La Chine vient d’inaugurer le « Red Rail », un monorail suspendu qui n’a presque pas besoin d’électricité pour se déplacer. À l’heure de la sobriété, ce nouveau mode de transport semble prometteur, mais sa construction n’est pas neutre pour l’environnement.
[Article mis à jour le 16/10/22]
Au début du mois de septembre, le « Red Rail » a suscité l’étonnement des habitants de Xingguo, dans la province de Jiangxi, au sud-est de la Chine, lorsqu’il a effectué son premier voyage. Le « Red Rail » est le premier train à sustentation magnétique (« Maglev ») suspendu au monde, selon le South China Morning Post.
Contrairement à d’autres expériences comparables, il est équipé d’aimants permanents plutôt que d’électroaimants, qui lui permettent de léviter tout au long de son trajet et de se déplacer avec très peu d’énergie extérieure. Le train expérimental glisse à une hauteur de 10 mètres, accroché à une structure métallique. Il ressemble à n’importe quel autre train à sustentation magnétique, mais juste retourné : au lieu de se déplacer sur le rail, il y est suspendu, ce qui lui a valu le surnom de « train céleste ».
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L’originalité du « Red Rail » consiste à utiliser des aimants permanents riches en terres rares pour produire de manière constante une force de répulsion telle qu’elle peut déplacer un train tout entier, sans qu’il n’y ait de contact physique avec le rail. Le champ magnétique créé par les aimants permet au train de se mouvoir sans aucune friction ni frottement. Une modeste quantité d’électricité reste bien sûr nécessaire pour atteindre la vitesse voulue et pour freiner le train, qui doit seulement affronter la résistance aérodynamique.
Lors d’un premier test, les deux compartiments du train ont parcouru une longueur de 800 mètres à 80 km/h, avec 80 passagers à bord.
La deuxième phase de test qui attend le « Red Rail » lui fera parcourir une distance de 7,5 km à une vitesse maximale de 120 km/h, soit bien plus que celle d’un métro.
Exclusivement Made in China
Cette technologie, d’apparence prometteuse, n’est actuellement possible qu’en Chine. Le pays est en effet le premier producteur mondial de terres rares. Le pays dispose de 40% des réserves mondiales connues en éléments rares. De nombreux gisements sont donc exploités dans d’autres régions du monde (États-Unis, Australie, Suède, Brésil, Vietnam, Russie, Burundi, etc.)
Mais la supériorité chinoise dans l’exploitation des terres rares est telle que seules six entreprises appartenant à l’État chinois sont à l’origine de 85% des terres rares produites dans le monde en 2020. Le néodyme, le cérium et le lanthane constituent à eux seuls 85% des terres rares extraites.
Cette nouvelle technologie Maglev présente plusieurs avantages : elle génère un rayonnement électromagnétique faible autour du train – contrairement aux électroaimants classiques – et son coût est d’environ un dixième de celui de la construction d’un métro. La Chine mène des recherches depuis plusieurs années sur les trains Maglev à aimants permanents, à partir de terres rares. Le pays soutient plusieurs projets de recherche depuis 2001.
Et même si c’est l’Allemagne qui nous a surpris en transportant des passagers à bord d’un train à sustentation magnétique en 1979, c’est la Chine qui a présenté en juillet 2021 un prototype de train pouvant atteindre la vitesse de 620 km/h. Pékin a vite rattrapé son retard et s’impose aujourd’hui comme le leader mondial dans le secteur de la technologie Maglev.
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Plusieurs pays, tels que le Japon et l’Allemagne, développent d’ambitieux programmes de recherche en matière de trains à sustentation magnétique. Mais les coûts élevés et l’incompatibilité avec les réseaux ferroviaires existants représentent des écueils sérieux. De plus, si le bilan énergétique de la technologie Maglev est positif à l’usage, c’est surtout en amont de la construction que le bilan environnemental est moins rose… ou plutôt moins vert.
Polluants à l’extraction, soumis à un processus de transformation énergivore, impactant fortement les nappes phréatiques et les cours d’eau, les terres rares sont sujettes à forte polémique dès qu’il est question de leur empreinte environnementale. C’est probablement ce dernier aspect qui constitue l’obstacle majeur à un développement rapide de la technologie.
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En ce qui concerne les besoins en électricité du Red Rail pour se déplacer et pour freiner, l’article a fait l’objet d’une correction afin de clarifier les choses. Nous savons tous que tout moyen de locomotion a besoin d’énergie pour se déplacer. Nous sommes désolés si la première version de l’article a jeté une ambiguïté par rapport à cette loi pourtant universelle de la physique
Bonjour, Il y a au moins 3 points auquel j’aurais aimé une réponse ou un approfondissement : 1) Concernant les terres rares, je croyais qu’on pouvait les remplacer au moins dans les moteurs par des matériaux plus courants -c’est le cas de le dire. Est-ce qu’ici ce serait totalement impossible ? ou juste un peu plus lourd ? 2) Il serait intéressant de donner un ordre de grandeur de la part d’énergie perdue par frottement de l’air et par frottement des éléments roulants, pour un train lancé à 120 km/h. Dans mon esprit, totalement intuitivement, cela doit représenter un bon… Lire plus »
Un train sur roues en acier qui roule sur des rails en acier ne nécessite aucune énergie pour sa sustentation! Idem… Alors certes, les roulements représentent un peu de frottement, mais c’est relativement peanuts par rapport à l’énergie qu’il faut consommer pour mettre le train en branle et maintenir sa vitesse.
Donc tout ça est bien beau, mais c’est surtout du bling-bling. Le réseau ferroviaire chinois se développe avant tout avec des trains rapides chinois qui ont copié les technologies françaises, allemandes et japonaises….
D’habitude les articles sont pas mal ici mais là pour une fois je commente parceque celui-ci est complètement pété !! 1/ même si les aimants aident à éliminer les frottements il en reste sans compter d autres forces comme la gravité. Donc il faut bien de l énergie ne serait-ce que pour la poussée initiale. 2/ c’est quoi cette emphase sur les terres rares ? C’est pour le référencement ? Ça devient risible là… Ah quand c’est pour les éoliennes ça ne pose pas de souci mais quand c’est pour du maglev chinois attention !
Faîtes attention à votre crédibilité…
Merci pour votre vigilance, nous l’avons mis à jour.
Bruno, il est quand même dommage que votre article ne réponde pas à la question qu’il pose dans son titre…
Non aurait été une réponse simple et claire, car, au delà de ce que vous évoquez concernant la production des aimants utilisés pour faire léviter le train, il faut bien une source d’énergie pour le faire avancer et compenser les pertes aérodynamiques…
Le titre « se déplace-t’il vraiment sans aucune source d’énergie » est une figure de rhétorique pour dire qu’il lui faut en réalité très peu d’énergie pour se déplacer. Vu qu’il n’y a pas de friction mécanique, un déplacement à basse vitesse ne consommerait qu’une très faible quantité d’électricité. Mais tout le monde aura compris qu’il lui faut de l’énergie pour atteindre 120 km/h, ainsi que pour freiner.
Bonjour, je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites: « Mais tout le monde aura compris qu’il lui faut de l’énergie pour atteindre 120 km/h, ainsi que pour freiner. »
Étant docteur en électronique, je savais que le titre était faux, mais pas tout le monde le comprendra. J’attendais de voir site, que je trouve bien, au moin une phrase disant qu’il fallait de l’énergie pour avancer et freiner.
Il y a tellement de personnes qui croient au mouvement perpétuelle et à l’énergie gratuite.
L article est inexact. Il ne nécessite pas d électricité pour la suspension magnétique grâce aux aimants permanents mais il en nécessite pour pouvoir accélérer ou même maintenir sa vitesse car il subit tout de même la traînée aérodynamique (et même une très faible friction magnétique)
Merci pour votre vigilance, nous l’avons mis à jour.
Pour la sustentation, je comprends mais comment accélère et freine-t-il ? Mystère !!!