la nuit. Pourtant, le corps humain la perçoit de façon évolutive. Après le petit déjeuner et/ou la douche, elle pourrait presque sembler trop élevée. Mais, avant le repas du midi, on observe le plus souvent une ou plusieurs phases où elle apparaîtrait insuffisante. D’où la tentation de pousser le thermostat du radiateur.
Et pourtant il y a plus économique et meilleur pour la santé. Cannelle, sureau, gingembre, anis vert, thym, romarin, sarrasin grillé, rooibos, etc. : prendre plaisir à avaler des infusions et autres boissons aux goûts très différents est une des solutions à effet rapide pour se réchauffer. À vous de trouver celles qui vous conviendront. Personnellement, je ne me fixe pas sur une seule, mais choisis chaque fois au dernier moment, selon l’envie.
Autre chose qui fonctionne très bien aussi : sortir pour marcher à une allure dynamique pendant 15 à 30 minutes. Sur la journée, je parcours ainsi entre 2 et 4 km quotidiennement. Étant en surpoids, cette habitude prise au départ pour moins chauffer à la maison a aussi des bénéfices pour la santé, pouvant repousser le diabète, le mauvais cholestérol, les AVC et les problèmes cardiaques.
Autres astuces
Je ne vous ferai pas croire que je n’ai pas sous la main un chauffage d’appoint. J’ai investi dans un modèle à bain d’huile. Un choix discutable, c’est vrai. Mais adapté à l’utilisation que j’en fais. Pour la présente saison, je l’ai utilisé seulement 3 fois à ce jour, en soirée, 90 minutes, en le positionnant tout à côté de moi.
Autres pistes explorées avec succès : ouvrir les lucarnes de toiture en position ventilation lorsque le soleil tape dessus, fermer les volets avant un trop grand déclin de la température extérieure, limiter en soirée les activités qui génèrent de l’humidité dans la cuisine et les reporter sur le milieu de journée, cuisiner pour plusieurs jours le midi quand le soleil est présent (permet d’ouvrir le dôme et de fermer les portes pour évacuation de l’humidité à l’extérieur), effectuer les lessives tôt un matin radieux (séchage au dernier étage avec les 2 lucarnes de toiture ouvertes), etc.
J’ai aussi imaginé modifier la destination des pièces, par exemple, en migrant mon bureau à la saison froide dans celle la plus chaude naturellement. Ce qui n’a pas été vraiment nécessaire pour l’instant.
Ne pas imposer sa démarche personnelle
Je déconseille d’imposer une telle démarche à de potentiels invités ou aux autres membres qui occupent à l’année le logement. L’engagement doit s’effectuer de façon libre et concertée si plusieurs personnes vivent sous le même toit.
Dans mon cas, mes 2 enfants qui ont à peine plus de 20 ans ne résident chez moi que de façon épisodique. L’un d’eux poursuit une démarche similaire à la mienne aussi bien dans son appartement qu’en venant chez moi.
En revanche, l’autre a tendance à se focaliser sur les chiffres inscrits au thermomètre. Le recevoir sur la période hivernale implique que je mette en pause nombre de mes actions pour économiser l’énergie à la maison. Ce que je fais bien sûr sans hésiter. Idem si j’accueille des amis ou connaissances, notamment s’ils dorment à la maison.
Démarche personnelle à réfléchir
Attention à certaines fausses bonnes idées. Par exemple, couper le ballon électrique d’eau chaude. Certains modèles sont équipés d’un système anticorrosion de la cuve qui ne fonctionne que sous tension. L’inhiber risque d’accélérer la perforation du cylindre. Concernant les boissons chaudes, il est préférable d’alterner. Des produits peuvent avoir des effets négatifs sur le long terme à partir d’une certaine dose. Ainsi, une catégorie de cannelle.
Ces 2 exemples montrent qu’il est important de bien évaluer et se documenter avant de se lancer dans une action d’économie d’énergie à la maison. J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’une démarche personnelle à inventer selon son propre environnement et le degré d’implication voulu. Ce qui marche ici ne fonctionnera pas forcément dans la maison d’à côté.
Par ailleurs, certaines décisions peuvent parfois avoir de très mauvaises répercussions sur la santé. Pour ma part, je me douche à l’eau froide. Ce qui contribue à augmenter ma résistance aux basses températures ambiantes. Il y a cependant des risques mortels à la pratiquer. En particulier pour les personnes cardiaques, mais pas seulement. L’avis du médecin traitant est impératif.
J’apprécie votre approche liée à la gestion fine de votre confort. En fait le comportement compte énormément dans la performance du bâtiment, et c’est malheureusement trop souvent oublié ou mal énoncé. Pour moi il y en a 2 qui sont primordiaux : 1° Voir ses consommations énergétiques en temps réel. Cela donne immédiatement le résultat de chacun de nos efforts. Une étude suédoise, dont je ne sais pas vous donner les références maintenant atteste que de montrer en temps réel les consommations d’un logement pousse naturellement les occupants à y faire 17% d’économies. Les accompagner par des conseils non intrusifs… Lire plus »
Merci pour ces échanges. Dans le BEARN il fait très humide (80% régulièrement voire plus lors de temps pluvieux) et la température ambiante dans la maison ne peut descendre sous 18 degrés sans désagrément certain. L’idée du déshumidificateur est pertinente et je vais l’essayer. Les chambres sont à l’étage et non chauffées et portes fermées (aérés 15 min à midi), volets fermées la nuit. Avec une bonne couette il n’y aucun soucis, je mets un bonnet confortable car je suis chauve. Je dors très bien dans ces conditions, de même que mon épouse. Notre PAC air-eau a été réduite de… Lire plus »
En abaissant le taux d’humidité, les déshumidificateurs électriques permettent de diminuer en plus la sensation de froid, et donc la tentation de faire monter le thermostat. Autre bénéfice des déshumidificateurs électriques : les calories libérées par l’eau condensée (0,68 kWh/litre). Elles s’ajoutent à la consommation électrique qui se transforme intégralement en chaleur diffusée la pièce. J’ai ainsi pu mesurer une efficacité de l’ordre de 1,5 dans une pièce à 16 degrés et 60% d’humidité. Dans la salle de bain, après la douche, un extracteur d’air déverse dans la nature un air chaud et humide, donc chargé de calories… Pourquoi ne… Lire plus »
Le déshumidificateur a été la clé chez moi utiliser moins la chaudière.
Je me demande pour votre idée de récupérer les calories d’une douche avec ce dernier si le bénéfice chaleur vaut l’utilisation plus forte en watt du déshumidificateur qui serait normalement au repos sans excédent d’humidité.
Comment mesurez vous ?
Je fais la même expérience cette année dans mon appartement, je vise autour de 15 en journée et 14 la nuit.
J’ai commme dans ce cas undéshumidificateur à zéolite (pas par compresseur) efficace qui ajoute quelques degrés que J’allume avant d’arriver chez moi (pas de vmc dans l’immeuble!).
Pas un choix au départ, juste une chaudière trop bruyante qui me réveille la nuit! Je laissais au début le chauffage coupé la nuit et je chauffais en ma présence la journée avec un mini a 16-17, j’étais équipé pour la nuit en conséquence.